Merci à tous de suivre nos aventures, peu de commentaires, mais nous nous savons lus, c'est sympa. Et pour ceux qui laissent régulièrement des messages: Maryse, on espère que la lecture du blog vous distrait un peu de vos soucis, et merci Dune, à qui il avait échappé que "Mini Q" est notre nouvelle annexe "spécial Caraïbes". Mini Q, parce que c'est un "mini Quintet" mais aussi parce qu’elle n'a pas l'arrière-train rebondi de Quintet.

Puisque nous en sommes à refaire, en partie, un chemin déjà parcouru sur l'arc Antillais, il était peut être intéressant de se pencher avec attention sur notre fier navire. Préparé avec soin pendant plusieurs années, nous avons en une année, fait l'équivalent de 12 années de vacances estivales, mais plus encore quelques milliers de milles par tous temps et conditions. Évidement, et je m'en excuse auprès des non-navigateurs qui zapperont rapidement ma prose, ce bilan est pour nous un aide mémoire pour les futures longues soirées d'hivers au coin de la cheminée.

En effet, le compteur de Quintet affiche maintenant plus de 10 000 milles, et sachant que nous en avions fait environ 2000 entre l'achat de Quintet en 2005 et le départ de la Rochelle en août 2012, les douze derniers mois comptabilisent donc plus ou moins 8000 milles, soit, pour les terriens, 8000 X 1,852= 14 817 km, soit un Paris - Bora-Bora en direct, pas mal pour notre "tout-petit". Nous n'avons eu aucun souci majeur qui aurait nécessité remplacement, immobilisation, donc inquiétude.

Un premier constat, la structure n'a pas bougé, heureusement, même si nous l'avons sentie gémir un peu pendant la transat, Feeling, c'est du costaud et du fiable. Les bois clairs intérieurs qui font la spécificité des Feeling, ne sont finalement pas si fragiles si on y prend soin, seules les marches de descente auraient bien besoin d'être poncées et revernies, mais ça attendra.

Gréement et voiles:

Le gréement (ensemble mats-haubants) avait été très bien réglé en 2005 par le grand navigateur aujourd’hui disparu Michel Malinovsky, mais il nous a fallu le reprendre sérieusement aux Canaries, car il s'était bien relâché, peut être par les premières transats plutôt musclées. Nous vérifions régulièrement, mais difficile d'apprécier le degré d'usure et fatigue de certains éléments. Pas d'échelons de mat, et c'est au winch que José me monte sur la chaise, c'est déjà dur car je ne pèse pas un colibri, mais on ne pourrait encore moins faire l'inverse. Je vous vois rire, ce n'est pas que José ait pris du poids (quoi que...), c'est moi qui n'ai pas de force pour le monter à 15 m. Sans échelons de mat donc, de winch électrique ou un système d'alpinisme plus performant, il faut juste prier pour ne pas avoir à monter avec une mer formée, ce que nous n'avons jamais eu à faire. Nous le ferions naturellement vérifier par un expert pour affronter la transat retour et d'ici là, on prie les dieux des navigateurs de ne pas nous faire démâter.

