Métropole express, ou comment prendre 8 mois pour un voyage Métropole Antilles et seulement 8 heures pour l’inverse. Pour cela, il faut le bienveillant accord du chef de chœur de José pour une année supplémentaire de vacances, une marina qui peut garder Quintet à l’abri des coups de vent pendant un mois, et des billets d’avion et de train à des prix défiants toute concurrence.

Simple !

« On ne vous dit pas tout », car en fait, voilà déjà quelques semaines que nous avions pris la décision de demander à l’Opéra d’accorder à José une année de congés supplémentaire ; un an est vraiment trop court pour explorer l’arc antillais, pour prendre le temps des découvertes, des rencontres et de l’immersion et tout simplement laisser le temps, au temps. Nous attendions avec impatience une réponse qui tardait un peu à venir, car de celle-ci dépendait l’organisation des prochains mois. En effet, rester sur l’arc antillais suppose d’organiser la période cyclonique, soit en ayant un corps mort sûr ou marina permettant de mettre le bateau à l’abri d’un possible coup de vent ou coup de houle ; soit rester sur le bateau pendant cette période, de façon à se déplacer hors de la trajectoire cyclonique annoncée par les médias. Naturellement, les marinas sont réservées des mois à l’avance, voire d’une année sur l’autre. (La saison cyclonique dure de juin à novembre).

Nous sommes à Marie Galante, et une météo quelque peu perturbée et pluvieuse nous donne un excellent argument pour jouer les internautes au petit café du coin. Ce mardi matin-là, toujours rien sur la boite mail, José décide d’appeler Michèle, la DRH de l’Opéra. (Michèle, tu auras ensoleillé notre journée !) C’est oui !, et si la réponse n’est pas encore officielle, elle peut confirmer qu’Alexander Martin, le chef de chœur de José, a accepté de se passer de lui encore une saison. Nous avons donc jusqu’en septembre 2014 pour voir du pays, et on ne va pas s’en priver !

Ni une, ni deux, on décide de voir tout de suite si on ne pourrait pas rentrer en métropole maintenant, d’autant que Sarah passe sa réception de compagnon, l’aboutissement de son Tour de France, et que la famille nous manque vraiment après 8 mois. Coup de chance, la marina de Pointe à Pitre a une place pour un mois, et on trouve des billets d’avion aller-retour à 400 euros. Ça se goupille super bien. On met Jordan dans le coup, car c’est lui qui nous héberge à Paris, et on skype Gabriella en Allemagne pour voir si on pourrait se voir. Autre coup de chance, ses répétitions à la Gewandaus sont annulées et elle peut venir aussi de Liepzig. Nous serons donc presque tous réunis (Sauf Toni, le chéri de Gabriella) , c’est fantastique !  Naturellement, Sarah qui est visiblement « dans le jus », n’est pas mise au courant, nous lui ferons la surprise.

On s’organise donc un petit périple « famille-amis », en trois semaines, ce qui nous permet également d’organiser l’intendance métropole pour une année de plus. Les rendez-vous sont pris, on se dresse une liste des choses à faire, des bricoles à ramener, notamment des éléments informatiques (antenne wifi…), ou pièces pour Quintet (bague hydrolube,…) à ramener à Pointe à Pitre. Le vol sur un A330 de la compagnie XL se passe sans souci ni retard, mais c’est avec un gros jetlag que nous arrivons à Paris, le temps est gris et très humide, les gens sont pressés et le métro pue, dur dur. Mais Paris reste la plus belle ville au monde, et quelques heures de soleil l'embellit encore .

Le bonheur de se retrouver avec Gabriella, Jordan et son amie Verena, mille choses à se raconter…

Sarah est à mille lieux d’imaginer que nous avons traversé l’atlantique, que sa Sœur est venue d’Allemagne et que nous sommes tous là pour la soutenir. C’est une énorme émotion, le quintet est fort quand il est réuni, cela donne à Sarah l’énergie d’aller jusqu’au bout de cette épreuve.

La « réception » d’un compagnon au sein des Compagnons du Devoir, consiste à réaliser une « œuvre ». On imagine sans peine ce que cela peut être pour un tailleur de pierre, un charpentier ou un serrurier. Au sein des maisons de Compagnons, ces œuvres sont exposées, témoignages d’un magnifique savoir-faire, ces maisons sont souvent ouvertes lors des journées du patrimoine et je vous invite à les découvrir.

