Lorsque que nous sommes arrivés le 15 décembre, nous avions profité de la Martinique et fait quelques escapades, bref, n'avions pas fait grand chose, ou plutôt si, nager dans l'eau claire et transparente, plonger avec les tortues et les poissons multicolores, boire le ti-punch avec modération, mais avec les copains, et naviguer. Enfin, naviguer à la Martinique consiste à changer de mouillage ou d'anse, c'est à dire 1 mille, voire 2, pffff !! trop dur, même pas toujours le courage de monter les voiles pour si peu. Je ne vous avais pas raconté la Martinique, car nous pensions bien, et c'est en effet le cas, y passer plus de temps qu'ailleurs et donc, que nous aurions mille choses à découvrir et à raconter.

On doit aussi avouer qu'en dehors de quelques randonnées et visites patrimoniales, ON SE LA COULE DOUCE !!!

Vous avez suivi nos aventures dans le sud Antilles, nous "bullons" depuis quelques semaines en Martinique, et le blog n'est plus à jour. Il était temps que je comble votre attente et que je vous raconte quelques unes de nos escapades de début d'année. La Martinique mérite plusieurs billets, je ferai donc des épisodes de façon à vous faire découvrir cette ile magnifique.

 

La pointe du Bout, où nous avons posé l'ancre et nos habitudes et où la communauté Rochelaise s'est retrouvée, n'abritait qu'un vieux fortin désaffecté et est devenu aujourd’hui une petite ville, avec hôtels de luxe, casino, et une toute petite marina, petites boutiques sympas et restos au bord de plage. La pointe du bout est située à côté des Trois Ilets, un havre de paix au fond d'une mangrove, où nous avons passé quelques nuits très paisibles. Les trois Ilets,  et son domaine de la Pagerie ont connu en leur temps l'opulence, et le domaine de 500 hectares employait 300 esclaves qui cultivaient le café, le cacao, le coton et la canne à sucre. Il ne reste rien ou presque de ce domaine dans lequel est née Marie Josèphe Rose Tascher de la Pagerie. Ce nom de jeune fille ne parlera qu'au historiens, mais cette jeune personne quittera sa Martinique natale à 16 ans pour épouser Alexandre de Beauharnais, et deviendra plus tard l'impératrice Joséphine, femme de Napoléon 1er. Un destin hors normes...

LA côte sous le vent recèle quelques belles anses à l'abri de la houle et du vent, et c'est bien sûr la plus fréquentée par les bateaux.

Les anses d'Arlet, la grande et la petite, sont deux anses superbes et protégées où nous aimons rester, surtout le dimanche soir où de savoureux concerts sont organisés dans un resto local le "Ti sable". Le nom d'Arlet n'a rien à voir avec la ville d'Arles en France, bien qu'on appelle les gens d'Arlet les Arlésiens. Le village doit son nom au traité conclu au XVII par deux chefs caraïbes Arlet et Pilote, avec le gouverneur Du Parquet. Une rue principale unique, bordée de maisons de bois, une ravissante église, une plage de sable fin en fait un must de la Martinique.

 

Fort de France, la capitale (et non pas Pointe à Pitre comme j'ai nommé plusieurs photos) n'est pas séduisante d'un premier abord, sale, délabrée, abandonnée même dans certain quartiers, une multitude de boutiques "made in china" sans intérêt, ne rappelle plus ses splendeurs passées. Elle mérite cependant plus de temps, et de touchants témoignages de son passé est à découvrir ça et là. La ville est née au premiers temps de la colonisation sur des terres marécageuses et des mangroves, surplombé d'un promontoire où un fort  construit en 1639 est encore aujourd'hui propriété de la marine nationale.

Construite pour l'exposition universelle de Paris, Elle fut remontée à Fort de France en 1893, à l'emplacement de l'ancien hôtel du petit gouvernement. Oeuvre de Pierre Henry Picq, contemporain de G Eiffel, cette bibliothèque porte le nom de Victor Schoelcher, qui, favorable à l'éducation de la population noire, fit don à la ville de sa bibliothèque personnelle, soit 10 000 livres. considéré à juste titre comme l'un des plus beau édifice de la ville, l'édifice est protégé au titre de l'inventaire de Monuments Historiques. Cette protection lui permet de rester sous la vigilance de l'état pour ce qui est de sa conservation, et c'est heureux, vu l'état des édifices sous ce climat.

Pierre Henry Picq a laissé son empreinte à Fort de France, au travers plusieurs édifices dont la ville lui fit commande, selon la mode de l'époque, très inspirée de Gustave Eiffel. Ainsi, il est l'auteur du grand marché, de maisons particulières, des églises du François et de Ducos, et de la Cathédrale Saint Louis. Six cathédrales sont se sont édifiées à cet endroit, toutes détruites par les cataclysmes qui sévissent de temps à autre en Martinique. La cathédrale originale de Picq fut détruite par un tremblement de terre mais entièrement reconstruite selon ses plans en 1982.