La grand voile est d'origine, mais nous avions fait le choix top. Elle est un peu fatiguée et quelques reprises sont nécessaires de temps à autre, aidé d'un bon stock de toile adhésive, nous y faisons très attention, les barres de flèche (poussantes) ont été protégées par de la mousse pour éviter le ragage, et nous la rangeons soigneusement dans son sac lorsqu'on ne s'en sert pas. Rien de pire que le sel et le soleil pour cuire rapidement une voile, il suffit de voir les bateaux de location pour s'en convaincre. En revanche, les ris (système de bouts qui permettent de réduire la voile), notamment le deuxième qui a beaucoup servi, ont été rapidement usés. Nous avons changé les plus fatigués, inversé ou décalés les autres Nous avions utilisé le vieux génois d'origine pour la transat, pendant laquelle il a fini sa vie. On le garde au cas où, et nous l'avons fait réparer à Bequia chez SunSail Caribe. Le nouveau super génois tri-radial commandé avant le départ chez notre voilier préféré (Voilerie Neptune à La Rochelle) ne bouge pas, il est pourtant l'une des voiles qu'on utilise le plus, car pour faire quelques milles d'un mouillage à l'autre, c'est souvent le génois qui s'y colle. On a souvent la flemme de monter la GV.  Vu les allures, (vent portant ou arrière le plus souvent), nous n'utilisons pas la trinquette (voile d'avant un peu plus petite que le génois) très souvent car elle n'a pas installée sur enrouleur, mais c'est peut être un investissement qu'il aurait fallu faire. Le tourmentin, (voile de tempête), n'a  heureusement jamais servi, le spi (voile de très beau temps vent arrière) a été "aéré" une fois, et le geenaker (voile de beau temps aussi) guère plus.  Les retenues de freins de bôme ont explosé deux fois, notamment pendant la transat Cap-Vert Antilles, la faute à des empannages (virement de bord le vent dans le dos) mal anticipés ou imprévus. Heureusement sans dommages, les empannages violents sont à redouter car ils mettent à mal le gréement. De toute façon, nous naviguons toujours sous-toilés, ou du moins, juste ce qu'il faut pour que Quintet avance (il lui faut une bonne quinzaine de nœuds de vent).

Nous n'avions pas la place d'emmener une machine à coudre, mais force est de constater que cela serait bien utile pour les petites réparations, avec le soleil, les coutures des capotes et autres protections lâchent vite, et on trouve toujours à bricoler sacs à bouts, protections de ceci ou de cela, sans compter les ourlets des petites robes ou shorts, et oui, les plaisanciers, mais plus encore les plaisancières tiennent à leur look.

Moteur et énergie

Aucun souci du côté du moteur volvo 40cv, mais José veille à ce qu'il ronronne comme un chat. Sauf nécessité, on ne dépasse pas 1800 à 2000 tours, faute de quoi la turbine de refroidissement est à changer rapidement. En revanche, l'alarme de surchauffe ne sonnant plus, il a fallu installer un petit système simple mais efficace, et avantageusement moins cher que changer la console Volvo.

Chose bizarre, il nous faut changer l'anode (pièce en métal tendre situé en bout de l'arbre d'hélice pour éviter les phénomènes d'électrolyse) régulièrement, comme quoi les pertes électriques sont aussi importantes sous les tropiques qu'au port de La Rochelle. Ou alors, il y aurait une petite fuite électrique quelque part, mais nous n'avons rien décelé.

Électronique et moyens de communication / réceptions météo

C'est peut être le poste le plus sollicité, mais aussi le plus fragile. Tous ces instruments de navigation, connexions électriques et électroniques sont soumis à un environnement humide constant. José a régulièrement changé ou modifié des prises qui avaient fondu, notamment les prises 12v très utilisées, soit par l'IPAD qui nous sert à tout, et en premier lieu à la navigation, soit pour les Iphones, GOPRO et autres. La prise du convertisseur 12V a également été changée plusieurs fois, car les ordinateurs tournent beaucoup et sont gros consommateurs, c'est également utile pour brancher les ventilateurs, indispensable sous ces latitudes. Mon chéri a en effet installé, version grand luxe, des ventilateurs et prises 12v dans chaque cabine, plus un ventilateur dans le carré. On en est pas à la climatisation d'un yacht américain, mais on peut enfin dormir un peu au frais.
C'est vraiment LE poste de compétence de José et il m'est difficile de développer sans lui passer la plume, ce qu'il fera peut être sous la pression des nombreux passionnés de ce sujet.



