QUINTET3 NOTRE VOYAGE

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mercredi, février 6 2013

Les Grenadines 2ème partie

Nous avons quitté les Grenadines de Saint Vincent pour les Grenadines de Grenade, nous avons donc changé d'état et notre périple s'est poursuivit vers le sud ouest. Nous sommes poussés par des alizés plutôt musclés (20/25 noeuds, jusqu'à 30 dans les rafales) et la mer est un peu agitée entre les iles, mais la navigation se fait au portant ou trois-quart arrière, l'allure préférée de Quintet. Vers le sud, ce sont toujours des navigations faciles, rarement plus de 30 milles et de jour, car la signalisation maritime est totalement inexistante. Le retour sera nettement plus sportif... Nous avions fait, depuis Petit Saint Vincent, une incursion illicite à Petite Martinique pour faire de l'eau, mais c'est à Cariacou que nous avons fait notre entrée officielle dans cet état, et la Clearance à Hillsborought.

Découverte par C Colomb en 1498, l'ile fut baptisée "Conception", mais ce n'est que plus tard, que les navigateurs espagnols la baptisèrent Grenade, comparant ses sommets verdoyants aux montagnes dominant la ville andalouse de Grenade. Ce nom fut ensuite toujours conservé par les Anglais et les Français malgré leur conflits. Il fallut deux traités pour concéder définitivement l'ile aux Anglais en 1783, dommage pour nous. Il en reste de savoureux noms au hasard des villages ou des caps, et certains mots en patois du pays, que nous essaierons de découvrir.

La flore est luxuriante, car l'ile est baignée chaque jour par les pluies providentielles qui se déversent sur les sommets volcaniques, dont le plus élevé culmine à 850m.En revanche, nous n'avons pas vu de faune très exotique, car il semble qu'elle se soit réfugiée dans les montagnes, fuyant les hommes qui ont peu à peu envahi leur territoire;

Les sites touristiques sont pris d'assauts par les tour-opérators et sont payants, en dollars US s'il vous plait, aucun intérêt donc de se faire photographier avec la petite dame en boubou drapeau grenadien et son panier de fruits multicolores sur la tête pour 2 DUS, de lancer des dollars à des jeunes qui sautent dans la cascades, et ne pas dépasser le chemin bétonné... on ne nous y reprendra plus et on ira chercher l'authentique.

Cariacou n'est qu'à quelques milles d'Uion, et nous y avons fait notre clearance dans les Grenadines de Grenade. La clearance, ça ne rigole pas et ça vous déleste de quelques dollars caraïbéens (ou ECI), entre 50 et 70 ECI à chaque entrée, c'est au plus 20 euros, mais un petit parcours police/douanes et de la paperasse, les français ne sont donc pas les premiers en ce domaine..

Cariacou n'a aucune infrastructure touristique, mais fait de gros efforts pour essayer d'attirer quelques globflotteurs. La clearance est donc toujours un moment un peu stressant, car dépendant de l'humeur des autorités, qui font, ou pas, quelques efforts pour essayer de comprendre ce que j'essaie d'expliquer en anglais. Les questions posées sont destinées a vérifier que vous n'êtes pas, en tant que maudit "froggleggs", un dangereux trafiquant de foie gras ou de cuisses de grenouilles ou pire, que vous ne transportez pas dans vos cales quelques barriques de bon vins français... Je plaisante à peine, et c'est bien un interrogatoire en règle qu'il faut subir, les dates et heures d'entrée ou sorties de territoire sont examinées à la loupe, et mise en parallèle avec le temps de navigation moyen. Gare à vous si vous avez une sortie de territoire de l'avant veille, pour une navigation estimée à trois heures, ça a bien faillit finir devant le juge pour des copains-bateau. Pas d'étape sauvage donc avant de faire son entrée, et c'est pourquoi nous n'avons pas dit nous être arrêtés à Petite Martinique, ne serait-ce que pour faire de l'eau.

La bourgade l'Hillsborought est pauvre, mais comme nous le découvrirons dans tout l'archipel, l'influence anglosaxonne donne une impression d'ordre et d'organisation relatifs. La police est présente partout, même si la musique diffusée à fond dans leur 4X4 de service fait douter de leur vigilance. Beaucoup d'enfants, tous portant, à la mode anglosaxone, l'uniforme de leur école, et supportant leur équipe de criquet, jeu british par excellence.

L'influence américaine peut être, les inscriptions "Dieu et ma patrie" sont visibles sur tous les édifices publics, les écoles, et les nombreuses églises. Rien que dans cette toute petite ville d'Hillsborought, nous avons compté près d'une dizaine d'églises, car presque tous les cultes sont représentés: catholiques, anglicans, évangélistes, Saint des Premiers jours, Jéhovah, etc.. dès la nuit tombée (en fin d'après midi) les gens de retrouvent pour prier, chanter et parler, les femmes ont mis leur chapeaux et leur belles robes blanches, et les hommes sont en pantalon longs et chemisettes, les enfants jouent au milieu des chaises ou dehors.

Grenade, notre coup de coeur,

Depuis Cariacou, nous arrivons directement à la capitale de l’ile: Saint Georges; Cette capitale de plus de 20 000 habitants est située dans un abri naturel et garde encore un charme tout français, avec ses quais bordés de bâtiments de briques peintes, son tunnel creusé au XIXè qui passe sous la colline et son fort Georges qui domine la ville. Si les plaisanciers pouvaient encore, il y a quelques années, mouiller leur ancre au pied des remparts de la ville, aujourd'hui, une luxueuse marina occupe aujourd'hui l'espace, et les yachts de luxe regardent de bien haut nos petits voiliers. Nous sommes donc contraints de mouiller l'ancre en dehors de la baie de Saint Georges, sur de beaux fonds de sable mais avec une petite houle pernicieuse qui gâche un peu nos nuits.

L'ile a subit un terrible cyclone en 2004, qui a détruit la quasi totalité des édifices et des cultures, mais la population a fait face courageusement et relance petit à petit son économie, grâce à des soutiens internationaux, américains, vénézuélien, anglais.. Beaucoup d'édifices, détruits par le cyclone Ivan, sont encore en ruine, mais la cathédrale, édifice clair et aéré, a été reconstruite, grâce à des fonds de la communauté catholique.

Comme partout aux Antilles, la musique est présente, et sonore. Les bus circulent à fond les baffles, les cafés et restaurants diffusent la musique rap, reggae ou les derniers tubes anglophones, la culture locale est le steelband et plusieurs écoles se disputent chaque année le titre de meilleur groupe. Rois de la débrouille, les musiciens fabriquent leur instrument dans les dessus de bidons d'essence, les martèlent pour en obtenir deux gammes environ, plus ou moins justes il faut bien le dire. Différentes tailles d'instrument permettent d’obtenir une harmonie complète, et les orchestres, qui rassemblent jeunes et moins jeunes déambulent bruyamment et gaiement dans les rues.

Toujours avec nos amis Oiaou, la découverte patrimoniale se complète de découvertes gastronomiques. Enfin, disons que la culture culinaire n'est pas le point fort des Grenadiens. Il n'est pas facile de se ravitailler en produits frais dans les supermarkets, viandes et poissons ne se trouvent qu'en surgelés, et l'on peut douter de la chaine du froid, fruits et légumes sont chers. En revanche, le petit resto local propose des tambouilles sympas pour quelques dollars caribéens.

Si nous sommes immédiatement repérés comme touristes, notre aspect un peu "baroudeurs bronzés" semble prouver que nous n'avons pas de dollars US plein les poches. Grenade fait partie des circuits des paquebots de croisière immenses qui sillonnent l'arc antillais. Nous avons, étant en première ligne au mouillage, observé leur ballet. Ils arrivent au lever du jour, et déversent les 3 ou 4000 passagers dans l'immense galerie commerciale attenante au quai.

Certains d'entre eux, les plus sveltes ou les plus en forme peut être, s'engouffrent dans les bus pour faire un tour de l'ile et des principaux sites touristiques, mais beaucoup d'autres restent à parcourir la galerie air-conditionnée d'un bout à l'autre, recherchant le souvenir qu'ils ramèneront de leur escale à Grenade, ou assis sur un banc, sont absorbés par leur ordinateur, Ipad ou téléphone, ce jusqu’à 16h, l'heure de l'embarquement. Nous avons échangés quelques mots avec une vendeuse, qui nous confirmait que les paquebots s'arrêtent presque chaque jour de l'année à St Georges, et que les visiteurs étaient essentiellement américains, anglais et brésiliens. Je parlais des plus sveltes qui partaient en bus, car nous avons été frappés par leur embonpoint, nul doute que la nourriture doit être excellente sur les paquebots, et nul doute également, que le manque d'exercice génère ces générations de touristes immobiles....

The Grand Etang Lake, est l'un des sites touristiques. (remarquez la traduction: le "lac grand étang" !!) Pas de quoi crier à la merveille, nous avons les mêmes sites dans le massif central, un lac, qui a envahi le coeur d'un ancien cratère. Mais comme nous sommes arrivés en même temps que les cars de touristes du paquebot, nous avons eu droit au comité musical d'accueil, aux dames en boubou colorés et aux marchandes de fruits. Tout ce petit monde se met en branle à l'arrivée des cars,et accrochent, pour quelques dollars, leur plus beau sourire. Dès que les cars repartent, les masques tombent et les étals ferment, la fête est finie...

La Maison Belmont est une très ancienne exploitation, à l'origine française, de la fève de cacao. Il ne reste que quelques ruines de habitation et des bâtiments d'origine, mais l'exploitation reste traditionnelle, et manuelle. Il en sort une gamme de très bon chocolat, noir évidement, nature, aux éclats de fève, à la muscade ou autres parfums locaux.

Dès 1609, les Anglais tentèrent une colonisation de l'ile, mais les Caraïbes, guerriers farouches et gastronomes avertis, en mangèrent quelques uns et rejetèrent les autres à la mer. En 1650, vinrent les français, plus avisés, qui négocièrent l’achat de l'ile moyennant bijoux de pacotille et alcool mais l'ivresse passée, les Caraïbes reprirent la guerre. L'année suivante, les français acculèrent les derniers Caraïbes au bord d'une falaise de la côte nord. Ce peuple fier, plutôt que de se rendre et vivre une vie d'esclavage, sautèrent dans le vide avec femmes et enfants. L'endroit fut alors appelé Morne des Sauteurs ou Carib's Leap ou Leeper's Hills et un monument leur rend aujourd'hui hommage.

En descendant vers le sud de l'ile, nous nous dirigeons vers cette côte sud-est, découpée en véritables "fjords" qui offrent un grand nombre de trous à cyclones. La promotion immobilière commence à se faire sentir, mais les programmes se limitent à des résidences individuelles haut de gamme, ou de grandes et élégantes maisons collectives à 4 appartements. Les mouillages sont encore en grande partie libres, la place est suffisante pour tous, et les "marinas" se limitent à quelques pontons où l'on peut venir s'amarrer sur pendilles. Rares sont ceux qui s'y mettent, car la houle rentre toujours un peu et met à rude épreuve amarres et bateaux.

True Blue Bay a été investit par un "ressort" haut de gamme et une petite base de location de voiliers, beaucoup de charme. Nous étions quasi seuls, à profiter du paysage, les pelouses impeccablement tondues, les massifs de fleurs et arbres exotiques des belles résidences du front de mer...

Pickly Bay est lune des grandes baies, très fréquentée par les navigateurs qui savent pouvoir trouver ici un chantier naval, un accastilleur, un voilier tenu par un français, et tous les services utiles de laverie, avitaillement européen type carrefour pas loin. C'est ici notamment, que les bateaux sont mis à terre pendant la saison cyclonique de mai  novembre, fixés au sol par des réseaux de câbles comme dans une toile d'araignée. Nous en avons profité pour faire quelques emplettes utiles, et nous nous sommes offert notre "cadeau de noël", un nouveau moteur HB pour l'annexe, à un prix défiant toute concurrence. Seul petit souci, il faut qu'on se trouve une autre annexe. L'annexe est en effet l'élément indispensable à la vie du navigateur, c'est la voiture, la fourgonnette, la mobilette, bref, une bonne annexe et vous être beaucoup plus autonome. Nous avions fait le choix, essentiellement pour une question de poids et de place, d'une petite annexe pliable et d'un petit moteur. Bon choix pour la transat, nous l’avions reléguée sous la table du carré mais on doit bien avouer qu'heureusement que nous avons la plupart du temps profité de celle de nos amis Oiou. Le mouillage est souvent loin du débarquement, il y a la plupart du temps le petit clapot qui mouille allègrement tout l'équipage, et l'exploration des criques devient risquée. Nous allons maintenant nous trouver une annexe à fond rigide, en alu pour la légèreté et la fiabilité, et vroum vroum, en avant la musique !

C'est à Picky Bay que nous avons retrouvé avec plaisir les copains bateaux, et fêté comme il se doit l'anniversaire de Nathalie, la "belge-navigatrice" de JAD. Nous n'avions pas vu certains depuis Graciosa, et c'est donc une belle soirée que nous avons passé, nous en avions des choses à nous raconter .

Avitaillement en eau à Picky Bay, la marina est tenue par un sympathique italien, navigateur échoué depuis longtemps ici. Nous faisons évidement très attention à la consommation d'eau, afin d'éviter cette corvée d'avitaillement, aussi avons-nous pris exemple sur les navigateurs qui vivent aux Antilles. J'ai bricolé un récupérateur d'eau de pluie à partir du taud, rien de plus facile désormais de remplir quelques bidons dès qu'un bon grain nous tombe dessus, et on peut prendre une ou deux douches de plus par jour, rincer le cockpit, faire une mini lessive... le bonheur.

Changement de baie, nous entrons dans Clake's Court Bay, et tout le paradoxe de cette ile nous apparait depuis l'eau, de splendides propriétés avec ponton privatif côtoient les cases, simples cabanes de bois peint de couleur vives.

La marina de Clarke's Court Bay a été créée par un Grenadien charmant, Bob, avec lequel nous avons passé un moment. La marina compte une soixantaine de places en temps ordinaire, trente seulement en période cyclonique, mais l'ambiance familiale qui règne dans le club house donne envie d'y rester. Chaque soir, c'est happy hour, et soirée à thème, Hamburger party, vidéo party, karaoke party. La responsable du club parle un français parfait, ayant, dans le cadre de ses études, passé deux ans à Nantes.

