Antigua et Barbuda, c’était pour nous synonyme d’iles pour milliardaires américains, de villas en bord de plages et de mégayachts aux chromes rutilants. Cette réputation allait-elle est balayée et allions-nous être surpris par d’autres vues ?


L’avantage en ayant le temps, c’est qu’on ne loupe aucune occasion de lâcher la pioche et d’aller voir au-delà des cocotiers.


Afin de retrouver nos amis de JAD à Five Islands, nous avons découvert Antigua dans le sens des aiguilles d'une montre et à l'heure où je boucle ce billet, nous avons lâché l'ancre à Long Island, petite île quasi privée, au nord-est d'Antigua, et les prochaines escales sont déjà notées, semble-t-il les plus belles.

Beaucoup de baies cachent derrière leur plages de sables blanc, des lagunes d'eau saumâtres ou salées. Pas ou peu exploitées, c'est le royaume des oiseaux et des poissons qui viennent y frayer, c'est aussi le repaire des moustiques aussi ne faut-il pas trop s'y attarder après le coucher du soleil. Quelques égarés arrivent quelques fois jusqu'au mouillage, mais sont assassinés sans état-d'âme.


Découverte, comme beaucoup d’autres iles de l’arc antillais, en 1493 par C Colomb, Antigua fut abandonnée aux Anglais en 1632, les français ne l’ayant pas voulu, vu le manque cruel d’eau et des grandes difficultés de développement agricole ou d’élevage. Cependant, sa position stratégique au nord de la Guadeloupe en faisait une base militaire de premier ordre.



Sa côte au vent bénéficie d’abris naturels excellents. Le plus abrité, English Arbour, a abrité les navires de l’amiral Rodney (dont nous avions déjà rencontré l’histoire à Ste Lucie), et à partir de 1784 celles du célèbre Amiral Nelson, redouté des Français. Tout autour de l’ile et au cœur des terres, subsistent des constructions militaires, ruines abandonnées ou restaurées, réutilisées à des fins touristiques et mises en valeur.

C’est sur une ambiance fin d’été, et dans un refrain de « sur la plage abandonnée… » que nous découvrons Antigua, le temps est très orageux et alterne avec grand beau temps et grains violents. C’est donc programme visites, baignade, promenades-découvertes de la côte avec « mini-Q », notre annexe, et wifi à volonté, puisque, contrairement à la France, on peut trouver du wifi gratuit pour peu d’être à proximité d’un hôtel complaisant. Nous avons retrouvé nos amis du catamaran JAD (devant nous sur la photo) avec bonheur, Gilles, son capitaine redescend vers Le Marin où le bateau est mis en vente, une autre page qui se tourne…et  nous avons fait la connaissance de Dingod’iles, une magnifique et grande famille qui sillonne l’arc antillais sur leur Nautitech 48 (une très grosse bête), avant de, peut être, faire un grand pas vers le Pacifique. Nous nous retrouverons également en Martinique. Nous sommes tout à fait seuls aux mouillages, sans souci car Antigua reste une ile sécuritaire. Le soir depuis le bateau, on entend les orchestres de steel band qui reprennent les standards internationaux. C'est sympa vraiment mais en ours que nous sommes, nous préférons la plupart du temps rester à bord et profiter des couchers de soleil en musique.



Nous sommes arrivés à English Harbour, mais distraits, nous n'en avons pas fait de photos, ce sera pour la prochaine fois, car ce port mérite presque un billet à lui tout seul. Tous les ans  fin avril début mai, a lieu à English Harbour la Semaine d’Antigua, qui rassemble tous les plus beaux yachts et voiliers de la planète pour des régates très « hype », et pendant lesquelles les grandes fortunes se disputent des victoires très « people ». A cette époque de l’année, l’ile est en effervescence, les hôtels et ressorts sont bondés, les villas luxueuses sont réservées, les plages privées et leur parasols accueillent les jolies blondes qui accompagnent les propriétaires de yachts aux pavillons Anglais ou Américains et même d’Antigua, puisque l’ile est un paradis fiscal. Nous sommes arrivés juste après cet événement, mais quelques-uns  de ces magnifiques bateaux étaient encore là, pour notre plus grand plaisir des yeux. Nous nous organiserons l’année prochaine pour y être, et on s'en fiche si Quintet à la taille de leurs annexes, le bonheur est sur l’eau…