Pièces détachées et outils

La Rochelle est la Mecque de la voile et des accastilleurs, nous avons pris beaucoup d'outils, pièces et accastillages en tous genres, (trop et cependant pas assez, car il manque inévitablement l'outil qu'il faut) C'est du poids et de la place, mais bien nous en a pris, car ailleurs, c'est du petit bonheur la chance, le désert total ou carrément hors de prix. Il arrive régulièrement d'avoir à changer ou modifier quelque chose, percer, visser, bref, bricoler. La seule chose qu'il a fallu cependant emprunter est une perceuse plus puissante que la notre pour percer de l'inox proprement. La solidarité joue beaucoup entre navigateurs, et chacun apporte son savoir faire.

L'annexe (ou Mini Q de Quintet)

L'annexe est aux navigateurs ce que le lime est au ti-punch : indispensable. C'est la voiture, la camionnette, la brouette, bref, après le fier navire que chacun entretien, ou pas, avec amour, il y a l'ANNEXE. (Les britishs parlent de "dinghy") Elle sert à tout, à commencer par transporter les navigateurs d'un bord à un autre, ou du bord à la terre ferme, elle fait l’objet de toutes les conversations, voir de toutes les convoitises. Les vols ne sont malheureusement pas rares, surtout par des navigateurs peu scrupuleux qui font leur "marché" au départ de la transat retour. Les annexes sont, comme les motos ou les voitures, le reflet de leur propriétaire, il y en a des grosses prétentieuses, des petites nerveuses, des vieilles avachies et des jeunes bien pimpantes. Hormis quelques irréductibles qui ont des annexes à voiles ou des kayacs, les annexes sont motorisées, et là aussi, il y a de tout, les poussifs et les pressés, les pépères et les cools.  Nous, on est les cools, bien sûr !! Notre précédente annexe était trop légère et comme les mouillages sont souvent éloignés du point d'arrivée, les escapades et découvertes quotidiennes, nous avons quelquefois du renoncer. Depuis mai, notre nouvelle Mini Q est presque faite pour nous, taille idéale pour être relevée et fixée sous le portique, stabilité parfaite et très bonne capacité de charge. Le moteur Tohatsu 9.8 cv que nous avons acheté à Grenade est un peu juste pour déjauger (mettre le bateau à plat pour gagner de la vitesse) rapidement mais si je fais la figure de proue, ça le fait (les navigateurs comprendront de quoi je parle). Bref, le seul défaut de cette merveille (une Carib 2m50), c'est un poids un peu lourd pour notre Quintet, déjà qu'il accuse de l’embonpoint ... Pour protéger Mini Q, nous avons fait faire à Bequia, une protection anti soleil très chic, assortie au bateau, avec un gros QUINTET cousu dessus, pour essayer de dissuader les voleurs et pour la reconnaitre parmi d'autres carib les soirs un peu arrosés.(je plaisante)

Intendance, loisirs et autres

Côté cuisine et réserve, nous avions prévu dix fois trop, bien qu'on nous ait dit, à juste titre, qu'on ne trouvait rien au Cap Vert. Aussi avions-nous fait avant de partir, le plein de délicieuses (et fort lourdes) conserves françaises, que nous avons enfin fini à Barbuda. On trouve de quoi se nourrir (j'ai bien dit se nourrir, pas bien manger) partout sur l'arc Antillais, donc inutile de se charger outre mesure. La question d'installer un dessalinisateur nous avait préoccupé pendant un bon moment avant notre départ. Nous y avions renoncé pour des questions de coût, de difficulté d'installation dans un si petit bateau et au regard d’expérience de bateaux copains. Bien nous en a pris, nous n'avons jamais manqué d'eau, notamment grâce à une petite installation de récupération d'eau de pluie, idéal pour les nombreuses douches dont on ne se prive pas. Seule la question des lessives est galère, car impossible de laver son linge à bord, c'est donc un budget à prévoir. Côté positif, les laveries sont les derniers "salons-où-l'on-cause", l'occasion de faire de nouvelles connaissances, de glaner des bons tuyaux et d'entendre les derniers potins bateaux.