Pour cette dernière journée, "randonnée" vers la côte au vent et les Mont Carmel Falls. Les transports en commun sont parfaitement organisés à Grenade. Des minibus de vingt places sillonnent l'ile selon un itinéraire élastique, c'est à dire que si vous demandez un détour, c'est sans problème pour quelques Eci de plus, et personne ne trouve à y redire. L'équipage du bus est constitué du chauffeur, qui ne parle à personne et se concentre sur la route, heureusement car il roule très très vite, et de l'accompagnateur. Le rôle de l'accompagnateur est essentiel, c'est lui qui perçoit le prix du voyage, distribue les places en fonction du trajet demandé, et entasse suivant l’embonpoint du passager (deux sur le même siège pour les plus minces), fait traverser les écoliers de l'autre côté de la route et le plus important, dispose de la télécommande de l'auto-radio. Si vous voulez vous arrêter, inutile de crier car avec la musique à fond, on ne vous entendra pas, vous tapez fort deux coups sur la carrosserie, et immédiatement, même en plein virage, le véhicule s'arrête. Simple, mais efficace cette organisation !

C'est avec Hakim que nous passerons cette après midi là, calme et réservé, il nous guide jusqu'aux Mont Carmel Falls. Pas de touristes pressés, car il faut crapahuter un peu dans la jungle dans un chemin un peu bourbeux, mais nous sommes seuls à profiter de ce petit paradis d'eau douce. Hakim nous montre les principales essences d'arbres, et notamment la muscade, emblème de l'ile.

Vous imaginez que cela fait plus de six mois que nous ne nous sommes pas baignés dans de l'eau douce ? C'est trop fantastique !! et la sensation sur la peau se redécouvre, c'est doux, ça ne colle pas, et ça ne pique pas les yeux, de vrais enfants !

Nous quittons Hakim sur la côte au vent, habités par quelques pêcheurs et à l'écart des circuits touristiques,les villages sont pauvres et sales, les égouts sont à l'air libre et les déchets plastiques abandonnés. Comme partout aux Antilles jusqu'à présent, la gestion des déchets, et notamment des déchets plastiques, ne semble pas une priorité, quel malheur pour ces paysages paradisiaques... Cette côte n'est pas abordable en bateau, car outre la grande houle du large qui vient déferler, elle est bordée d'une dangereuse barrière de corail qui interdit tout accès, mais les paysages sont dignes de cartes postales.

Et voilà, Grenade nous aura enchantée, sa population accueillante et chaleureuse nous donne envie d'y revenir et de s'y laisser vivre un peu. En reprenant le cap au nord, nous ferons une escale à Sandy Island, réserve naturelle où les oiseaux, frégates, fous et pélicans viennent pêcher au ras des bateaux, où le sable si fin qu'il fait comme une poudre blanche et ocre, couleurs du corail, on capte wifi, c'est incroyable sur cette ile déserte, et c'est donc au milieu de ce paradis que nous conversons sur skype avec nos enfants, c'est-y pas ça le bonheur ?

lundi, février 4 2013

Les Tobagos Cays vidéo

Nous venons de quitter Grenade, le vrai coup de coeur dont nous publierons bientôt le récit, et avons repris le cap au nord. Nous en profitons pour refaire ou approfondir des escales qui nous ont séduites, ou en découvrir de nouvelles. Parmi elles, les Tobagos Cays, et ça tombe bien, José vient de finir la post-syncronisation du film sur cette escale. Aller, on vous en remet donc une couche de ciel bleu, de mer turquoise, de langoustes à go-go, et de petit poisson farceur.

à très bientôt,

http://youtu.be/le0WFf8_JLw

mercredi, janvier 23 2013

Tortuga production clap première

L'équipage de Quintet fait de gros progrès.... en informatique, voici, longuement préparé pendant l'heure de la sieste, (vous apprécierez notre sacrifice) notre première production photo-cinématographique.

C'est une première œuvre, aussi serez-vous indulgents, ce n'est peut être pas cette fois-ci que nous serons sélectionnés pour le festival de Cannes. Pour lire le film, c'est facile, il vous suffit de cliquer sur le lien avec youtube et le film devrait s'ouvrir automatiquement.

http://www.youtube.com/watch?v=3F9M7pEORrE

A très bientôt !

dimanche, janvier 20 2013

Petit Saint Vincent (Grenadines de Saint Vincent)

Nous quittons Union et faisons route pour Petit Saint Vincent, quelques milles à peine. En chemin, une escale photogénique, l'ile microscopique de Morpion (très chic comme nom), du sable, un parasol, une barrière de corail.

Ile Privée, comme beaucoup d'autres aux Grenadines, Petit Saint Vincent ou PSV comme elle est appelée ici, est la propriété de Haze Richardson, citoyen américain, qui en a fait un "resort". Avec ses deux restaurants, l'un très chic en hauteur de l'ile, l'autre en bord de plage avec vivier à langoustes, ses vingts "bungalows", disons plutôt "suites", jardins et pelouses impeccablement tenus par un personnel en uniforme, c'est l'archétype de l'ile pour peoples, riches anglophones ou jeunes mariés très bon genre. La quiétude de l'ile n'est pas perturbée par les petites voiturettes électriques dans lesquelles circulent nonchalamment d'une plage à l'autre les clients, seul le "Black Pearl", grosse vedette ultrarapide amarrée au ponton, transporte monsieur et madame, tenue blanche, grand chapeau et lunettes noires de rigueur vers l'aéroport d'Union ou pour quelque escapade vers les Tobagos ou les iles voisines.

Ici, nous sommes dans un monde propre (les plages sont ratissée chaque matin) et sécurisé, seulement séparé par 700 mètres d'eau turquoise de sa voisine Petite Martinique. Les deux iles (Petit Saint Vincent et Petite Martinique) font partie de deux états différents (Grenadines de Saint Vincent et Grenadines de Grenade), une ineptie politique de partage de territoire, car les habitants de Petite Martinique (qui reste une ile pauvre à l'écart des circuits touristiques) franchissent la frontière pour venir travailler à l’hôtel.

Pour les "yachties" que nous sommes, et qui souhaitons naturellement débarquer, l'avertissement est courtois, mais clair. Des panneaux fichés au sol en anglais et en français, délimitent le territoire que nous pouvons fouler de nos tongs en plastique, c'est à dire la plage uniquement. Éventuellement, si l'on consent à lâcher quelques bons vieux dollars et que l'on consent à s'habiller en civilisé pomponné maquillé parfumé, on peut réserver une table à l'un des restaurants, ou se faire chouchouter au spa de l'hôtel. Ça nous a effleuré, car passer un moment calme et gastronomique haut de gamme, éventuellement assorti d'un massage-balnéo-champagne, aurait eu un charme certain et une saveur toute particulière. Finalement, une fois de retour sur Quintet après notre balade sur la plage, la flemme de sortir les grandes tenues, très froissées il faut l'avouer, nous nous sommes fait des spaghettis, mais face au coucher du soleil comme les "riches", on a nos valeurs tout de même !

En revanche, et c'est un bon point, l'ile privée a su préserver son littoral et c'est peut être là que nous avons vu, bien plus protégé qu'aux Tobagos pourtant réserve naturelle, le plus beau récif, et les nids à bébés langoustes...

Prochaine escale, Cariacou et Grenade...

mardi, janvier 15 2013

Les Tobagos Cays



Quelques milles séparent les iles des Grenadines les unes des autres, mais le vent qui soufflent à 20/25 noeuds obligent les navigateurs à porter en permanence un ris, voir deux dans la grand-voile. Notre vieux génois, que nous avions remis à La Gomera pour le "finir", a rendu l'âme, complètement brûlé par le soleil, et déformé par les allures au portant ou vent arrière des transats. Nous espérons quand même le réparer un peu si on trouve un bon voilier.  Nous avons donc dû mettre notre beau génois et on essaie d'y faire attention, la voile aussi a souffert et comme nous n'en avons qu'une, nous devrons faire escale dans un chantier qui pourrait nous la consolider.



L'ile d'Union est la base, et le seul lieu où une connexion imparfaite mais néanmoins possible nous permet d'appeler parents et enfants. Depuis que nous avons quitté la Martinique, nous ressentons encore plus l'isolement de la famille. C'est donc en retour des tobagos, toujours au même petit bar au bord de la plage du précédent billet, que les équipages de Quintet et d'Oiaou s'installent une après midi, scotchés avec bonheur à nos ordis pour essayer d'appeler les proches par skype, de mettre à jour les blogs, de prendre les mails et autres intendances. Ce sont les navigateurs d'aujourd'hui, avec le besoin d'être connectés au monde, le bar est plein en fin de journée....

Les Tobagos Cays, où nous venons donc de passer trois jours, est une réserve naturelle constituée de petites iles inhabitées et de barrières de corail. C' est le must du sud Antilles. Le mouillage est réglementé, comme les règles de protection, malheureusement pas toujours respectées par les touristes, certainement trop nombreux. Certains gros charter déversent, outre une musique agressivement forte, des hordes de nageurs palmés qui cassent sans même s'en rendre compte, les délicats coraux noirs qui ondulent dans la marée.



  Mais on en a rêvé de se baigner dans l'eau turquoise, de nager avec les poissons au milieu des coraux... C'est tellement photogénique que c'est là aussi que de nombreuses scènes de "Pirates des caraïbes" on été tournées, mais nous n'avons pas rencontré Jack Sparrow le pirate, dommage !!!



Néanmoins, comme la pèche ou la chasse est interdite, les poissons et tortues ne sont pas farouches, et viennent volontiers voir de très près le nageur. Un petit poisson au-dessus duquel je me laissais dériver, a fait clairement savoir à la caméra qu’elle n’était pas la bienvenue et s’est très comiquement attaqué à l’objectif avec hargne. Le film est drôle, et nous espérons toujours pouvoir vous en faire profiter.



D’autre, comme ce gros poisson-coffre, très timide dans son trou, me regardait de ses grands yeux, visiblement effrayé  de mon intrusion. En dehors de la piscine au bleu turquoise intense dans lesquelles nagent les raies, se sont les prairies marines où viennent brouter les tortues, et les "cayes" ou plateaux de coraux, véritables foisonnement de vie;



Sorti de l'eau, nous avons patienté un bon moment, mais le timide lambi n'a jamais montré plus que deux grands yeux mobiles. Je l'ai défendu avec ardeur contre les appétits des hommes, qui aurait bien testé les recettes locales; c'est vrai que c'est assez bon, une consistance un peu comme le bulot, avec une chair plus blanche. J'aurai donc fait ma bonne action de la journée, il est retourné à son élément.



L'eau est chaude, environ 29 degrés, le soleil tape dur, aussi vaut-il mieux, pour les longues heures passées à l'eau, se couvrir d'un tee-shirt pour ne pas ressortir couleur écrevisse... ou plutôt couleur langouste cuite, on ne sait jamais, les appétits sont féroces sur Quintet et Oiaou.




Nous aurions pu manger notre pêche, car elles sont à portée de main, mais non, cette magnifique langouste n'a pas été pêchée par José mais par un pêcheur local en dehors de la réserve naturelle. (du moins on l'espère...)





Nous savons que nos copains bateaux sont arrivés aux Tobagos, c’est évidemment l’occasion de se retrouver autour d’un barbecue langoustes sur la plage. Nous n’avions pas vu certains d’entre eux depuis Graciosa (Canaries), et c’est donc avec le plus grand plaisir que nous échangeons nos impressions et nos récits de voyage. Certains dont nous avons fait connaissance nous ont dit "C'est vous le petit Quintet ? vous avez fait une super transat !!" Nous serions donc "célèbres" grâce à Fabien de Black Beatle assurément, un vrai pro de la communication. Cette aventure a changé la plupart d’entre nous, il y ceux qui continuent plus loin, plus grand, et ceux qui ne feront pas la transat retour en vendant leur bateau aux Antilles après l’été, et ceux qui confirment la parenthèse, un petit rond sur l’atlantique et retour à la vie « active ». Pour Jean, Maud et leur petit mousse Malo, c'est le dernier dîner aux Grenadines, car ils doivent rentrer à La Rochelle après un mois de vacances, bien décidés à lancer leur projet de s'établir sous les tropiques.

Nous quittons les Grenadines de Saint Vincent pour les Grenadines de Grenade, peut être demain 16/1, peut être en ligne droite ou peut être pas, selon l'envie et les rencontres, mais toujours avec Oiaou. Grenade semble être une destination culturelle intéressante et Laure (Oiaou) nous concocte déjà un programme fait pour nous instruire et s'activer un peu, car on se ramollit drôlement. Grenade, d'après radio-ponton, est aussi une excellente destination pour les chantiers, voiliers et autres professionnels, on va donc aller se renseigner, il faut se le bichonner notre petit Quintet!

A bientôt !

jeudi, janvier 10 2013

Les Grenadines de Saint Vincent 1ère partie

Il n'y a pas d'oubli de notre part en ce qui concerne nos premières semaines à la Martinique, mais comme il faut bien avouer que nous n'avons pas fait grand chose, hormis buller, se baigner, faire quelques belles soirées avec les copains, et une visite à la rhumerie Clément, nous aurons l'occasion d'y revenir et d'en faire de belles images.

Arrivés le 15 décembre et après trois semaines de ce régime, nous levons l'ancre le 2 janvier, cap au sud.

Les Grenadines, notre première destination au sud de la Martinique, est un micro archipel qui s’éparpille de l’ile de Saint Vincent à Grenade sur une centaine de milles. Au cours de l’histoire, les anglais et les français se sont âprement disputés ces iles, qui restèrent définitivement anglaises en 1783. La population est majoritairement issue des esclaves africains, mais la culture est métissée, et l’influence européenne, française notamment, (beaucoup de français se sont installés ici) et américaine se fait sentir. Ambiance cool, sympa, respectueuse, si les locaux viennent avec leur barques proposer leur pêches, ils n'insistent pas si on n'est pas intéressés...

Les Grenadines sont des poussières d’iles volcaniques et des confettis de sables sertis de coraux, vantés par les dépliants publicitaires. Bien sûr, le tourisme gâche un peu la découverte, car partout sur ces paradis, on retrouve avec déception les déchets de la société de consommation, le plastiques sous toutes ses formes notamment. Il est d’ailleurs recommandé de ne pas confier ses poubelles aux locaux…qui les disperseraient, parait-il, au vent des iles. Si les mouillages les plus connus sont envahis en haute saison par des catamarans de charter, la place est suffisante pour tous, et il faut savoir s’isoler et s’éloigner d’eux, d’autant que les capitaines, voir les skippers ne savent pas toujours manœuvrer ces gros engins, nous avons bien failli en faire la triste expérience.

Pour ceux qui ont navigué en Bretagne, circuler entre ces iles relève de la promenade du dimanche. Cependant, il faut rester vigilant car les bancs de coraux sont nombreux, les passes souvent délicates et les courants sont forts. De même, si l’alizé se renforce, comme nous en avons fait l’expérience, tenter de passer entre des iles peut mettre à rude épreuve le bateau, une excellente raison donc de rester buller dans un abri.

