La douceur de vivre antillaise, on s'y fait, et on prend le rythme, qui n'a rien à voir avec un zouk endiablé. Nous avons quitté les Grenadines de Grenade avec un goût de "revenez-y", car plusieurs rendez-vous étaient fixés en Martinique, et il nous fallait remonter l'arc aussi vite qu'Eole le voulait bien. Mais on ne donne pas d'ordre à Eole, et nous avons loupé de peu nos amis navigateurs Annick et Mathias, ce rendez-vous n'est donc que partie remise. Ainsi donc, escales rapides de retour via Union, Mayreau, Saint Vincent et Sainte Lucie.

Saint Vincent, de sont les paysages grandioses vus de la mer, le volcan de la soufrière, une quasi absence d'habitations et d'urbanisme, et une réputation malheureusement plutôt mauvaise, qui incite les navigateurs à passer au large de cette île. Nous décidons cependant de faire une rapide escale à Walliabou Bay, où de nombreuses scènes du film "Pirates des Caraïbes" ont été tournées, et où nous pouvons faire la clearance de sortie des Grenadines.

Petit détour cependant par la baie de la soufrière, les deux pitons tombent à pic dans la mer, et du large, une forte odeur de souffre vient nous rappeler que le volcan est actif. la dernière éruption date de 1979 et a détruit la moitié des cultures de l'ile, heureusement sans faire de victime. Un hôtel très haut de gamme et bien intégré à la végétation domine la baie, mais nulle autre construction ne vient dénaturer le site, du moins, vu de la mer,car ce n'est pas cette fois-ci que nous visiterons l'ile.

Escale à Walliabou, comme beaucoup de sites des Antilles, notamment les Tobagos, l'ile Morpion... Walliabou a servi de lieu de tournage pour Pirates des Caraïbes il y a quelques années;

Pendant plusieurs semaines, l'équipe de tournage, les vedettes et tout le barnum américain sont venus perturber la quiétude des lieux. Ils ont privatisé la plage et la baie, installé un décor en partie en dur et aujourd'hui ré-investi, notamment pour le bureau de la clearance. Les habitants de la baie, misérables pêcheurs ou cultivateurs, ont certainement cru voir le ciel leur tomber sur la tête, du moins en espéraient-ils peut être quelques retombées en termes d'aménagement générateurs d'emploi....

Que nenni, les lieux sont aujourd’hui abandonnés, et n'amusent plus que les touristes qui se laissent prendre à la publicité qui en est faite. L'ile est pauvre, et cela se voit, malgré les aides internationales qui tentent de créer quelques activités ou lieux touristiques attractifs. Malheureusement, tant qu'un aéroport international ne sera pas créé, les seules ressources de Saint Vincent resteront la culture de la banane.

Il faut s'y faire dans certaines iles, vous êtes accostés en mer, quelquefois à plusieurs milles, par des boatboys, qui vous propose de vous accompagner jusqu'au lieu de mouillage, afin de vous aider à vous ancrer au cocotier. Les fonds sont en effet très profonds à peu d'encablure du bord, et cette technique, appelée aussi "à la bermudienne", consiste à lâcher l'ancre à l'avant, puis à faire marche arrière afin de s’amarrer avec une aussière à un cocotier ou gros rocher.

Avant même que le bateau soit sécurisé, une nuée de barques s'approchent, et on cherche à vous vendre tout et rien, un service... A un rasta un peu insistant, nous lui demandons s'il n'aurait pas un peu de poisson. Non, il n'en a pas, mais il peut nous en apporter le soir même, ce qu'il fera pour quelques EC. De Walliabou, une courte promenade nous mène à une cascade toute rafraichissante, nous sommes quasi seuls.

De Saint Vincent, nous gardons une impression de regret. Cette ile extraordinaire garde encore ses atouts, et si les gens que nous avons rencontrés étaient d'une grande gentillesse, nous avons aussi entendu des mésaventures inquiétantes de navigateurs. Cap sur Sainte Lucie.

Escale rapide à Rodney Bay, la plus au nord de l'ile, lieu également très connu pour sa friday night. Tous les vendredi, c'est musique et débauche à gogo ! Ce n'est pas du tout, mais pas du tout notre trip, mais on entendra les basses depuis l'autre bout de la baie, de quoi faire danser les poissons.

De ce côté de la baie, il reste les ruines d' un antique fort que se sont disputés les français et les anglais pendant longtemps, et ce sont malheureusement eux qui nous battu lors de la bataille des Saintes en 1782; C'est le nom du brillant amiral de la flotte britannique  qui a donc été donné à cet ilot, aujourd'hui, classé parc national.

Jadis occupé par les indiens Caraïbes, la presqu'ile serait devenu le repaire, vers 1550, du pirate français Jean Le Clers, appelé aussi Jambe de Bois. Nous avons cherché son butin, pris aux espagnol (ha ha !!), mais ce n'est pas cette fois-ci que nous ferons fortune. En revanche, nous avons bien trouvé le bar-resto-pub-bibliothèque du même nom, repaire des navigateurs "so-british", pour une magnifique soirée concert jazz. Nous apprenons alors que chaque année, Sainte Lucie propose un grand festival de jazz, une bonne raison de revenir en mai, peut être.

Hop, un dernier saut et nous voilà arrivés en Martinique, où nous avons pu cette fois-ci arriver à temps pour les cousins de José, Christian et Martine. Ils sont venus re-découvrir la Martinique trente années après leur première visite, et toujours amoureux. Christian est un navigateur, un régatier hors pair et un marin membre actif de la SNSM en méditerranée, une transat à son actif, dont il garde (lui !!) un super souvenir sous spi-alizés-tranquilles.

C'est incroyable de se retrouver sous les tropiques, comme quoi, la terre n'est pas si grande... Le cousin et la cousine trouvent le bonheur d'échanger les souvenirs d'hier et d'avant hier...

et voilà, nous profitons de la Martinique, qui nous séduit vraiment. Les journées passent vite, entre petites navigations tranquilles sous le vent, quelques escapades dont je vous parlerai dans un prochain billet, et quelques soirées entre copains.  Nos copains Oiaou sont partis pour la dominique La Guadeloupe, nous nous retrouverons assurément plus au nord. De même, nous devrions revoir Black Beatle qui devrait revenir au mouillage martiniquais, après une "descente" dans le sud antillais. Nous attendons avec impatience Sarah, notre fille, pour lui faire découvrir les meilleurs mouillages, les petits restos sympa, et ce que nous gardons "sous le coude" pour le faire avec elle.

à bientôt