A Antigua, la protection anti-cyclone est prise très au sérieux, car l'ile est souvent sur leur triste trajectoire. Pas de constructions en hauteur qui auraient une trop grosse prise au vent, et les bateaux sont solidement arrimés à terre, voir posés sur un "trou à quille" afin de lui donner toutes les chances de résister au vent. Beaucoup de propriétaires de maisons face à la mer ont fait installer un élévateur hydraulique puissant, mettant ainsi hors de l'eau leur bateau jusqu'à la prochaine saison.



Ici, l'avitaillement ne pose pas de problème, nous sommes dans les standards américains. tous est disponible à profusion, toutes les marques, même françaises. Nous avons même trouvé nos cornichons préférés, le petit pot de la marque Maille, à presque 20Euros, sans toutefois céder.  Quelques bouteilles de vins aussi, mais curieusement, depuis que nous sommes aux Antilles, le vin ne nous fait pas trop envie, la chaleur sans doute.

En tout cas, il y a une chose sur laquelle un bon Français ne transige pas, c'est le pain. Le pain de mie blanc anglais est parfait pour les croque monsieur, mais c'est tout. Je m'y suis donc mise et après quelques essais hasardeux, je ne m'en sort pas trop mal. Pas facile de faire un bon pain à bord, mais selon les jours, ou plutôt, je pense, selon le taux d'hygrométrie ambiant, le pain maison est bien levé ou plutôt lourd.

Le casino est fermé, ce n'est pas cette fois-ci qu'on gagnera la martingale, comme aurait dit ma grand-mère. Mais j'aurai aimé voir les jours de grande affluence, à qui auraient les plus belles robes et les plus beaux bijoux, ça doit briller...



Les plongées sur les fonds turquoises ne sont pas très intéressantes, ce n’est que sable et quelles herbes que les tortues viennent brouter. Hormis quelques raies bien curieuses et peu farouches et les bancs de petits barracudas qui se cache sous Quintet,  il y a beaucoup d’épaves et c’est là, ainsi que sur les nombreux récifs de coraux, que la faune aquatique foisonne dans une profusion de couleurs et de formes.


La météo donc, n’est pas très ensoleillée et le vent est bien soutenu, l’exercice consiste donc à changer de mouillage lorsqu’une accalmie se présente. Par sauts de puce de quelques milles, nous voguons de « bay en beach », le seul impératif  étant le wifi. Sans wifi, ces journées maussades seraient bien longues. Heureusement, nous  trouvons quasiment toujours du wifi gratuit, c’est le bon côté des britsh islands. Nous pouvons aussi suivre les routes de nos amis OIAOU et BLACK BEATLE qui sont sur le retour, les deux ayant judicieusement choisi de faire escale aux Bermudes. A l'heure où je poste ce billet, Fabien est à 5 jours env. des Açores et Gab et Laure visitent les Bermudes en attendant une météo favorable.

St Johns, la capitale d'Antigua, est le centre commercial du pays et le port principal de l'ile. Un intense trafic apporte aux habitants tout ce qui ne peut être produit sur place, c'est à dire à peu près tout. C'est aussi là que les méga paquebots de croisière, déversent leurs touristes. Pour les accueillir, deux grands mall ont été construits, ainsi, naturellement, qu'un "village" duty free. La ville a du charme, les vieilles maisons coloniales côtoyant les petites cases, les marché aux poissons très... odorant, et le marché aux fruits et légumes, très coloré. La cathédrale est quasiment en ruine, mais un important programme de restauration a été engagé. Ici, point d'Etat providence ni de loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, ce sont les fidèles et les mécènes qui apportent leur contribution. C'est pourquoi la restauration, engagée depuis quelques années déjà, semble trainer.