Il n’y a pas grand-chose à faire entre sable blanc et eaux d’émeraude limpide, hormis la baignade au milieu des poissons et tortues, se laisser bercer avec un bon bouquin, passer du temps avec les copains, ou faire de nouvelles rencontres. Nous nous levons tôt, vers 6 heures, mais nous nous couchons tôt aussi.. Nous partageons cette semaine ces découvertes avec Maude, Jean et leur fils Malo, qui avaient préparé leur bateau pour partir avec la flotte du ponton 21, mais qui ont dû y renoncer pour cette année, ils avaient fait la surprise de nous retrouver par avion à Noêl et "squattent" donc à tour de rôle Oiaou, Black Beatle et Quintet. C'est l'occasion aussi de s'occuper de soi, et de rafraichir la coupe d'été, ça tombe bien, Maud est coiffeuse...

Les Grenadines sont divisées en deux, les grenadines qui dépendent de Saint Vincent, et les grenadines qui dépendent de Grenade. Ce sont les premières que l’on vous raconte ici.

En quittant Martinique, nous avons fait une courte escale à Port Elisabeth sur l’ile de Sainte Lucie, où nous avons rencontré de sympathiques septuagénaires qui sillonnent les Antilles depuis cinq ans et connaissent tous les bons plans. Ça nous a permis de déguster nos premières langoustes à 10 euros, un vrai festouille à bord de Quintet.

Nous avons évité Saint Vincent que nous découvrirons en remontant, et atterrissons sur Bequia, puis Union. Depuis quelques temps, l'alizé est très fort, et si les mouillages sont abrités de la houle, derrière les barrières de corail ou derrière les mornes, il vaut mieux avoir une très bonne ancre et lâcher de la chaîne.

Les Grenadines, c'est exactement l'image idyllique que nous nous en étions fait, et les journées passent vite...à ne pas faire grand chose. La seule activité "contraignante" est de faire les courses. Pour les fruits et légumes, on les trouve à profusion à pas cher... mais pour le reste, nous avions été prévenus, les supermarkets" ne sont pas très achalandés, et comme quasiment tout est importé, l'avitaillement est donc hors de prix et il vaut mieux avoir fait le plein en Martinique, et manger au resto. Le petit restaurant sur la plage, où l'on vous sert les poissons retirés du vivier ancré devant la plage, porc et poulet boucannés, bananes frites, et l’indispensable rhum, ne vous coûtera pas plus de 10 euros.

Nous attendons avec impatience d'aller aux Tobagos Cays, à 5 milles de l'ile d'Union mythique lagon classé réserve naturelle au bord d'un récif face au large. Impossible pour le moment, trop de vent, et comme la taxe de mouillage est assez élevée, on veut pouvoir y rester plusieurs jours. Nous avons fait des essais de photos sous-marine, pas très concluants pour l'instant, mais on espère bien vous en mettre plein des yeux la prochaine fois...

Et Voilà, je finis ce petit billet à la terrasse du repaire des navigateurs, avec un jus de goyave frais, un grain vient de passer, qui rafraichit un peu l'atmosphère, et l'ambiance musique rasta augure d'une soirée bien sympa...

à bientôt !

lundi, décembre 31 2012

Transat atlantique, le récit

HAAAA !!! ….. LA transat, celle qui focalisait tous nos fantasmes, sur laquelle nous avons tant lu, rêvé depuis tant d’année. Depuis plus de 500 ans, la littérature abondante enthousiasme ou effraie des générations de navigateurs, la fabulation n’est d’ailleurs pas décelée, qui pourrait retranscrire l’indescriptible, si ce n’est ceux qui l’ont vécu ?

Ainsi sommes-nous en effet passé dans le clan de « ceux qui « l’ont fait », nous sommes heureux, et fiers d'avoir réussi ce qui nous semble quand même un exploit. Déjà, le premier qui nous dit que la route des alizés est trop cool, qu’on hisse le spi à Mindelo pour le descendre au Marin sera pendu haut et court au mat de Quintet (15mètres), sans même un dernier verre de ti-punch.

Les précédentes transats, en particulier celle de Lisbonne à Madère, n’étaient déjà pas des promenades du dimanche, et nous avaient bien avertis de ce que peuvent réserver les éléments. Mais là, nous nous attaquions à du "gros", du "lourd", du mythique. 

A l'heure où l'on parcourt le monde à la vitesse supersonique, faire le choix de la voile relève de la même démarche que ceux qui font le chemin de Compostelle, les escales et rencontres en moins. Car point d'escale ou de possibilité de retour, et 2 100 milles environ en ligne droite de Mindelo à la Martinique, c'est à dire 3 900 km, ça fait un bout de chemin. Les coureurs du large, avec leurs machines en carbone, mettent moins d'une semaine, mais nous savions qu'il nous en faudrait deux au moins, selon la météo. Pour compléter la description, il est prévu de naviguer au dessous du 15° de latitude, avec, normalement, des vents de 15/25 noeuds, une mer et une houle de nord-est, ce qui est parfait.

Et c'est bien la météo, et Neptune à qui nous aurons sacrifié quelques verres, qui feront de cette transat une aventure unique.(Il lui versé du jus d'orange, faut pas pousser quand même, car on boude un peu Neptune et Éole depuis quelques temps, ils doivent être fin soûls avec ce que lui versent les navigateurs) Si faire la transat à deux est vraiment fatiguant, c'est une expérience de couple que nous avons vécu avec intensité, bonheur et complicité. Nous n'avons jamais trouvé le temps long, soit nous étions trop occupés aux changements de voiles (réduire ou augmenter la voilure) ou d'amure (mettre les voiles de l'autre bord), soir nous profitions à fond de l'observation de cet environnement exceptionnel; les couleurs de l'océan, les crêtes turquoises de vagues qui claquent, les oiseaux du grand large qui surfent entre les montagnes de houle, les poissons volants argentés qui s'enfuient devant l'étrave dans des vols interminables, et que l'on retrouve le matin échoués sur les passavants, et plus que tout, les nuits étoilées magiques, avec la carte du ciel que l'on apprend à déchiffrer.

Peu de bateaux rencontrés, 2 cargos, dont l'un se déroutera vers nous sans pour autant prendre contact, peut être n'ont-ils pas pu, notre VHF n'est pas fiable. Un yacht de luxe de 50m direction ST Lucie, "vous prendrez bien une petite coupe de champagne ?", un magnifique 3 mats toutes voiles dehors, que nous doublerons pendant la nuit (Quintet est super rapide en vent arrière...), et enfin, à 2 jours de l'arrivée, les voiliers. Nous nous croyions seuls, mais l'océan est immense et à 3 ou 4 milles, un voilier ne se voit plus. Nous sommes nombreux à cette époque de l'année, à faire la transat, depuis les Canaries, ou depuis le Cap Vert. Cependant, pour économiser l'énergie, beaucoup de mettent pas leur feux de navigation ni même l'AIS au large, nous obligeant à être plus vigilants encore. Nous gardons évidement l'AIS en veille permanente, et nous faisons de vrais quarts (surtout la nuit), c'est dire que nous nous relayons, sécurisé avec le harnais, prêt à intervenir. Bien sûr, si les conditions sont calmes, on somnole un peu.

La nuit tombe vite, et nous avons choisi de rester toute la transat en UTC (temps universel correspondant à l'heure française +/- 1 heure selon l’hiver ou l'été). Cependant, au fur et à mesure que nous coupons les degrés de longitude, on "perd une heure", et à la fin de la transat, la nuit tombera à 22h, et le soleil se lèvera à 9h30. Aucune importance, nous vivons selon un rythme qui nous est propre, en fonction de la fatigue, de la faim et de la bonne marche de Quintet.

Alors bien sûr, lorsque les nuits sont très "animées", José ne peut plus résister à la fatigue qui le prend en journée, surtout si enfin les conditions s'améliorent.

Ce sont surtout les grains incessants qui nous ont fatigués, nous obligeant à modifier les voiles, et je te prends deux ris, et je t'en lâche un, et je reprends le cap, et on empanne. Si de jour, les grains se voient de loin et peuvent s'anticiper, la nuit, c'est beaucoup plus sur les sens qu'il faut compter, un air plus chaud, un ciel plus noir, quelques gouttes, qu'il faut immédiatement interpréter par: "on a une minute pour réduire et se mettre à l’abri".

En revanche, nous avons eu droit aux plus beaux et spectaculaires arc-en-ciel que nous n'ayons jamais vu, en arc de cercle complet sur l'horizon.

Pas de transat sans pêcher, c'est une source de protéine fraiche très appréciée. José lance une ligne, ça mord tout de suite, remonte avec peine une énorme coryphène qui casse la ligne sur la jupe, "m... !", une deuxième ligne lui échappe des mains "re-m.... !!!", il ne reste que deux lignes, qu'il lance en même temps de chaque côté du bateau, espérant voir enfin mordre. Et voilà, ça tire, ça saute et on voit derrière que ça doit être du gros car les lignes sont tendues, ho !! mais il y a en a deux !! elles se sont croisées, emmêlant les lignes, il faut les remonter toutes les deux. Impossible d'en relâcher une, car elles se débattent trop, c'est donc avec une belle rasade de Pastis dans les ouïes que José les envoie au paradis des poissons. Il en prélèvera de magnifiques filets, qui seront mangés cuits ou crus, la chair blanche et fine est exceptionnelle, un vrai délice.

Les nuits se succèdent aux jours, et si le livre de bord minutieusement rempli (des extraits du livre de bord seront publiés dans un prochain billet) ne nous le rappelait pas, nous perdrions vite la notion du temps. Nous nous sentons en sécurité dans Quintet, nous ne faisons qu'un avec lui, et nous traçons notre route, en osmose avec les éléments.

Toutes les nuits, des bruits bizarres sur le pont signalent "l’atterrissage" forcé des poissons volants que nous ramassons sur le pont au petit matin.

Le regard plus concentré qu'inquiet de José indique, une fois de plus, qu'il va nous falloir manœuvrer et/ou qu'un grain nous menace. Rester vigilant, dans le bruit permanent d'un bateau en navigation, on apprend à interpréter les bruits inhabituels. Même (et surtout) pendant le sommeil, l'esprit reste relativement en éveil.

Pendant les jours où nous n'avions aucuns répits, où nous devions fermer tous les hublots pour ne pas recevoir l'eau des déferlantes qui balayaient régulièrement le pont, où faire de la cuisine relevait du parcours du combattant, Quintet est devenu une antre moite et salée, les affaires sèchent comme elles peuvent. Nous dormons dans le carré comme moi ici, ou directement sur le plancher pour être bien calés entre la table et la banquette.

Heureusement, depuis le Cap Vert, les polaires et chaussettes sont rangées, et les nuits sont aussi douce que les jours, chaque lever de soleil nous rapproche de l'arrivée.

Ce jour-là vers 15h UTC à 35 milles de l'arrivée, je suis à la barre, scrutant l'horizon... "terre ! terre! On devine à la jumelle une ombre plus sombre sur l'horizon. La mer est belle, les alizés nous poussent tranquillement depuis hier sous Grand Voile et Gennaker, nous aurons enfin pu goûter le bonheur des alizés et ne sommes plus du tout pressés d'arriver. Ces dernières heures sont magiques... Comme pour nous souhaiter la bienvenu, les fous du large et les paille-en-queue tournent autour de Quintet.

Grand rangement et nettoyage de Quintet, on veut arriver sous notre plus beau jour. L'équipage aussi a droit à une super douche d'eau douce, nous n'aurons utilisé que 100 litres d'eau en 15 jours pour cuisine, vaisselle et douches (avec le pulvérisateur). Vers 17h UTC, le réseau téléphonique est opérationnel, nous pouvons appeler nos parents et nos enfants: "on l'a fait, on l'a fait !!!"

José se fait plaisir à calculer que nous aurons fait environ 100 milles de plus que la route directe, soit 2218 milles, en 15 jours et 10 heures, une trentaine d’heures de moteur à 1500 tours, quelques écoutes et manilles explosées, deux lignes de traine, mais deux coryphènes...

La larmichette de Mamie Nicole, comme le "bravo !!! aux navigateurs" de Tipa et Tima nous émeut, Gabriella nous dit " Vous êtes des parents de ouf, on est trop fiers de vous !"... Et avec Sarah et Jordan, on rit, on pleure....

A la pointe de l'ile, sous le vent, les odeurs emplissent nos narines, odeurs de pins, d'herbe mouillée, de poissons... les lumières apparaissent avec la tombée du jour, il est 17heures locale. Nous passons en effet à l'heure locale, et à 19heures, l'ancre est posée au mouillage de Sainte Anne, au sud ouest de la Martinique, nous n'avons même pas envie de descendre à terre...

Fiers, nous le sommes....

vendredi, décembre 21 2012

Escale au Cap Vert

Le Cap Vert  est envoûtant, et si on se laisse séduire sans résister, on peut facilement se laisser piéger par une séduction métissée d’Afrique et de Brésil. C’est un archipel dont on ne verra que deux iles, sur les dix, toutes différents et uniques, mais il parait qu’on aurait vu les plus belles.

Ancienne colonie du Portugal, au carrefour des routes vers le Brésil, l’Afrique Guinéenne et l’Afrique du sud, le Cap-Vert s’est fondé à partir du XVè siècle sur le métissage de ces populations.

Sao Vicente, et sa capitale, Mindelo, est notre point d’atterrissage, l’ile est propice à la fête et c’est la capitale culturelle de l’Archipel. Un grand festival de musique est proposé chaque été, où l’on peut retrouver certaines de nos gloires françaises comme Bernard Lavillier. Nous ferons aussi une escapade de deux jours à Sao Antao, qui peut être qualifiée d’ile du treck, tant les somptueux chemins muletiers creusés au cœur des falaises volcaniques méritent quelques randonnées un peu sportives.

Ce qui frappe d’entrée, après les étapes précédentes qui, finalement, ne nous ont pas éloignées de l’Europe, c’est qu’ici, on est en Afrique, au Brésil peut être aussi. Du moins, c’est la première impression ressentie, par la population, essentiellement moire ou métissée, la vie nonchalante et ses marchés de rues, la ville, mélange charmeur de demeures coloniales vétustes et de « bicoques » rafistolées.

Pour la première fois, nous devons faire les formalités douanières, les bureaux (c’est indiqué par une affichette) sont ouverts de10h à midi. Le mot « peut-être » aurait dû être ajouté, car nous sommes revenus plusieurs fois pour enfin avoir la chance de rencontrer le douanier, très aimable au demeurant. C’est une chance, beaucoup de Cap Verdiens parlent français, qui est la deuxième langue vivante enseignée à l’école (après l’anglais), et Mindelo possède une Alliance Française très dynamique et très fréquentée par les jeunes étudiants notamment.