Les aspirants Compagnons boulangers-pâtissiers, qui font aussi partie de l’association depuis quelques décennies, doivent réaliser leur œuvre. La seule différence étant qu’il n’en reste rien après réalisation, ayant été jugée, goutée, décortiquée, puis tout simplement mangée par les gourmands présents. L’œuvre est en partie libre (le thème), et en partie imposée et à réaliser dans un délai maximum d’un mois.

Sarah avait choisi la musique, en référence, bien sûr à notre famille, mais plusieurs choses lui avaient été imposées, comme la réalisation de sculptures en sucre et pastillage, certains types de gâteaux ou de chocolats. Bien sûr, l’œuvre est réalisée sans aide et hors du temps de travail, inutile de dire que Sarah n’a pas beaucoup dormi pendant les dernières semaines.

De l’aveu même de Gabriella qui a soutenu sa sœur les deux dernières nuits de travail, « c’est beaucoup moins fatiguant d’être musicien ».

Toutes les créations de Sarah ont des noms en référence à la musique et à l'opéra en particulier.

Il est 18 heures, Sarah met la dernière main à sa présentation, aidée de son chéri Clément Compagnon-boulanger, et la « correction du travail » peut commencer avec les « anciens », mais sans les parents. Heureusement, Sarah a prévu beaucoup plus de gâteaux, chocolats, viennoiseries etc. que nécessaire, et nous attendons dans la salle attenante en nous vengeant sur ces douceurs, c’est prétexte à tout goûter.

La pâtisserie, c'est aussi la viennoiserie, et les créations de Sarah originales, comme la brioche Arlequin, appelée aussi "Le Bal Masqué".

20 heures, Sarah est ébranlée, épuisée, mais heureuse, elle a réussi, et si son travail est imparfait aux yeux exigeants des anciens, ses qualités professionnelles et humaines ont été reconnues. Elle est « reçue compagnon». Elle reçoit quelques jours plus tard son nom de compagnon-pâtissier : « Bordelaise la Généreuse Gaité », les compagnons l'ont bien cernée notre Sarah.

Et voilà, nous tenions à vous raconter un épisode familial important de la vie du Quintet, un épisode très gourmand vous en conviendrez, en tout cas, nous, on n’était pas au régime… Gabriella est déjà repartie à Liepzig, et nous profitons encore quelques heures de Sarah et Jordan.

Quelques jours avec les enfants et leur chéri (e) et nous voilà revenus dans une réalité différente, faite de musique, d’art, de doutes et de projets. Ils construisent leur vie avec talent et détermination, nous en sommes très très très fiers. Ils nous manquent autant que nous leur manquons, mais notre absence les fait grandir et murir.

Nous voilà déjà repartis pour un petit tour de France famille, on quitte Paris et son rythme effréné pour la province plus calme, ouf ! Du coup, je vais pouvoir finir cette page du blog, enfin …, peut être….

Escale à Frontignan, nous retrouvons la famille de José, ce n'est pas encore le printemps ici non plus, mais les retrouvailles sont chaleureuses, la table comme d'habitude fort bien garnie, le parler chantant et les expressions colorées, ambiance méridionale...

Direction Bordeaux, où nous avons quelques rendez-vous d'intendance pour l'année à venir, l'agence qui gère la location de notre maison, la sécurité sociale... mais aussi et surtout, une visite surprise à l'Opéra.

Coup de chance, ils jouent Orphée aux Enfers, et nous pouvons avoir des invitations. C'est donc, après des retrouvailles en coulisses, que nous voyons les copains de la salle. Isabelle, Wa Jin, Isabelle (et Jean), Olivier (et Agnès), Arlette... et tous les amis du chœur, on pense à vous. L'accueil fait aux voyageurs que nous sommes est chaleureux, José se sent attendu pour la saison 2014-2015 qui semble alléchante, c'est sympa.