Si certaines rues du centre ville possèdent encore un charme certain, l'urbanisation anarchique a fait son œuvre sur les hauteur, parsemant une multitude d'habitations hétéroclites.Comme partout dans l'arc Antillais, les cimetières sont au coeur des villes et villages, et l'on circule de façon toute naturelle au milieu des tombes blanches très fleuries. Nous avions même vu, à Grenade, la route passer au centre du cimetière, avec arrêt de bus entre deux croix. La religion catholique est fervente et colorée, les messes accompagnées à la guitare électrique et à la batterie, très soul ou jazzy, donne envie de danser, ce dont les paroissiens ne se privent pas.

 

Dès que l'on sait qu'il y a un théâtre, on ne peut s'empêcher de s'y intéresser, et surtout, de se renseigner sur la programmation proposée. Le Théâtre Aimé Césaire porte le nom d'un des maires les plus charismatiques du XXè siècle. Né en 1913, mort en 2008, il est l'ami de Léopold Sédar Senghor, et leur influence réciproque sera déterminante pour leur parcours politique. Poète, essayiste et auteur de théâtre, il a influencé la littérature francophone antillaise et africaine.

Ce théâtre, inauguré en 1901, abrite une salle à l'italienne classée à l'inventaire des MH. Nous n'avons pas encore pu voir l’intérieur du théâtre, qui ne se visite pas. La programmation, de théâtre uniquement, ne nous a pas séduite. Pas d'opéras, d'opérettes, ou comédies musicales, de concerts ni même de ballets, la culture classique nous manque, mais on se fera une orgie à notre retour en Europe.

Le Rhum est à lui seul une culture locale, les Martiniquais ne boivent quasiment pas autre chose que les boissons à base de rhum, ti-punch, planteur, etc., à tel point que la production suffit à peine à étaler la demande tant en local qu'en exportation. En revanche, et on le sait beaucoup moins, il paraitrait que les martiniquais sont les premier consommateurs de champagne au monde (??? affirmation d'un buveur de rhum)

Nous avons visité plusieurs plantations, mais c'est la maison Clément qui semble être la plus belle de toutes. La Maison Clément produit depuis le début du XIXè les rhums agricoles du même nom, et des boissons élaborées. Début Mars débute la saison de la canne, et dans toute la Martinique flotte une odeur de sucre fermenté.

La maison du maître, construite à partir du XVIII, répond parfaitement aux contraintes du climat. une pièce au rez de chaussée, entourée de galeries et les chambres à l'étage, dont les fenêtres donnent sur trois côtés afin d'apporter le plus d'aérations possible. Le mobilier est d'origine, et il était de bon ton de rapporter de contrées lointaines quelques beaux objets d'art décoratifs, comme des lampes à verre coloré de Louisiane, et des meubles en teck d’Indonésie ou de l'ile Maurice.

Le jardin qui entoure la maison conserve de vieux arbres remarquables, comme le palmier du voyageur, appelé ainsi car il recèle au creu de ses feuilles l'eau de pluie qui peut sauver le voyageur assoiffé. Le parc de 16 hectares est splendide, et les plus beaux specimen de palmiers de toutes grandeurs, formes et couleurs, côtoient plus de 300 espèces de plantes tropicales. 

La maison Clément est aussi une fondation, qui mène des actions de mécénat en faveur de l'art contemporain et de la création. Jolie démarche, mais je vous épargne les photos des "oeuvres" que nous y avons vu, pas très convaincantes, décidément l'art contemporain gardera encore longtemps ses mystères pour nous, pôv artistes classiques...

C'est une belle visite et une grande promenade qui nous a donné soif... Enfin, disons que la visite se fini judicieusement par la boutique, où l'on peut gouter toute la production. Il faut être raisonnable, car à 45°, même de tous petits verres peuvent se révéler bien traitres.

un rhum, ça va, deux rhum, ça va encore, trois rhuumm ça vaaa paaa trooo maal, mais quatrrre rhummm, alooors laaa, c'est sûr, non, c'est dur....

 

Il nous faudra bien une escapade au grand air de la côte au vent pour évacuer les vapeurs d'alcool. Cette côte est déchiquetée, la houle qui arrive directement d'Afrique vient frapper avec force les falaises. Il ne fait pas bon s'y aventurer en bateau, mais quelques havre sont cependant possible derrière la barrière de corail, par beau temps établi, et nous nous promettons certainement d'y revenir avec quintent, si nous repassons par là.

Tout à fait au sud de la Martinique, la côte s’est affaissée, ce qui a permi la création d'une saline, une étendue d'eau saumâtre, véritable foisonnement de vie, oiseaux crabes, alevins.... La saline est reliée à l'océan par quelques passes où l'eau s'engouffre à marée haute. Et oui, il y a une marée semi-diurne aux Antilles, entre 50 et 80 cm de marnage, laissant les racines de palétuviers à découvert et le fond vaseux de la saline de déssécher au soleil ardent.

   

Faire des excursions en plein soleil, ce n'est pas tous les jours. Le retour à bord est un bonheur, l'eau est fraîche (env. 27°), il n'y a pas de glaçons dans le jus de goyave mais il sort du frigo, on se mange une grosse mangue bien juteuse pour se refaire un peu de vitamines C. Bon, qu'est-ce qu'on fait demain ?