Une autre chose nous frappe, je devrai plutôt dire que les messieurs navigateurs ont vite remarqué, c’est la grande beauté des jeunes femmes Cap Verdiennes : grandes et fines, métisses aux yeux couleur de jade, d’une distinction et d’une réserve empreinte de douceur.

La réputation d’accueil et de gentillesse des Capverdiens n’est pas une légende, et nous en avons plusieurs fois été l’objet, à notre plus grand étonnement car nous n’y plus habitués. Ainsi, lors de notre première randonnée sur Sao Santo, et partis comme des bleus, sans carte , nous demandons notre chemin à un homme qui passe. Le voilà qui nous accompagne, et entame tant bien que mal une conversation, curieux de savoir de quelle nationalité nous sommes, pourquoi nous sommes au Cap Vert… Peu habitués au service gratuit, nous nous disons qu’il va assurément nous demander un « pourboire », mais non, presque 2 heures après, il nous explique qu’il est très content de nous avoir rencontré et aidé, mais qu’il nous quitte car il est attendu par ses enfants dans une autre vallée et qu’il est en retard (vu la vitesse à laquelle les pauvres marins que nous sommes nous déplaçons sur nos deux jambes)

Porto Novo, un charmant village aux belles bâtisses abandonnées. Une petite nuit bien tranquille, dans un vrai lit très confortable, avec des draps bien repassés, dans ce sympathique Hôtel Vitoria et son imposante patronne, et nous repartons pour une autre journée de randonnée.

Toujours sur Sao Antao, une belle rencontre encore avec ce patriarche de plus de 80 ans, et son âne, qui vit dans les montagnes comme son père et le père de son père avant lui. Lui aussi prend le temps de l’échange, pour le plaisir et la curiosité, jusqu’à ce qu’il sorte son téléphone portable de sa poche (téléphone qui ne lui sert que de montre), pour nous dire que sa femme, plus de 80 ans également, l’attend tout-là-haut, dans leur « maison ». Les dix enfants et nombreux descendants de ce couple, comme la plupart de jeunes capverdiens, font leur vie en Europe ou au Brésil, car le  chômage touche plus de 25% de la population, et ils choisissent donc de s’expatrier afin de fuir une vie très rude et plutôt misérable de ces iles.

Si Sao Vicente est aride, parsemée de quelques « oasis » où s’élèvent quelques chèvres, des côtes déchiquetées, des plages magnifiques mais  dangereuses, Sao Antao est le jardin de l’archipel. Cette ile la plus à l’ouest retient, au cœur de ses vallées encaissées et des cratères de ses volcans éteints, une pluie et l’humidité bienfaisante qui permet la culture en terrasse de tout ce dont il est nécessaire pour se nourrir. Il a fallu cependant à de nombreuses générations pour tailler dans les falaises abruptes, les chemins muletiers qui menaient aux terrasses, savamment et patiemment maintenues par des murets de pierres sèches. 


On ne saurait parler du Cap Vert sans évoquer la musique, qui pour les Quintet  évidemment, revêt un attrait particulier. Elle est partout, dans la rue, les boutiques, les bars et restaurants, elle a subi plusieurs influences que se perçoivent nettement, de l’Afrique proche, avec les percussions, et du Brésil, avec des rythmes qui incitent à la danse. Mais c’est de l’Europe, et plus précisément du Portugal, que la musique capverdienne tire son influence la plus connue. La morna, qui s’apparente au fado, mais qui semble également porter des influences marocaines,  est la plus célèbre. Césaria Evora, la « chanteuse au pieds nus » disparue il y a un an, a fortement contribué  à faire connaitre sa culture et sa musique. Nous passerons quelques soirées au « bar des navigateurs, » mais je plus sûre de son nom, car la caipirinhia y est excellente….

La marina de Mindelo est à éviter tant que possible, l’accueil en est déplorable, l’amarrage sur pendille très acrobatique, et l’ambiance très « guetto blanc », avec portail digicode est interdit « à tout étranger », à commencer par ceux qui sont au mouillage et leurs annexes. Nous n’y avons pas mis les pieds, bien plus tranquilles au mouillage. Seul soucis, l’avitaillement en eau, qui est non seulement rare et payante, mais pas toujours de bonne qualité, il faut « bidonner », c’est galère. (Oiaou devra retarder son départ à cause de cela). On peut comprendre que pour les habitants qui manquent de tout, il peut être choquant de voir les grosses unités de charter ou de propriétaires, menés par des équipages pressés qui font une escale technique avant de transater, sans porter plus d’intérêt à ce qui les entoure. Tout ce monde se retrouve néanmoins le soir dans les restaurants, ou les bars à musique, dont le plus couru reçoit les célébrités et groupes de musique Capverdienne.

 Mais déjà, une fenêtre météo s’ouvre à nous pour les 7 prochains jours, ce qui nous permettrait une première semaine de transat sur les Antilles à peu près sereine. Vous verrez qu’il n’en n’a rien été, comme depuis le début de notre aventure, la météo nous joue des tours, mais il vous faudra attendre…. le prochain billet.

 

mardi, décembre 18 2012

Transat sur le Cap Vert

Bonjour à tous les lecteurs. Pour une raison inexpliquée, il nous  a été impossible de mettre le Blog à jour, ni même de le consulter. De la même façon, nous savons que les points SPOT ne sont pas tous pris en compte, sans que nous en connaissions la raison. Il semblerait, du moins c’est l’explication qu’on nous a donné, que notre opérateur Free d’aurait pas d’accord avec les opérateurs locaux, ce qui bloquerait tout accès. Pas d’inquiétude, tout va bien, ou plutôt, Tudo ben, comme on dit au Cap vert.  Même si vous savez par Spot que nous sommes en Martinique, faisons un petit effort de remonter le temps.

Transat sur le Cap Vert


La Gomera, les équipages s’activaient sur les pontons, avec une sorte de « sérénité un peu fébrile » de ceux qui sont quand même déjà arrivés là, donc des gens qui naviguent, mais qui savent quand même que chaque transat peu réserver son lot de mauvaises surprises. Si on ne le montre pas, on sent, peut-être pas de l’angoisse, car les équipages sont assez bien préparés en général, mais une sorte de trac. On sait cependant que dès qu’on sera sorti des coulisses, c’est-à-dire du port, on sera dans l’action et on assumera du mieux possible.

Les discussions tournent évidemment autour de la météo et de son évolution possible sur les 7 prochains jours, temps max pour se faire cette grosse traversée de presque 800 milles. Si ce n’est pas idéal, on devrait surfer sur la fin d’une dépression, et lundi 12 novembre, on se lance.

Départ de la Gomera, et escale forcée à Hiero.


12 novembre, Quintet part le premier à 11.30 UTC, et au sortir du vent de l’ile de la Gomera, on est cueillis par 25 nœuds avec rafales à 35, grosse houle de 3/4 m et mer croisée, et ça ne va pas s’arranger… le baro descend :  c’était pas prévu, mauvais signe.

La mer entre les iles de la Gomera et Hiero est hachée, avec deux ris dans la voile et la trinquette et on avance encore à 6,7 nœuds. Heeuuu … c’est pas ce qu’on a commandé, nous, et on va pas se faire massacrer pour le plaisir. Black Beatle et Oiaou nous dépassent comme prévu, tous deux dans la même galère, on se soutient le moral sur le 69 (notre canal VHF de conversation).

Bah ! si c’est comme ça, on a encore un dernier joker à jouer, une escale à Hiero, quasiment sur le chemin du Cap Vert et à 55 milles de la Gomera. C’est décidé, on s’y arrête, sauf qu’il fait maintenant nuit noire, et que l’approche est on ne peut plus délicate. Fabien y arrive en premier et donne aux suivants, Oiaou et Quintet, les consignes de vigilance d’approche. Nous savons aussi que nos jeunes amis Camille et Benoit de La Route du Forum y sont depuis hier, et ce sont eux qui nous prennent les amarres à 21.00. Ouf, on souffle………

Hiero, c’était la dernière terre connue des grands explorateurs des temps anciens, et pour nous, une escale pleine de charme. L’ile est petite, très peu habitée par une population dont on se demande de quoi elle vit. La marina construite il y a deux ans, préambule à un développement touristique, n’a pas été achevée par la faute d’un volcan, qui a eu l’idée saugrenue de surgir, il y a 18 mois environ, à mille au large de l’entrée du port. La population a été évacuée deux fois et l’éruption, bien que sous-marine, à plus que refroidit les investisseurs  et figé pour un temps certainement long le développement économique de l’ile. Du coup, comme il n’y a ni eau ni électricité, les bateaux ne s’y arrêtent pas. C’est donc un événement de voir 4 bateaux, tous français, arriver quasiment en même temps, de nuit, et le marineros complètement paniqué, essayant de noter avec zèle sur son petit calepin les noms de bateaux aussi exotiques pour lui.

Courte escale, aucune possibilité de louer un véhicule ou de prendre Le bus de l’ile pour en faire le tour. C’est donc une petite randonnée pédestre sur la lave et visite du tout petit village qui occupera notre temps.

Soirée tranquille et reposante à bord de Quintet, Camille et Benoit viennent de larguer les amarres pour Dakar, et pour nous, demain 14 novembre, c’est la bonne.

Env. 750 milles en +/- 6 jours, au départ de Hiero, ile de l’archipel des Canaries, arrivée à Mindelo, ile de Sao Vicente, Cap Vert, on va donc crescendo dans la durée et le nombre de milles à avaler. Mindelo, située à l’ouest de l’archipel,  est donc notre destination, et on choisit donc de zapper la plupart des autres iles du Cap Vert, notamment les iles sous le vent, et ne ferons pas, à notre grand regret, le Siné Saloum et la Casamance (Sénégal). La faute à cette météo qui nous a retenus plus longtemps que prévu sur les Canaries, et notre souhait d’être fin décembre en Martinique. Peut-être pour la prochaine fois, avec un gros détour sur le Sénégal ?

C’est parti ! nous larguons les amarres de Hiero mercredi 14 novembre à 8.30 UTC

Extraits du livre de bord

Mercredi 14 novembre

23.10 UTC : la sortie de l’ile a été un peu chaotique, nous avons changé plusieurs fois les voiles d’avant pour trouver le bon équilibre, les dauphins sont venus nous saluer à la tombée du jour. A cette heure le vent de NNO  et la longue houle nous poussent gentiment au 225 à une vitesse de 5 nds env., la nuit étoilée est magnifique et on ne voit plus qu’un seul feu, probablement de Oiaou parti derrière nous.

Jeudi 15 novembre

4.15 UTC : c’était trop beau ! on prend un ris puis deux dans la GV, et on roule un ris dans le génois, la mer est hachée et on entend les crêtes éclater sur les fesses de Quintet, la houle doit être grosse, heureusement qu’on ne voit pas le mur d’eau dans la nuit noire, il n’y a plus d’étoile, les grains rincent brave Quintet qui poursuit sa route au 225, on avance à 5/6 nds.

17.00 le Mary-Jean, yacht de 55m, à destination de Antigua, nous dépasse sur tribord, « vous n’auriez pas une petite coupe de champagne ? »

Vendredi 16novembre

18.30 UTC : le vent est totalement tombé, la mer est belle et Quintet disparait toute les dix secondes env. au creux de  la longue et impressionnante houle, le moteur ronronne à 1700 trs et nous avançons à 5,2 nds. Le temps est nuageux, couvert, on ne distingue pas mer et eau, une petite pluie fine ne sert qu’à nous rafraichir, il fait 26°. Nous avons peut être aperçu un feu, mais dans cette obscurité absolue, on ne peut faire confiance à aux yeux et cerveaux fatigués. Appel Iridium à Fabien, il est à env.30 milles devant nous. Toujours rien à la ligne de traine, menu poulet grillé et dernières tomates en salade…

(Sur Quintet, nous avons trouvé un équilibre moyen de 2.30 par quarts, suffisant pour le petit dormeur José, et correct pour mon cycle de sommeil, même si je suis vraiment en manque, moi la marmotte. Les premiers jours sont toujours un peu chaotiques et dépendent naturellement de l’état de la mer ou des manœuvres à faire à deux. José assume donc en général plus que moi la veille, jusqu’à  ce qu’un rythme plus serein s’installe, ce qui est en général le cas au bout de 2/3 jours)

Samedi 17.novembre

13.20 UTC : un voilier apparait derrière Quintet :  la VHF grésille : « sailing boat calling ? » …. « Oiaou ? c’est toi ?, incroyable !!! Mais comment, alors que nous pensions comme d’habitude être en queue de flotte, pouvons-nous être devant Oiaou ? Se retrouver au milieu de nulle part, a quelque chose de magique, car de tout côté que l’on regarde, ce n’est que bleu, bleu, et bleu, tout élément nouveau devient donc l’attraction de la journée. On est heureux ! Le vent à 15/20 nds et la grosse houle poussent Quintet à 6 nds, c’est vraiment son allure favorite et il tient donc donc son rang fièrement dans la flotte. C’est génial de se suivre, et ça donne un sentiment de sécurité incroyable.

(Avec la pétole et l’usage du moteur, Black Beatle a pris une grosse avance sur Oiaou et Quintet, au large de la Mauritanie, il a eu quelques sueurs à cause d’un « bateau de pêcheurs » un peu trop collant. Rien de vraiment menaçant, mais pas très rassurant. Rien de tel pour nous, qui étions à 250 milles des côtes mauritaniennes, nous n’aurons, en 6 jours, vu qu’un yacht de luxe)

Dimanche 18 novembre

4.30 UTC, prise de quart, mon écriture sur le livre de bord montre des signes d’embardées sur tribord, je relis avec peine : 21°10N-22°18W, vent NE 25nds forcissant rafales 30 nds, mer désooordonnnnée NE,houle NE forte, GV 3 ris + Gen tang. CC212, vitssss 6nds, ciel couvert, bonne vibilitilité ,Oiaou à 1.5 milles env. sur arrière tribord. (J’vous jure que je n’ai pas ouvert l’excellente bouteille de Cognac de Camille et Benoit, et que ce sont bien les conditions musclées qui conditionnent cette écriture énigmatique), mon royaume pour une nuit de sommeil, j’ai des hallucinations et  entend des voix… alors que la radio est éteinte.

En journée, ça s'améliore "relativement"...

Lundi 19 novembre

10.15 UTC : 18°26N-23°55W, vent NE 10/15 nds, mer belle, houle modérée NE, GV + Genois tangonné tribord amure, gennaker babord amure, CC 213, vitesse 5 nds, baro 1015.4 en hausse , il reste 112 milles avant Mindelo. Les 3 bateaux ont gardé contact iridium pendant la traversée, et aujourd’hui Fabien nous dit être à 60 mille devant, et Gab 10 milles devant. Les conditions de nav sont enfin idéales, c’est le bonheur, nous avons trouvé le bon équilibre et vivons « presque » comme à la maison, on n’est même pas pressés d’arriver. Si c’est ça les alizés, on signe tout de suite. José a réinstallé 2 lignes de traine, mais toujours rien au bout… Un peu juste en énergie, l’éolienne ne donne pas son max à cette allure, et les voiles masquent les panneaux solaires dès le milieu de la journée. Frigo ou musique ? :  on se prive de musique, c’est duuuurrrr !!!