Séquence émotion

C'est notre ami André le ténor qui nous héberge, fait exprès?  C'est drôle, il habite près de la rue de la Martinique, et c'est aussi avec mille choses à nous raconter que nous retrouvons également David le baryton, qui se lance dans une carrière solo pour l'année off qu'il s'offre la saison prochaine. Ça s'annonce prometteur pour lui, comme quoi, il faut savoir prendre des risques mesurés et oser se lancer, quelque soit l'aventure, maritime ou artistique.

Direction la Touraine, où nous retrouvons ma famille. Mes parents vont bien, et nous racontons encore mille détails qui n'ont pas pu être tous évoqué sur le blog. L'hiver a été bien long pour tous, et surtout pour eux, mais avec le printemps qui semble enfin montrer le bout du nez, ils vont enfin pouvoir reprendre les petites pérégrinations dans les belles régions françaises, et peut être aussi quelques petites navigations rochelaises sur leur bateau Alsy. Il y en a un qui est vraiment heureux, c'est notre chien U'bach.

Lorsque nous arrivons, il sent Jordan, venu passer une journée, puis José, mais sans plus d'émotion que des visiteurs ordinaires. Mais voilà qu'il me sent, fait un, puis deux, puis trois tours autour de moi, et on voit bien que dans sa toute petite tête de chien, il réfléchi dur: "cette odeur me dit quelque chose...", et d'un seul coup, comme une illumination, "ha mais bien sûr, c'est elle, c'est ma maitresse, comme je suis content !", et moult démonstrations d'affections. Depuis, il partage son affection entre mon père et moi.

Rapide escapade avec Tipa à La Rochelle, nous faisons la surprise à nos copains Iorana Nui, "alors Yann, tu paies l'apéro ?", mais aussi à Jean et Maud qui n'étaient pas au courant de notre venue. Sympathique petite vengeance, car Jean et Maud nous avaient surpris en arrivant en Martinique à Noël, alors qu'ils nous avaient juré de ne venir qu'avec leur bateau. Eux aussi ont décidé de changer de vie et ils préparent un nouveau projet professionnel. Séquence complicité.

Enfin, ce sont les "anciens", (me pardonnerez-vous ?) que nous retrouvons, l'équipage de Dune.

 

et dans les "anciens", nous retrouvons aussi nos "maîtres", Annik et Mathias, (appelé aussi maitre Yoda), plusieurs circumnavigations sous la quille de Myloreva, ils ont décidé de vendre leur fier navire et naviguer sur des bateaux amis ou bateaux de loc dans tous les coins du monde, le voyage continue... et enfin, les "jeunes navigateurs", Patrick notre routeur météo de la transat et Marie Paule, qui désespèrent de pouvoir partir de Saint Denis d'Oléron à cause du chantier Grassi (la pub est faite), qui leur a saccagé le montage du gréement de leur bateau. Séquence amitié.

C'est super de retrouver tous ceux qui suivent de près notre aventure via le blog ou radio ponton, et le temps manque déjà pour tout se dire, ce sera pour la prochaine fois, en décembre. Nous avons eu aussi quelques petits messages de lecteurs et lectrices ( n'est-ce pas Françoise?) qui s'inquiétaient de ne plus nous voir bouger de Marie Galante. Vous nous pardonnerez de vous avoir laissés sans nouvelles ?, mais cette escapade métropolitaine était improvisée, rapide et fort chargée, et nous voulions surtout faire quelques surprises et ne pas dévoiler notre venue sur la toile.

Maintenant, nous allons reprendre une "activité normale", ranger jean-chaussettes-polaires et retour sur Pointe à Pitre le 4 mai, ravitaillement et plein d'eau, puis nous partirons pour Antigua, Barbuda, St Martin, et peut être les iles Vierges si la saison le permet encore. Black Beatle, qui s'est trouvé deux charmantes équipières pour le retour sur Açores sera déjà parti de St Martin. Oiaou, que nous aurions aimé saluer avant leur départ pour la transat retour, est parti pour une dernière escales sur les iles Vierges, ce sera donc dur pour nous d'arriver avant leur départ.

Mais c'est ça le voyage, on se croise, on se perd, mais la terre est ronde et on fini toujours pas se retrouver, rendez-vous l'hiver prochain à La Rochelle, ou ailleurs...

 A bientôt,