L'esclavage fut aboli en 1834 mais contrairement aux autres colonies britanniques qui choisissent une abolition immédiate suivie d'une période d'apprentissage de quatre ans, période pendant laquelle les esclaves restent au service de leurs anciens maîtres, les colons d'Antigua choisissent l'abolition immédiate sans apprentissage. La transition fut, on s’en doute, plus que difficile, tant pour les colons que pour les esclaves, ce qui amena un morcellement des terres suite au déclin de l’économie et un fort clivage blancs/noirs. Aujourd’hui, de nombreux descendants de colons ou d'esclaves possèdent de petits lopins de terre transmis de génération en génération, mais c’est bien le tourisme qui fait vivre les 88 000 habitants et représente plus de la moitié du PIB du pays.

Nous avions déjà vu cela à Grenade, il n'y a pas de petit boulot, celui qui met en sacs vos provisions au super marché, l'adjoint du pompiste qui met de l’essence dans la voiture, etc et ceux touchant à la sécurité, qui sont les plus visibles. On ne sait pas si ce sont des policiers municipaux ou plus probablement des agents de sécurité employés par les hôtels, résidences, commerces et banques. En tout cas, les costumes dissuadent semble-t-il la petite délinquance et rassurent naturellement les touristes.



L'anglais est de rigueur pour se faire comprendre, et j'arrive sans mal à nous débrouiller du quotidien, du moins avec les locaux, qui montrent tous gentillesse et patience à nous aider. Cependant, l'américain, totalement incompréhensible pour moi, est très parlé. Beaucoup d'Américains ont semble-t-il leur villa secondaire sur l'ile ou ont monté une entreprise.

On ne rit pas devant le côté très kitch de la statue en hommage à Sir Cornwall Bird (1910-1999). C'est un personnage vénéré, qui a grandement œuvré pour l'indépendant d'Antigua et Barbuda. Voyant la façon dont les propriétaires fonciers traitaient la population noire au début du XXè siècle, il s'investit dans le syndicalisme et la politique. Il est élu à la législature coloniale en 1945 et est nommé premier ministre en 1981. Il le restera jusqu'en 1994.


Saint John’s est restée le centre administratif d’Antigua-et-Barbuda depuis la colonisation du pays en 1632 et devint le siège du gouvernement lorsque celui-ci prit son indépendance, en 1981. Antigua et Barbuda font partie du Commonwealth. Le muséum de la Ville, qui date du début du XVIII, retrace l'histoire ancienne et récente, et l'on retrouve les même lieux communs à toutes les iles des Antilles; les Arawaks, les Caribs, les Espagnols, les Anglais, les Français, les Anglais, les batailles entre Français et Anglais....

Il faut voir le bon côté des choses, vous avez en Métropole un printemps plus qu'humide, et nous savons aujourd'hui que c'est notre ami Dominique qui a joué du biniou sur les remparts de St Malo pour se venger de l'équipage du petit Quintet (il a avoué), mais pour votre plus grand plaisir je l’espère, cela me donne le temps de faire ce petit billet.

L'autre bon côté de ce temps, c'est que nous pouvons faire le plein d'eau, entre 20 et 40 litres/jour rien qu'avec le petit récupérateur fabriqué avec le taud. Nous sommes donc totalement autonome, enfin presque, puisque c'est toujours zéro pointé pour la pêche, rien rien et rien, alors que les copains bateau pêchent (ce qui peut se manger sans risque de ciguaterra), il va falloir affuter nos rapalas, ou nous joindre à la pêche locale, la pêche au filet. Depuis Quintet, nous avons assisté à toute la pêche, (essentiellement de petit poissons) le partage des parts et le sauvetage d'une tortue prise dans le filet. Elle sont protégées et c'est la saison de ponte.

Nous avons pris une clearance pour 1 mois, ce qui nous laisse encore jusqu'au 15 juin pour faire le tour d'Antigua et aller voir Barbuda à une trentaine de milles au nord. On aimerait cependant non pas de la chaleur, mais un peu plus de soleil, pourquoi ?

Afin de pouvoir naviguer plus sereinement entre les patates de corail et débusquer les langoustes du dîner !!!

Quel souci quand même!

à bientôt,