Mardi 20 novembre

Le vent est tombé en fin de nuit, mais reprend de la vigueur entre les deux iles de Sao Vicente et Sao Antao, heureusement, ce n’est pas l’effet venturi à 40 nds indiqué dans les guides. Fabien est arrivé vers 21h hier soir et Gab est 2h devant nous. Ils ont laissé leur AIS (balise) de façon à ce qu’on puisse se retrouver facilement au mouillage. C’est rassurant car le guide indique « deux épaves non balisées sur la route qui même au mouillage où sont ancrés d’antiques cargos non éclairés, la tenue de l’ancre peut être mauvaise par les vents dominants pouvant atteindre 40 nœuds… » (sympa donc !)On traine un peu, car on préfère arriver avec le lever du jour. La pioche tombe à 7.30 UTC, ON Y EST !!!! Oiaou et ses occupants dorment du sommeil du juste, et Fabien arrive, le sourire accroché jusqu’aux oreilles, nous souhaiter la bienvenue. Les premiers rayons du soleil éclairent les maisons colorées au bord d’une plage de sable noir.

A très bientôt pour le récit de notre escale au Cap Vert ...


dimanche, novembre 11 2012

La Gomera, dernière escale avant Cap Vert

Transat sur la Gomera : Nous n’aurions pas du transater sur Gomera directement depuis la Baia de Abona, car ça faisait une trotte, une soixantaine de milles et on est en vacances quand même ! D’ailleurs, je fais un aparté sur ce point. Nous nous sommes tous fait la même réflexion.

Alors qu’avant notre départ, 60 milles, c’est-à-dire la distance la Rochelle - ile d’Yeu, représente quand même une vrai navigation, la destination d’un week end prolongé. C’est pour nous aujourd’hui presque une formalité:  15 milles : c’est une balade, 30 milles : on peut faire la grâce matinée, et 60 milles : la barbe, il faut se lever tôt pour arriver à temps pour l'apéro !

En tout cas, cette fois-ci, ce n’était pas prévu, et le guide, que nous avons tous et qui n’est malheureusement pas encore réédité (c’est l’édition 2005), ne nous a été d’aucun secours. A Las Galletas, pas de place au port et mouillage super rouleur, on tente Los Christianos, où le mouillage est maintenant interdit dans la partie protégée, les voiliers en escale étant relégués au vent et en pleine houle, à 50m de tout débarquement et par 15m de fonds peu sympathiques (Fabien a remonté un casier et nous avons eu du mal à nous décrocher). Négociations sans issue avec la police maritime qui n’y peut rien, car c’est une décision municipale de ne pas prendre en compte les navigateurs, pas assez rentables, et nous décidons de partir directement sur Gomera, à 30 miles de là.

Bords à bords avec Black Beatle pour quelques belles photos, et on trace moteur appuyant la grand-voile pour faire le cap sur San Sébastian de la Gomera, ou plus exactement un petit mouillage que nous avons repéré à côté. Bon, on oubliera aussi ce mouillage-là, car il fait nuit noire lorsque nous arrivons sur place, et comme il s’agit d’un mouillage au raz de la falaise, on ne s’y risque pas. C’est donc entre deux ferrys rapides que nous arrivons au port de la Gomera, puis à la Marina située au fond, bien tranquille et très propre. Accueil super sympa, odeur de champignons et de forêt, falaise rouge surplombant les bateaux, ça va nous plaire ce coin-là, on le sent !

Décidément, c’est l’automne. Je ne sais pas si c’est la fête à la grenouille, mais en tout cas, quand il pleut ici, ça tombe des cordes. On ne parle beaucoup français sur les pontons, les anglo-saxons et autres se sont visiblement arrêtés à Grand Canaria avec la course de l’Arc. Ils ne seront d’ailleurs pas très nombreux sur Cap Vert, destination privilégiée des français. Certains que nous connaissons, notamment la flotte des catas, sont déjà en route, nous nous retrouvons tous là-bas.

Tout de suite une impression différente, Gomera n’est pas une ile à touristes, mais ceux qui y viennent cherchent authenticité et naturel. L’ile axe ses propositions autour de ses nombreux sentiers de randonnées et sa cuisine typique et traditionnelle. Pas de grands buildings à touristes, pas de casino, de boutiques à souvenirs, on s’y sent tout de suite bien. Les gens sont aimables et conversent volontiers avec nous. San Sébastian en est la capitale, créée au XV.C'est de là que partait beaucoup d’expéditions vers les terres nouvelles. Il en reste la Torre Del Conde, construite dans le style castillan en 1447, mais la vieille ville réserve de belles découvertes, son église de la Asuncion, très colorée, et ses petites maisons basses du port.

Comme Oiaou n’a pas pu nous rejoindre les premier jour, la mer entre Ténérife et Gomera  étant très forte, nous prenons un peu d’avance avec Fabien pour partir en voiture découvrir l’ile. C’est tout à fait faisable en une journée, sauf si on souhaite faire des randonnées, mais avec la météo du jour, on oublie tout à fait. Dans le nord de l’ile, il pleut à torrents, c’est le mot, et les cascades sont gorgées d’une eau couleur de feu, comme la terre qui est rouge sur les plateaux.

Le Feu a dévasté un quart de l'ile cet été, c'est une catastrophe écologique et un paysage de désolation que nous découvrons. Mais déjà, dans ce pays arrosé par les pluies d’automne, la végétation reprend lentement.

En revanche, la côte est très découpée, déchiquetée, et s’il n’y a pas eu d’éruption depuis la nuit des temps, il en reste la lave noire et les plages de galets de même couleur

.

Nosu déjeunons chez Cesar Manrique, du moins, le restaurant qu'il a accroché à la falaise, et qui surplombe la magnifique Valle del Rey. Petit menu typique à prix défiant toute concurrence pour nos petites bourses.

Le Parc National de Garajonay est la dernière forêt vierge d'Europe et occupe toute la partie supérieure de l’ile. Classée par l’Unesco, la forêt est constituée de plus de 20 essences arborées, notament les fougères arboricoles de plus de 20m de haut. Nous n'en profitons pas beaucoup, car il pleut et les vue depuis le plateau est complètement bouchée.

Si la pluie tombe drue sur le nord, il en reste une bruine fine qui génère de magnifiques arc en ciel.

Cette ile nous a enchanté, et la Ville de Gomera mérite qu’on se perde dans les petite ruelles d’un autre temps, où les habitants cultivent avec soin de microscopiques jardins, dans lesquels se trouvent souvent de grandes cages où chantent…. des canaris.

La météo  de la semaine à venir semble nous offrir enfin la possibilité de nous échapper des Canaries, nous ne ferons pas escale dans la dernière d’entre elle, Hiero, il faudra tracer direct sur le Cap Vert. Hiero est une ile minuscule, longtemps considérée comme la dernière terre connue, du temps où la terre était plate. Nous savons heureusement que la terre est bien ronde et c'est donc notre dernier billet avant le Cap Vert, ou peut être même avant les Antilles.

En attendant, si la connexion est aléatoire, dès qu'on peut, on profite de joindre parents et enfants. Un vrai bonheur de pouvoir se voir !

Préparer une transat d’une semaine nécessite une journée de travail, eh non, nous ne faisons pas que buller, le verre de sangria dans une main. Faire les pleins de gasoil, c’est-à-dire faire les allers-retours à la station pour remplir les jerrycans. Changer le génois neuf pour le vieux génois qui ne craint plus les journées au soleil vent arrière, nettoyer et ranger l’annexe, faire les pleins d’eau et un gros nettoyage de Quintet qui ne verra plus d’eau douce pendant presque deux mois, faire un énorme avitaillement et s’activer en cuisine afin que les premiers jours, nous ayons des choses civilisées à se mettre dans nos estomacs peu amarinés. Fixer, amarrer et caler tout de qui pourrait casser, se renverser ou se vider. Les trois bateaux sont prêts pour l’aventure, et nous ne serons pas les seuls sur l’eau, la marina est en effervescence car tout le monde profite du créneau météo pour partir vers le sud.

Tous les soirs, c'est "réunion météo", et le nouvel équipier d'OIAOU n'est pas le dernier à donner son avis. Robert, l'oncle de Laure, est un fier et volubile méditerranéen, navigateur depuis longtemps sur son endurance 35, et frère de la côte. Gab et Laure pourront lui confier des quarts tranquille...

Le 10 novembre, Fabien passe une dizaine et nous fêtons cet événement comme il se doit, avec foie gras champagne et bougies ...

Et voilà, on y est ! Je mets à jour ces dernière lignes alors que nous prévoyons de partir demain lundi 12 novembre, au plus tard mardi. Jusqu'à aujourd’hui, le vent n'a pas cessé de souffler très fort, jusqu'à 35 noeuds dans la marina, et houle annoncée à 3,50m dehors. Il y a eu des grains violents qui ont brunit les eaux cristallines de l'ile. Ça moutonne à la sortie du port et on est bien à l’abri ici. La marina mérite le plébiscite des navigateurs. Mais le baromètre remonte et l'optimisme des navigateurs aussi. La semaine qui arrive est annoncée superbe, voir peut être un peu faible en vent, mais comme on a appris à interpréter, ça devrait être vraiment cool, enfin... on l’espère.

A nous les grands surfs sur la houle. Suivez-nous sur SPOT, envoyez-nous de petits messages sur Iridium, et... à bientôt ?

mercredi, novembre 7 2012

Ténérife

Ténérife est la plus grande des iles de l'archipel, et les guides indiquent qu'il fait presque toujours beau. Presque ? nous sommes exactement dans ce qualificatif pour les jours que nous avons passé ici, vents, pluies diluviennes, c'est donc l'automne, avec 25° quand même, on reste en tee-shirt.

La marina est à côté du centre historique, on en profite donc pour se balader et redevenir des citadins le temps d'une escale: boutiques, cafés, restaurants... Un petit déjeuner en compagnie de Tortuga, et on y va.

Beaucoup d'édifices ont été édifiés à la fin du XIX.

Le récent auditorium, construit par l’architecte catalan Santiago Calatrava, est un amer idéal pour qui vient de la mer. Une saison de concerts classiques est proposée,mais il n'y avait malheureusement pas de programmation lorsque nous y étions.

En revanche, nous avons découvert le théâtre Victoria, qui propose théâtre, danse contemporaine et programmations diverses. Qui sait ce que l'avenir pourrait nous réserver, la direction d'un théâtre par exemple ? (dans une autre vie peut être )

 

Comme partout, les parcs et jardins sont foisonnants, pour nous qui n'y sommes pas habitués, nous y voyons, non pas les moineaux et pigeons, mais perruches et perroquets.

L'ancien casino, construit vers 1920, rappelle nos villes balnéaires de Deauville ou Biarritz.

La Laguna, ancienne capitale de l'ile de Ténérife, est en grande partie protégée par l'unesco. Son édification commence à la fin du XV, mais loin de l'océan, elle a été finalement abandonnée au profit de Santa Cruz, elle est restée quasiment telle que nous la découvrons, d'une richesse architecturale exemplaire.

Cette fois encore, c'est Laure qui a organisé la visite pour tous les équipages au complet. On suit et on écoute, au cas où il y aurait interrogation écrite le soir à l'apéro...

Pas de visite patrimoniale sans dégustation gastronomique, ça va ensemble. Pour le déjeuner, c'est dégustation de "patta negra", le must du jambon fumé, issue des meilleurs élevages de cochons noirs. Mais pas de Ramon' à bord cette fois-ci, c'est largement hors budget pour nous.

 

mardi, novembre 6 2012

Spot fait des siennes

Notre ami SPOT fait des siennes, et il semble que les dernières positions n'aient pas été prises en compte. Rassurez-vous, tout va bien à bord de Quintet. Nous sommes arrivés à la très sympathique marina de l'ile de la Gomera hier soir et José essaie de résoudre cette anomalie.

La rédaction de la page sur Ténérife est en cours et j'espère bien pouvoir la mettre en ligne très bientôt. Il faut cependant se rendre au bar des pirates (ça ne s'invente pas) pour avoir une connexion correcte.

vendredi, novembre 2 2012

Transat Gran Canaria Tenerife

Dimanche 28 octobre.

Environ 55 milles séparent Las Palmas et Santa Cruz de Ténérife, nous partons tôt afin d'arriver avant la nuit, d'autant qu'un bon sud ouest est annoncé, ça devrait être du bon plein. Nous partons au petit jour afin de passer plus sereinement entre les cargos au mouillages et ceux qui sortent du port. Le début est prometteur, nous sortons le geeneker, et Black Beatle, partit quelques encablures avant nous, a la bonne idée de se détourner un peu pour que nous fassions chacun un belle séance photos, sur fond de Gran Canaria. Nous lui devons donc ces belles photos, merci Fabien !

Ils ne sont beaux, Quintet et Black Beatle bord à bord ?

Sous le vent de l'ile, ça mollit, ça mollit, on se demande même si on ne va pas sortir le spi, mais comme on se doute que dès que la pointe nord sera passée, ça devrait rentrer sympa.En attendant, les lumières sont magnifiques, le ciel est chargé, l'océan couleur d'ardoise.

Et ça va rentrer, 15, 18, et hop hop hop, 20/22 nœuds, en moins de cinq minutes, on passe d'une tranquille transat au mode Yepeahhh !! iaouuuu !!! La vitesse de Quintet augmente, d'autant que la mer est relativement calme et qu'il n'y a pas de houle, plus de 6 noeuds de moyenne, un vrai bonheur !

 

Black Beatle, mené par son talentueux skipper, nous lâchera, bien sûr, mais pas tant que ça, Petit Quintet tient vaillamment son rang, non-mé-ho !

Bon, on ne peut pas tout avoir, une nav vraiment sympa et le temps ensoleillé qui va bien pour peaufiner nos bronzages. De gros grains se profilent à l'horizon et nous fonçons dedans. La pluie tombe chaude et drue, la mer fume et Quintet continue, "droit dans ses bottes", heu .... ses safrans.

Nous aurons un seul regret, ne pas avoir pu voir le Teide de la mer, qui culmine à presque 4000m, avant notre arrivée sur Ténérife. La météo de la semaine est annoncée pourrie, vents soutenus de sud ouest, pluies, etc, un temps d'automne. C'est donc direction marina Atlantico, dont l'entrée se repère bien à côté de l'auditorium repérable de loin, tout blanc.

On vous raconte dans le prochain billet notre escale à Tenerife, à très vite !

mercredi, octobre 31 2012

Gran Canaria

Gran Canaria, les guides en vantait les paysages, les richesses archéologiques, les petits villages. C'est aussi la 3è  par sa taille, derrière Tenerife et Fuerteventura et la plus peuplée, plus de 800 000 Habitants. Nous y allions aussi pour la mythique Las Palmas, qui chaque année accueille à cette époque l'ARC, Ce n'est pas que cette transat nous attirait, ce serait plutôt le contraire, mais nous imaginions trouver le rassemblement le plus important de voiliers de voyage, près à traverser l'atlantique, une ambiance, des rencontres, bref, une escale sympa.

On le dit tout de suite, Las Palmas la capitale (250 000 habitants) et l'ile de Grand Canaria, après Graciosa et Lanzarote qui nous ont enchanté, n'est pas une étape indispensable. On arrive dans un méga port de commerce, la marina se trouve coincée entre les tankers, les plates-formes pétrolières en maintenance, et les immeubles flottants, pardon, les paquebots de croisière. On nous avait dit qu'on ne trouverait pas de place en marina à cause de la Transat de l'ARC, on s'en fichait, mais pas de place au mouillage non plus. Erreur, pour un petit Quintet de 11m avec un tirant d'eau minimum, on se faufile partout.

Beaucoup de monde au mouillage, que des bateaux de voyage, dont certains ne voyagent plus depuis longtemps. Mouillage calme et sûr, seuls les bruits de la ville peuvent perturber un bon dormeur. Les gens sont sympas, sauf un irréductible gaulois qui semble plus que de raison et depuis fort longtemps, apprécier le vin Canarien ou toute boisson au dessus de 17°. Il avait lâché pas moins de 50m de chaine, faisant ainsi le vide autour de lui. Nous nous sommes fait copieusement insulter de "connards d'étrangers" parce que nous avions mouillé à 15m de son antique évasion 37. Les plaisanciers ne sont d'évidence pas tous plaisants....

Dès le lendemain, location par la même firme pas chère, et go pour le programme concocté par Laure. Premier jour, le sud de Gran Canaria, plutôt désertique, les grands canyons vertigineux (1000 en vertical pour l'un d'eux), les villages oasis, les dunes de Maspalomas et sa grande plage de sable blond sur laquelle s'agglutine des milliers de touristes, et des nudistes..., sur l'océan, les jet-skis, les parachutes ascensionnels et les grand catas promenades. Bouh ! tout ce qu'on fuit !

Puerto Mogan, peut être le seul village touristique de l'ile construit dans un esprit village traditionnel, avec bougainvilliers à profusion et petit port de pêche encore actif, nous a en revanche bien séduits. C'est naturellement construit de toute pièce, mais dans un style rappelant les maison insulaire traditionnelles. De petites maisons blanches construites sur deux niveaux, devant les barques multicolores des pêcheurs.

Nous sommes montés au mirador, qui donne une vue plongeante sur le port et la ville, avec ses toits-terrasse où de jolies touristes se plaisent à bronzer en tenue d’Ève. Je ne sais pas pourquoi les hommes sont restés si longtemps à admirer le paysage avec les jumelles....il n'y avait pourtant aucun bateau au large.

Le restaurant La Tortuga !, Comme vous vous en souvenez peut être, Tortuga est notre doudou porte bonheur offerte par les copains. Elle s'accroche à l'épontille de la dérive, au milieu du carré, et nous regarde jours et nuits avec son sourire trop cool. Tortuga est donc le surnom de Quintet, petite maison sur le dos, lentement mais sûrement...

Le restaurant est tenu pas des français, c'est si rare qu'il faut le souligner, et comme ils nous ont demandé de leur faire de la pub, on ne s'en prive pas, avec un nom aussi sympa. Nous avons en effet pu remarquer que les Canaries vivent en grande partie du tourisme germanique, suédois (ou nord européen) et anglais, vous ne trouverez d'ailleurs pas de cartes de restaurant en français, certains restaurants annoncent d'ailleurs nettement la couleur, plats et boissons ne sont pas du tout d'inspiration exotique et le touriste allemand se sent comme chez lui. La question a donc été posée au restaurateur: "c"est simple, les français viennent un peu en juillet-août, mais les autres, surtout les allemands, viennent toute l'année". Ça a le mérite d'être clair.

Si cette ile ne nous a pas laissé un goût de "revenez-y", c'est peut être aussi parce que nous avons vu tellement de belles choses depuis notre départ, que nous devenons carrément difficiles. Et puis, si nous avons un super moral et que nous sommes vraiment heureux de cette aventure, nous accusons un peu la fatigue. Il est d'ailleurs fort possible que nos organismes, habitués à entrer en hiver à cette période, se sachent plus ce qu'il convient de faire pas ces températures estivales. Sans entrer en hibernation, il va peut être falloir se mettre au rythme nonchalant des iles, nous avons d'ailleurs sacrément envie de buller un peu. Ou alors, comme le préconise docteur Gab, prendre les vitamines, des figues peut être ?

Les figues de barbaries sont mûres, et José se risque à en ouvrir une. Théo avait connu la mauvaise aventure de se piquer le palais avec les très urticantes épines. Il vaut donc mieux ne pas toucher le fruit. Comment font font les canariens pour en faire des confitures ? il faudra leur poser la question.

L’intérieur de l'ile côté nord est très montagneux, avec des villages comme des oasis au creux des roches volcaniques, mais des heures de voitures dans ces conditions ont vite fait de lasser passablement la flotte. Un petit resto perché à flan de ravin remet sur pieds les cinq navigateurs.

Le village de Teror, prospère au milieu du XXè siècle, ressemble à un décor de cinéma. Ce samedi après midi, les rues sont vides, les fenêtres et les façades fermées, mais où sont les habitants ? Il semble que des efforts soient fait pour garder une authenticité aux constructions, c'est le seul endroit où les menuiseries traditionnelles n'ont pas été remplacées par d'horribles menuiseries PVC. Les portes cochères sont en pin massif des Canaries, comme les balcons et avancées qu'on trouve aussi dans le sud de l'espagne.

Nous n'aurons pas du tout été charmés pas cette ile, dévolue toute entière au dieux du tourisme de masse, l'homme a saccagé cette nature qui devait être magnifique, éventré les falaises pour y accrocher d'horribles buildings. Des plages, pour lesquelles du sable corallien a été amené des Antilles, (un comble !) ont été créées au bas des falaises de laves. Les cultures en terrasse sont abandonnées, les ports de pêches disparaissent au profit de marinas, il faut s'enfoncer loin dans les terres pour trouver ce qui semble être encore authentique.

Comme dans toute civilisation mercantile, les méga-hypermarchés sont implantés aux abords des villes; et les équipages de Quintet, Oiaou et Black Beatle ont donc profité de la voiture pour faire les achats nécessaires à Leroy Merlin et Auchan, qu'on appelle ici El Campo. Un Super marché comme on n'en verrait pas en France du fait de la protection littorale, implanté presque au bord de l'eau, avec vue imprenable sur l'océan, peut être la seule consolation pour les caissières.

Le lendemain, à l'aube, nous partons pour Tenerife, 55 milles ou une bonne grosse journée de nav, avec une météo semble-t-il "ventée". Black Beatle part avec nous, mais Oiaou reste une journée de plus pour attendre des équipières.On va essayer de bien dormir pour être en forme.

Demain 1er novembre, profitant du port et de la connexion Wifi pas trop lente, je vous raconte notre transat sur Tenerife

mardi, octobre 30 2012

Fuerteventura, furtivement

Vous qui comme nous avant de venir, n'aviez qu'une idée approximative de la géographie des Canaries, voici de quoi mieux suivre notre périple, et pour cette page, la rapide découverte de Fuerteventura, du 23 au 25 octobre,

Évidement, nous aurions envie de tout faire, de tout voir, et en même temps, de profiter des vacances, se baigner, ne rien faire... Les iles des Canaries ne sont pas si proches les unes des autres, et en bateau, passer d'une ile à l'autre peut prendre plusieurs jours. Comme nous visitons les Canaries de l'est vers l'ouest, il faut tenir compte des vents dominants. Notre première escale depuis Lanzarote, (7 milles seulement) las islas de los Lobos, ou l'ile des loups, tout à fait au nord de l'ile. Naturellement, jamais aucun loup ne s'est aventuré là, mais ce sont les otaries à fourrure qui jadis avaient élu domicile ici et que les habitants avaient dénommé ainsi. C'est aujourd'hui une étape agréable car il y a un vrai lagon magnifique et un petit village de pêcheurs. Malheureusement, nous n'avons pas pu débarquer. Pour la première fois, nous avons regretté d'avoir une annexe trop peu rapide pour passer les rouleaux de la passe, dommage, il parait que c'était sympa. En tout cas le coucher de soleil sur la flotte française était magique !

Alors, passer par le nord, le sud, voir celle-ci ou oublier celle-là. D'après les guides et radio-ponton, Fuertevetura ne semblait pas rassembler les suffrages, nous avons donc choisi la route sud, afin quand même d'en voir la côte la plus spectaculaire, et de faire deux rapides escales, "pour voir". Deux Navigations d'une bonne quarantaine de milles, deux bonnes journées de nav.

Notre avis: Fuertevetura semble encore préservée d'un mitage touristique, mais cela ne durera pas, car déjà, sur les deux escales, notamment Gran Tarajal, c'est vraiment la caricature du tourisme "bas-de-gamme", Immeubles HLM et pizzerias, boutiques de produits manufacturés China, le tout quasi exclusivement germanophone. Le patron du café Wifi où nous nous sommes posés pour prendre les mails, ne parlait même pas espagnol, mais allemand et anglais, les radios et télés allumés l'étaient sur les chaines allemandes. Cependant, pour qui aimerait la solitude, l’intérieur et les rares petits villages vus de l'océan semblaient prometteurs. En revanche, il faut savoir que Fuerteventura développe un programme important pour la préservation des tortues de mer qui viennent se reproduire sur les immenses plages de sable fins du nord de l'ile. Nous avons vu le centre d'adaptation, et croisé beaucoup de ces tortues à la carapace plutôt rouge, grandes de 60cm à 1m, entre Fuerteventura et Gran Canaria.

Vite, vite, traçons sur Gran Canaria, qui devrait nous séduire davantage. Le temps commence à compter, car nous nous étions fixés de transater sur le Cap Vert début novembre. Si nous avons déjà décidé d'éliminer la Palma de notre périple, aurons nous le temps de découvrir Ténérife, La Gomera et Hiero ?

dimanche, octobre 28 2012

Lanzarote

Dimanche 28 octobre, nous venons d’arriver à Santa Cruz de Tenerife, comme vous avez peut-être pu le voir sur notre position SPOT. Tout va bien, nous allons peut être rester quelques jours à la Marina pour nous reposer, et préparer tranquillement Quintet pour la transat sur le Cap Vert. Le temps est brumeux, même s’il fait chaud et un gros coup de vent de sud ouest est annoncé cette semaine. Nous avons reçu tout plein de petits messages iridium, et sur le blog merci les papi-mamies, Grand SAMMM, Brigitte-qui-danse, Dune, Maryse, David, Patrick et Marie Laure, Mme Queran, et d'autres amis, mais pour ceux qui signent avec des pseudos, mais qui-ça-peut-ben-nêtre ? De la même façon, si vous signez avec un pseudo sur le blog, vous nous faites jouer aux devinettes et nous ne savons pas toujours de qui il s'agit, dommage ! En tout cas merci à tous de vos encouragements. La connexion semble parfaite, et je vais enfin pouvoir mettre à jour nos aventures. Je pense donc pouvoir éditer plusieurs pages ces prochains jours, pour votre plus grand plaisir j’espère.

Lanzarote : du 17 au 22 octobre 2012


Graciosa Lanzarote, une petite navigation d'une trentaine de milles, absolument super cette fois-ci. Tous les français, ainsi que d'autres bateaux, sont partis de Graciosa en même temps, incitant les plus joueurs à régater le long de cette côte nord. Vent de 15 à 20 nds, mais il faut jouer avec les reliefs de l’ile et parier sur les effets venturi,  et s’ils ne sont pas trop violents, c'est amusant.  Par ailleurs, le paysage est à couper le souffle, quasiment vierge de toute construction, c’est le règne volcanique dans toute sa démesure, nous avons hâte de découvrir cette ile. Nous dépassons avec joie plusieurs bateaux étrangers, visiblement de lourds ketch aciers, mais nous ne pourrons pas rattraper Oiaou qui arrive encore une fois largement premier. Black Beatle a du nous devancer, son étai de genois a été mal monté (pourtant par un professionnel…) et s’est démanché, il ne tenait plus que par le génois. Fabien a donc devancé l’escale et se trouve déjà à la marina de Rubicon pour préparer la réparation, l’équipage de Oiaou et Quintet venant donc lui donner un coup de main. C’est rassurant de naviguer en flotte, car on peut mutualiser les compétences, et souvent les outils, ce qui sera le cas cette fois-ci, peut être avez-vous pu voir les photos de la réparation sur le site de Mer Belle Évènements en lien de notre blog.

L’arrivée à Rubicon se fait sous un ciel chargé, et nous voyons une ville sortie de toute pièce de la lave, mais assez homogène : immeubles et maisons basses et blanches. Le mouillage est rouleur, mais tranquille et sûr, si l’on vérifie sa tenue sur roche, merci l’ancre Spade qui confirme ses qualités.

Marina Rubicon, à éviter tant que possible sauf si on ne compte pas ses euros. A peine amarrés au ponton d’accueil, un marineros très aimable vient marcher à grandes enjambées à côté de votre voilier, puis vous annonce, grand sourire, que Quintet mesure…  13,50 m ! et que donc, le prix de la journée, ( auquel vous devez ajouter la caution de 50E pour la prise électrique, et 20 E pour la clefs de douches) est de 40 Euros de midi à midi, peu importe si vous arrivez en soirée, il faut dégager avant midi pétante. On râle, on négocie, Oiaou repart au mouillage, et pour nous, les voilà qui reviennent avec un décamètre, 11,60, ouf, on a déjà gagné une catégorie, mais les français sont catalogués : des râleurs. Bien sûr, en marina Disneyworld qui se respecte, on remonte ses panneaux solaires contre le bateau et son annexe sur le pont, voir son bout-dehors, on ne fait pas sécher son linge et serviettes dehors, et on n’invite pas ses amis du mouillage à bord (les gueux) d’ailleurs, ils n’ont pas droit d’entrer en annexe dans la marina… tout est nickel, rien de dépasse,bref, marina 4 étoiles, mais pas ce qu’on cherche du tout. Inutile de dire qu'on va leur faire la pub sur Sail the World et on ne sera pas les seuls.

Dès le lendemain, retour au mouillage, parfait et départ pour la découverte de l’ile.

Porto Blanco, à côté de la marina est animé, touristique, et très sympa, une belle promenade longe la mer.

Mais ce qu’on est venu voir à Lanzarote et ce qui fait sa célébrité, ce sont les volcans. Toute l’ile n’est qu’une chaine de volcans, et la dernière éruption, qui a eu lieu en 1824, c’est-à-dire hier, a dévasté une grande partie de l’ile et a radicalement changé sa physionomie.

La chose à voir sans faute, c’est le parc national de Timanfaya, créé en 1970, permet de voir, telles qu’elles ont été figées, d’immenses étendues de laves, impraticables à pied. C’est maintenant un véritable laboratoire de recherche autour de la volcanologie (les volcans ne sont pas éteints, et donc sous surveillance étroite), et des processus de colonisation de la faune et de la flore. Difficile, car plus de vingt degrés d’écart entre le jour et la nuit sont enregistrés.

Le seul dommage, est l’obligation faite aux milliers de visiteurs, d’emprunter les bus fermés et de voir, derrière les vitres, les merveilles de ces lieux. Cela se comprend néanmoins, quand on constate le manque de civilité de beaucoup de touristes ou habitants, on jette encore tout et n’importe quoi, à la mer comme dans les lieux les plus magiques…. Il est donc certain que rapidement, les lieux seraient envahis de mégots, papiers gras et sacs plastiques.

Nous sommes vraiment des lilliputiens dans ce décor grandiose…

Naturellement, l’une des missions du parc est de faire la démonstration que dix mètres sous nos pieds, la lave n’est pas loin. Un sceau d’eau et hop ! un geyser !

De la même façon, le restaurant du parc propose des demi-poulets « sur la braise », touristique et au prix du chapon fin, mais original, avec le point de vue le plus exceptionnel du parc.

Il peut faire chaud, très chaud, et la pause déjeuner s’impose à la flotte du ponton 21. Comme toujours, c’est Laure (que José, GAb et Fabien surnome maintenant "maitresse") qui prépare les excursions, toujours de bonnes idées, mais la pause estomac se décide en concert. Le  village et le petit port de Los Lajares n’est pas envahie par la touristico-mania, et les tapas sont extras.

Pour digérer, il n’en faut pas plus aux grands enfants que nous sommes pour inventer, alors que nous traversons des contrées désertés, d’improbables scènes de western canariens.

Nous avons déjà remarqué que l’architecture contemporaine de Lanzarote garde une certaine unité. C’est probablement grâce à César Manrique, un artiste né à Lanzarote en 1919. Il a œuvré tout sa vie pour son ile, et lorsque celle-ci amorce son développement touristique dans les années 70, César Manriqe va réussir à convaincre, et à imposer un modèle d’intervention sur le territoire qui fait encore aujourd’hui référence. Les résultats sont déterminants et contribuent à classer Lanzarote réserve de biosphère par L’Unesco en 1993. Ainsi, même si l’ile se développe et de grandes résidences touristiques sont construites, elles ne dépassent pas 2 étages et sont blanches, avec toits plats.

Cesar Manrique était (il est mort en 1992) un artiste complet (peinture sculpture, architecture et urbanisme…, sa maison, aujourd’hui un musée, se trouve au cœur d’une coulée de lave, étonnant !

La Cueva de Los verdes est le fruit d’une éruption du volcan de la Corona, qui aurait, selon les géologues, eu lieu il y a 5000 ans environ. C’est un vaste « tunnel » de plus de 6 km, qui a longtemps servis de refuge aux insulaires, notamment au XVI et XVII, lorsque les pirates faisaient leurs razzias. C’est tellement grand et haut, et le « tunnel » bénéficie d’une température constante de 20° sans humidité, qu’un auditorium de 200 à 300 places a été aménagé et que des concerts de musique de chambre sont organisés.

On ne parle pas de Lanzarote sans parler des vignes, creusées à même la lave, afin d’en récupérer le peu d’humidité. Évidemment nous avons les gouté les vins, le blanc sec a reçu tous les suffrages, mais le touriste étant pris pour ce qu’il n’est pas toujours, nous n’avons pas acheté de vin de Lanzarote au prix d'un chateau Eyquem.

Deux jours de trek voiture à Lanzarote sont suffisants pour en faire le tour. La location d’une voiture est vraiment la solution liberté la moins couteuse, 21 E/jour, sans caution, sans franchise, c’est pas en France qu’on verrait ça. Prochaine étape, Fuerteventura et l’islas los lobos, à très vite ?

vendredi, octobre 19 2012

Graciosa

Graciosa, la gracieuse, on peut se demander quel est l'explorateur qui lui aurait donné un nom aujourd'hui si peu conforme à sa nature, totalement aride et désertique, dans les tons volcanique ocre, jaunes ou rouge. Et pourtant, quel charme particulier a cette ile occupée par quelques pêcheurs et habitants, et par les touristes qui viennent chercher solitude et calme. Quasiment pas de voitures, ni autre moyen pétaradant, les rues sont de sable et de pierre, quelques restaurants, et voilà... La playa francesca est au sud ouest, abritée des forts vents qui viennent à l’opposé, mais aucun arbre, aucun relief ne viennent les arrêter, créant des effets venturis qui peuvent être trompeurs, il vaut mieux avoir une bonne ancre et lacher beaucoup de chaine, d'autant que les fonds sont rocheux et peu accrocheurs.

Arrivé en fin de matinée, nous avons eu la joie de retrouver l'équipage de JAD, et de faire la connaissance d'autres français partis également à l'aventure. Gilles, le capitaine de JAD, nous convie immédiatement au barbecue organisé le soir même sur la plage, Cela ne pouvait mieux tomber pour fêter notre arrivée sur les Canaries, Oiaou et Black Beatle n'ont même pas le temps de lâcher l'ancre qu'ils sont déjà au coin du feu avec nous.

Beaucoup de familles, surtout en catamaran, avec des bébés, des enfants ou des ados, qui se retrouvent aux escales avec bonheur. Nous avons fait la connaissance d'une famille béglaise, presque des voisins, incroyable !!  Beaucoup de couples aussi. Tout ce monde voyage sur de moyens ou grands bateaux (avec 36 pieds, nous sommes les plus petits des français), des récents ou vieux navires, bien équipés pour la plupart, mais là n'est pas l'important, nous avons tous le voyage dans la tête. Soirée formidable, qui se terminera pas un bain forcé pour tout le monde, histoire de baptiser les navigateurs.

 

Le lendemain, petite visite du village qui se trouve à 3/4 d'heure de marche du mouillage. Pleines de charme, les petites maison blanches semblent pour la plupart être des résidences secondaires et sont fermée à cette saison. L'église est ouverte et possède un mobilier entièrement tourné sur le thème marin.

Aujourd'hui, l'eau ne semble pas être comptée, mais on peut encore voir les anciens réservoirs, car quand il pleut ici, ça pleut fort..

L'escapade en haut du volcan qui domine le mouillage est époustouflant, et si la montée est raide, la vue qui s'offre à nous d'en haut vaut la peine. Le mouillage est bien visible sur ces photos, et l'on peut voir aussi l'ile de Lanzarotte au fond, qui sera notre prochaine escale.

 

Tout petit au bout du doigt de José, et le plus près de la plage grâce à son petit tirant d'eau, notre joli Quintet.

Nous évoquons souvent Jean et Maud, qui manquent à l'aventure, mais il est sûr que Jean serait resté sur GranSoun, à nous regarder escalader le volcan. La récompense, la baignade dans une eau claire, avec les multiples poissons multicolores...

à bientôt sur Lazarotte ?

jeudi, octobre 18 2012

Transat Madère Graciosa

Transat Madère Graciosa, c'est 275 miles ou environ 500 km. Pour Quintet, une traversée estimée à environ 2 jours, ou une cinquantaine d'heures. Oiaou et Black Beatle choisissent de partir en fin de journée, nous préférons partir à l'aube pour anticiper sur le petit coup de vent prévu en soirée, et puis on ne sait jamais, pour une fois qu'on pourrait arriver les premiers... Nous vérifions toutes les prévisions météo disponibles: il est prévu un vent de 10/15 nœuds, forcissant 20 en soirée de la première nuit, houle de 1,50 à 2m, ça devrait le faire. Le départ est plus que tranquille, nous sommes à l’abri du vent de Madère et des iles Desertas, et pendant presque 30 miles, nous n'avançons qu'à un tout petit 3 à 4 noeuds sous GV et Gennaker. Qui va piano va sano... On sait que ça ne va pas durer, dès le début de soirée, et au sortir de l'abri des iles, voilà Éole qui s'y met, les 20 noeuds y sont, nous laissons le génois et mettons par prudence la voile à un ris, de quoi être tranquille (ou presque) pour la nuit. Ça ne montera pas davantage, heureusement, et comme nous sommes amarinés, les quarts s'enchainent sans trop de fatigue.

Une transat idéale, c'est ça: une mer belle, une houle large et pas trop puissante, un temps magnifique avec beau soleil, un vent portant à 10/15 nœuds, le vent du large n'ayant rien à voir avec celui des pertuis bretons, 15 nds serait un temps de demoiselle. Les journées passent facilement dans ces conditions, nous lisons, passons des heures à laisser l'esprit vagabonder sur l'horizon, faisons la sieste à toute heure (surtout moi la dormeuse) et nous parlons, de tout, de rien et de l'essentiel. Pas de vidéos, peu de musique, car nous avons un problème de charge de batterie que José ne résoudra qu'à Lanzarotte. On économise donc l'énergie pour la réserver au pilote et aux instruments du bord.

Depuis le départ de La Rochelle, on ne peut pas dire que la pêche a été bonne, à croire que les océans se vident en effet. En tout cas, nous avons plusieurs fois été témoins du gaspillage des pêcheurs, comme ce début de transat, où nous avons, à quelques encablures du port, navigué dans une nappe de poissons morts, des chinchards ou grosses sardines, visiblement rejetés d'un retour de pêche, où cette autre fois, où les pêcheurs au filet rejetait des dizaines de poissons morts, probablement invendables. Bref, toujours est-il que nous, si nous pêchons, nous mangeons. Et cette fois, c'est enfin, une magnifique coryphène de 71cm, preuve à l'appui, que José estourbit d'un bonne rasade de Pastis, coupe en darnes et met rapidement au frigo. Nous la garderons pour se régaler avec Oiaou et Black Beatle à l'arrivée prochaine.

Lors de traversées idylliques comme celle-ci, ce sont presque les nuits que je préfère. Depuis notre départ du Portugal, les rencontres en mer sont quasi inexistantes, nous ne rencontrerons que deux cargos, dont l'un se déroutera pour nous éviter. Sympa, car avec GV et Genois tangonné, il nous aurait fallu manœuvrer, et on devient flemmards. De la même façon, les filets ou casiers qui nécessitaient une veille attentive sur les côtes espagnoles ou portugaises sont oubliés. Enfin, les bateaux de voyage sont encore plus rares, et une voile à l'horizon devient l'événement de la journée, l'occasion de se mesurer, et pour nous rarement l'occasion de gagner. La nuit donc, on met les sens en éveil, écoutant Quintet pointer son étrave dans le noir vers le sud est, observant les voiles à la lueur des étoiles, traçant son sillage planctonique lumineux comme une comète laisse sa trace dans le ciel. On observe sans fin le firmament, les satellites qui passent rapidement dans le ciel, les avions qui vont et viennent d'un continent à l'autre, et les étoiles enfin, qui dessinent des formes imaginaires.

Au petit matin, Graciosa, l'ile la plus à l'est de l’archipel des Canaries, se dessine devant un soleil radieux, et il nous faudra encore 6 heures pour atteindre la playa francesca, la plage des Français, pour retrouver, non pas Oiaou et Black Beatle qui arriveront en soirée, mais bien d'autres français bien sympathiques qui nous ont réservé un bel accueil, mais ce récit, je vous le ferai dans la prochaine page du blog.

dimanche, octobre 7 2012

Iles de Madère

Bonjour à tous nos lecteurs, nous vous avons laissé sans nouvelles fraîches depuis le récit de la traversée "un peu agitée" Lisbonne-Madère. Je vais enfin pouvoir rattraper mon retard, alors que nous sommes, ce 18/10, au mouillage de Lanzarotte pour 2/3 jours, avec une connexion très moyenne, mais suffisante semble-t-il. Tout va bien, les "hommes" sont en opération "maintenance et réparation" des bateaux, qui, souffrent évidemment d'être sollicités 24h/24, je vous raconterai cela dans un prochain billet, ce qui nous permet pendant ce temps-là, à Laure et moi, d'assurer la couverture journalistique de nos aventures.

Nous confirmons bien que nous recevons tous vos messages sur l'iridium (oui, oui David), et s'ils ne sont pas signés, nous reconnaissons souvent votre prose. attention, on vous rappelle qu'il ne faut pas dépasser les 160 caractères tout compris et d'indiquer votre nom ou adresse mail, sinon, nous recevons des messages incomplets et non signés, dommage.... De la même façon, nous ne pouvons répondre en mer, faute de connexion Wifi, que nous faisons peu de ports et marinas, par goût et économies, donc pas de Wifi non plus, voilà pourquoi nous ne répondons pas, même si ça nous démange bien souvent.

donc .... les iles de Madère...

Après le golfe de Gascogne, que nous avions déjà pratiqué plusieurs fois, la traversée Lisbonne Madère était donc la deuxième épreuve que nous abordions. Une appréhension bien légitime, mais pas d'inquiétude; comme vous l'avez lu dans le récit de José, si la météo n'a pas été tout à fait conforme aux prévisions, Quintet a confirmé notre confiance, et nous prenons aussi petit à petit de l'assurance.

L'arrivée à Porto Santo, située à 40 milles environ de l'ile principale de Madere, est magique. Surgit de l'immensité, la terre s'est élevée il y a quelques milliards d'années et c'est comme si cela venait de surgir sous nos yeux. C'est puissant, brut, sauvage, impressionnant, d'autant que nous arrivons par le nord-est, la côte est plus déchiquetée encore. Les forces titanesques ont plissé les roches, formant ainsi des stries monumentales aux couleurs de feu. Seul mouillage possible, le port de Porto Santo, où nous pouvons enfin dormir et récupérer à l'aise, en attendant l'arrivée imminente de Black Beatle.

Accueillis comme il se doit après 1 140 miles directement depuis la Rochelle, Fabien et Théo passent "à la baille".

Naturellement, on ne peut faire autrement que fêter les retrouvailles de la flotte du ponton 21dans un petit resto bien sympa, et d'arroser nos aventures de capihirina bien dosées.

Découverte en 1418 par des navigateurs portugais, un an avant Madère, Porto Santo se caractérise par sa grande plage de sable fin qui longe les 9 kms de sa côte sud et ses eaux turquoises et chaudes. Totalement désertique, elle se développe aujourd’hui grâce à une usine de désalinisation de l'eau de mer, et devient ainsi le lieu de résidence secondaire chic de Madère. Le reboisement avec des essences locales se fait lentement, et quelques vignes tentent ça et là de produire un vin local, que nous n'avons pas goûté.

Le seul intérêt patrimonial de l'ile est la maison de Christophe Colomb, où il a séjourné quelques temps. Un petit musée sans intérêt rappelle ses expéditions.

Les visites patrimoniales vont se faire plus rares, excellent prétexte pour profiter de la plage, et de l'eau à 26°....

Nous avons fait le tour de Porto Santo et devons poursuivre le voyage, destination Baia de Abra, le premier mouillage au nord-est de l'ile principale de Madère. Vent nul, houle inexistante, c'est au moteur que nous rallions Madère. Les trois bateaux sont seuls, comme de vrais explorateurs au creux de falaises abruptes. A 15 mètres, nous commençons à voir les fonds et mouillons l'ancre dans un sable de bonne tenue par 6 m. Impossible de résister, palmes, masques et tuba sont sortis du coffre, et nous passons un bon moment à nager avec les poissons multicolores et peu farouches. Au dessous de nous, les raies volent sur le sable, trop petites cependant pour en faire un dîner, du moins, c'est ce qu'on dira à Gab, déjà prêt avec son fusil-harpon. Elles étaient vraiment trop belles pour finir dans l'assiette.

 

Laissant nos amis faire la grâce-matinée, José et moi sommes partis à l'aube randonner sur la pointe extrême de l'ile. Les superlatifs ne manquent pas, c'est déchiqueté, puissant, impressionnant. Une quarantaine d’espèces d'oiseaux vivent cependant là, nous ne savons pas les reconnaitre, mais certains semblent ne pas être des oiseaux de mer, mais de petits volatiles dont on se demande de quoi ils se nourrissent, en tout cas, certainement pas des innombrables lézards peu farouches.

A quelques milles, le mouillage de Machico est aussi rouleur que le précédent, mais il y a fête au village, avec procession religieuse très colorée. Paiens que nous sommes, ce sont plutôt de solides brochettes de bœufs qui nous attirent. La viande est vendue au kilo, coupée en gros morceaux enfilés sur une branche fine, qu'il ne nous reste plus qu'à faire cuire sur la braise. Le tout accompagné du pain plat typique, cuite sur la pierre, coupé en deux et copieusement tartiné de beurre aïllé, et d'un petit vin bien trompeur. Les portugais de Madère sont très chaleureux, parlent tous français, ce qui facilite les échanges, surtout au coin du feu.......

, vue

Madère, et sa côte sud vue de l'ocean, nous nous semble pas très séduisante. La construction de l'aéroport prise sur la mer, l'urbaniste galopant et hétéroclite, la voie rapide qui ceinture l'ile, gâchent le paysage que l'on devine pourtant comme ayant été époustouflant. Funchal en est la capitale et sa visite montre, derrière les ensembles urbains contemporain, une ville aérée, élégante, et fleurie. Peu de places dans le port, c'est encore au mouillage (rouleur) que nous restons, à côté des paquebots énormes qui viennent s'amarrer, déverser leur flots de touristes, et repartir, éclairé comme à noël.

Sur les grandes avenues, des édifices d'inspiration coloniale, on dira madérienne, abritent aujourd’hui, des cafés et restaurant huppés.

C'est de là aussi, que nous louons une voiture pour faire le tour de l'ile, et c'est parti pour l’équipage de Quintet et Oiaou, celui de Black Beatle ayant choisi de musarder dans la ville... Il serait difficile de résumer, et nous avons conscience qu'une fois de plus, nous ne faisons que survoler une escale, qui mériterait assurément d'y rester plus longtemps. Ainsi, nous ne ferons pas les levadas, canaux construits à flanc de montagne pour acheminer l'eau sur la côte sud et qui constituent aujourd'hui des randonnées magnifiques. Nous ne ferons pas non plus les parcs botaniques, et notamment la forêt laurissilva, octobre n'étant en outre pas la saison idéale. Mais nous aurons toutefois pu, en faisant le tour de l'ile, avoir une idée globale, visiter quelques jolis village et voir les piscines naturelles de la côte nord, monter dans le brouillard dominer les vallées abruptes, brefs, une belle escapade.

Je vous laisse en profiter:

Pas d'abris pour les plaisanciers sur la côte nord, mais quelques petits ports de pêcheurs.

le chapeau traditionnel, enfin, il ne fera pas partie des achats indispensables...

les coulées de lave ont laissé des piscines naturelles, dans lesquelles les touristes viennent aujourd’hui se baigner

Les dernières maisons traditionnels, constituées d'une seule pièce. Celles que nous avons pu voir sont aujourd'hui des boutiques de souvenirs, ou servent de grenier à foin.

Ce n'est plus la saison idéale pour découvrir Madère en fleur, mais partout, le long des routes, le moindre espace est envahi de rhododendron, magnolias, et fleurs de toutes couleurs, le printemps ici doit être extraordinaire......

Sur la côte sud, sur les flancs abruptes des antiques volcans, les bananiers poussent à profusion, fournissant de petits fruits très gouteux, souvent servis chauds avec le plat principal, comme nous l'avons testé. Le tourisme, comme la culture de la banane, sont largement financés par les fonds FEDER. Ces fonds européens tiennent à flots une économie moribonde, et de nombreux madériens sont désœuvrés, comme nous en avons parlé avec ceux que nous avons rencontré.

 et voilà ! prochain billet, la traversée Madère - Canaries ... Je bosse, je bosse ....

vendredi, octobre 5 2012

Transat Lisbonne - Ile de Porto Santo

Après nos aventures portugaises, que avez certainement suivies sur le blog, nous décidons de commencer notre périple avec la première traversée pour les iles de Madère. Après avoir toutes les précautions nécessaires au niveau de la météo, nous décidons de partir ce dimanche. La météo annonce vent portant 10 à 15 noeuds, grand soleil et petite houle d'1,50m. Le temps rêvé pour des navigateurs amateurs.

Dimanche 30 Septembre. Nous partons très tôt, la lune nous accompagne le temps de la sortie du Taje. Quintet file à 8,5 noeuds avec le courant descendant. En passant sous le pont du 24 avril, un dernier salut au Christ rédempteur qui surplombe le pont, et nous voilà partis pour 4 jours, que nous espérons de pur bonheur. La journée se passe fort agréablement, malgré une houle croisée plus importante que prévue. Quintet file à une moyenne de 6,5 noeuds. Malheureusement, vers 17.30, le vent se met à forcir, la houle se fait de plus en plus croisée et haute, et surtout, très courte entre chaque vague. Quintet file maintenant à 7 noeuds. Le vent continue à forcir, 25 noeuds maintenant et la houle est maintenant énorme. Nous prenons la décision de prendre un ris dans la grand voile, puis un ris dans le génois. Le vent continu de forcir à 30 noeuds et la houle formée est à plus de 4 m maintenant, nous prenons un deuxième ris dans le génois. Il est maintenant 19h30 et nous nous apercevons très vite que ça ne suffira pas. Nous décidons d'enrouler le génois et de sortir la trinquette. La navigation est maintenant de plus en plus pénible, d'autant que la nuit est tombée, pour 12 h. Quintet fait des surfs à plus de 10 Noeuds c'est impressionnant!! il faut être très vigilant car une énorme  houle arrive de l'arrière croisée par une houle de travers. Malgré notre vigilance, Quintet se fait rouler fortement. L'océan est d'encre, les crêtes des vagues frappent avec violence l'arrière du bateau.

Le pilote Fidelio semble ne pas anticiper suffisamment les conditions, et je reprends donc la barre pour me rassurer. Quintet nous rassure par sa stabilité et à aucun moment, malgré le stress, nous ne nous sentons en danger.

La nuit fut donc très mouvementée, nous sommes quelque peu inquiets pour l’avenir de cette aventure et avec la fatigue, de nombreuses questions envahissent nos têtes. Nous n'avons pas envie de vivre de tel moments et nous posons même la question quant à la poursuite de l'aventure. Nous remettons en causes nos compétences pour un tel projet, surtout si nous rencontrons des conditions plus musclées, mais je reste positif, et m’efforce de trouver des arguments à la poursuite de cette aventure. J'ai dormi cette nuit 3 fois 10mn et Sylviane a le mal de mer pour la première fois depuis notre départ. Nous sommes épuisés et inquiets à l'idée de passer plusieurs jours dans ces conditions.

Lundi 1er  Octobre, la mer se calme enfin et le moral remonte. Les estomacs sont amarinés. Cette deuxième journée sera cependant usante pour les nerfs, avec des vents, passant sans transition de 2 à 25 noeuds et une mer désordonnée. Nous passons notre temps  à régler sans cesse les voiles. Enfin, pour clôturer cette journée moyennement agréable, nous traversons le rail des cargos avec quelques belles frayeurs, et je me félicite du judicieux achat de l'AIS, conseillé par Johan, toujours de bon conseil. En effet, afin de prévenir les collisions de cargos en mer, des "autoroutes" maritimes ont été définies, et les cargos doivent les suivre. Bien sûr, elles ont plusieurs milles de large avec un "terre plein" central, mais les cargos vont vite en mer et ils sont vite sur de lentes embarcations comme la nôtre. Il s'agit donc, pour les voiliers de traverser au plus vite ces autoroutes et c'est donc source de stress. Enfin, le vent et la mer se stabilisent vers vingt heures et nous nous régalons enfin pour la première fois de la traversée à la voile. Le ciel est étoilé, la mer est belle et pour le plaisir, je prends la barre une partie de la nuit, laissant ainsi Sylviane dans les bras de Morphée, pour son son plus grand plaisir.

Mardi 2 Octobre, les vents sont de nouveau instables en cette matinée, mais par trois fois dans la journée, les bandes de dauphins viennent nous saluer, et détendre l'atmosphère et nous distraire!! Nous voyons leur poursuite de bancs de poissons affolés qui volent sur l'eau, on pense même que ce sont des poissons volants, d'ailleurs, on en retrouvera un spécimen quelque peu séché à l'avant du bateau, lors de l'arrivée à Porto Santo. L'après midi  passe agréablement, Quintet glisse sur une grande houle régulière et le moral est cette fois au plus haut. Enfin, nous pouvons vivre normalement en laissant Fidelio barrer, reprendre nos lectures. Je suis plongé dans le livre d'Ellen MacArthur, prêté par Gab à la dernière escale. Quand on voit ce qu'elle est capable d'endurer, on relativise les mauvaises conditions des premières 24h. Dans la nuit, l'AIS nous rassure car nous passons très au large de Gibraltar et de nombreux cargos croisent notre passage.

Mercredi 3 Octobre. Le jour se lève et nous salue d'un soleil radieux et une mer enfin conforme aux prévisions, longue et large, avec les alizés portugais. L'eau est d'un bleu incroyable et nous  pouvons enfin prendre plaisir à la contempler, avec une envie folle de s'y baigner, d'autant qu'elle est à 24.5° Les 16° des côtes portugaises sont maintenant loin. Nous profitons de ces dernières heures sous les alizés avec un bonheur intense.La ligne frémit...... serait ce enfin le premier poisson de la transat ? Il faut dire que j'ai mis toutes les chances de mon côté, en doublant les lignes de traine, une à tribord, une à bâbord, avec des appâts différents. Avec espoir je remonte la ligne et là... ho joie, ho merveille, je découvre une énooooorme daurade coryphène, qui doit bien peser.... heu.... 150 grammes, non je plaisante, elle doit bien faire le kilo quand même. Elle n'est pas énorme mais on s'en contentera, trop heureux d'avoir enfin notre premier repas protéïné. Je suis heureux et fier de cette prise et ma première pensée va à Jordan, qui aurait été heureux de partager ce moment avec nous, lui qui aime tant pêcher. J'imagine aussi notre ami Jean, jaloux de cette belle prise. Comme on nous l'avaient dit Mathias et Annick, les couleurs extraordinaires de ce poisson passent dès qu'elle meurt. La technique la moins sanglante pour tuer les poissons consiste à verser généreusement (à mon grand regret) une bonne dose d'alcool fort dans les ouïes. Pour cette fois, ce sera du pastis...  Je la nettoie immédiatement et la met au frigo pour avoir le plaisir de la partager avec Gab et Laure, que nous rejoignons à Porto Santo.

En fin de journée, malheureusement, un front orageux se dresse devant nous. Nous essayons de la contourner par le sud mais nous ne pouvons pas le faire suffisamment et le vent forci subitement à plus de 30 nœuds. En quelques instants, la grande houle se raccourci et le cauchemar du premier jour reprend du service, je décide de prendre la barre car Quintet fait des pointes à 10,6 nœuds. Fort heureusement, le vent se calme deux heures après et le front pluvieux nous suit sur bâbord. Nous prions pour qu'il ne vienne pas se frotter à Quintet, car il est très impressionnant de loin avec ses monstrueux abats d'eau. Comme nous n'avons pas réactualisé la météo depuis le départ, nous espérons que Nadine (le cyclone) n'ait pas eu la mauvaise idée de revenir sur Madère. Je n'arrive pas à dormir car je surveille chaque mouvement suspect du front et Sylviane peste afin que j'aille me reposer, mais comme d'habitude, je préfère rester vigilant, ça me rassure. La nuit sera finalement calme et agréable car le plancton qui entoure Quintet donne un air de feu d'artifice. Au loin, le front se dégradera progressivement.

Jeudi 4 octobre. L'arrivée au petit jour à Porto Santo sera un moment magique et inoubliable de notre périple. De loin, les formes de l'ile de Porto Santo nous apparaissent et le soleil illumine les falaises de laves rouges. Le décor est grandiose, déchiqueté, comme si les éruptions volcaniques venaient de se produire et le soleil donne une couleur particulièrement sauvage à cette ile perdue au milieu de nulle part.

Ce sont pour ces moments, que nous avons décidé de vivre cette aventure et .......de la continuer. L'apprentissage dans ces conditions musclées nous fait progresser à la vitesse grand V, et les moments difficiles sont déjà oubliés. Nous sommes depuis 2 jours au mouillage de Porto Santo, et l'eau chaude, claire et bleue turquoise nous donne un avant goût de ce qui nous attend durant cette année. C'était mon premier billet et j'avais envie de vous le faire partager. Je laisse pour les prochains jours la plume à notre rédactrice en chef, qui vous racontera notre escale sur les iles de Madère. à Bientôt. José

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