Notre amie navigatrice Annick nous avait bien avertis, tout moisi sous les tropiques, à commencer par les vêtements ou autre stockés dans les placards et coffres. J'avais donc suivi ses conseils, quitte à enlever certaines portes de placards ou équipets, mais malgré cela, il faut régulièrement faire la chasse au moisi et aérer les vêtements qui ne servent pas souvent. Même en étant très vigilants, nous n'avons pas pu empêcher les visiteurs inopportuns, de ridicules mais fort tenaces charançons, dont nous avons fini par avoir la peau aux termes d'une guerre sans merci. Tous les achats sont enfermés individuellement dans les sacs congélateurs étanches, mais ces passagers clandestins se sont introduits via un paquet de pâtes, qu'ils ont consciencieusement réduit en poussière, puis percé le sac étanche afin d'aller coloniser nos provisions, c'est là que nous les avons découvert.

Les livres, comme les films, s'échangent, et c'est un sympathique troc entre français, et on trouve aussi sur le même principe de l'échange, ( un livre déposé, un livre pris) dans beaucoup de lieux de passage des navigateurs, bars ou resto, laverie, boutique, bureau de clearance... Les films sont très prisés, les disques durs se copient, chefs-d'oeuvres voisinent avec les navets, c'est la loterie de l'échange selon le goût des équipages, mais on peut avoir aussi de belles surprises.

Le Carenage annuel


On n'en est plus à la marine à voile où les tarets bouffaient impitoyablement les coques en bois, mais nous avons tout de même nos petits amis, les balanes. Ces petits crustacés se fixent sur la coque et colonisent petit à petit le bateau, le ralentissant. Les algues, sous les tropiques poussent aussi vite que les salages de nos jardins, mais on ne peut pas en faire le même menu. Afin que Quintet garde un ventre bien propre et glisse rapidement (toute proportion gardée) sur les flots, il faut le caréner. On en profite pour faire tous les petits travaux nécessaires au bon entretien de Quintet, comme par exemple, le nettoyage des évacuations des toilettes, très entartrées et cuve à eaux noires. Une bonne journée de boulot les mains dans la m..., très sympa comme activité par grosse chaleur.

La B.A., je dirai plutôt la purge de l'année, c'est le carénage, et comme nous avons prolongé notre séjour aux Antilles, il a bien fallu se résoudre à redonner sa peau de bébé au gros ventre de Quintet. Pour raison météo, nous sommes donc en ce moment dans le sud Antilles. Les prix pratiqués dans les iles anglo-saxonnes sont bien plus avantageux qu'en France, Guadeloupe ou Martinique, c'est donc une excellente raison d'y passer quelques jours. A Prickly Bay au Sud Grenade où nous sommes en ce mois de septembre, le chantier pratique une philosophie très british. Les prix s'entendent main d’œuvre comprise par un personnel très professionnels et pléthorique, mais si vous tenez absolument à le faire vous-même, c'est le même prix. Pas de chance pour nous, beaucoup d'employés étaient en congés et nous avons fait nous-même le carénage, sans pour autant bénéficier d'une ristourne. Toute prestation supplémentaire se facture à prix d'or et il faut être vigilant et bien demander avant. Ainsi, Soun Paradise qui carénait en même temps que nous, a demandé à laissé le bateau dans la sangles de la grue afin de remonter ses safrans sur lesquels Jean était intervenu. Immobilisation 1heure facturée 200 dollars. gloups ! But business is business ...

 

Cinq jours à terre à moustics land, ça va bien, on a donné, et maintenant, à nous la liberté retrouvée. Prickly Bay et les trous à cyclones du sud Grenade est le repaire des français navigateur-à-l'année, une petite communauté sympathique. La saison de la langouste est ouverte, à peut près à 15 Euros la langouste de 2,5 Kg. Le programme des festivités à venir est donc alléchant, entre navigations vers des criques de l'est-Grenade et petits mouillages choisis en fonction des concerts nocturnes,

On se repose de notre carénage par une journée escapade vers St Georges, sur Soun Paradise.  Bernard et Maryvonne sont de la partie. Sensation cata : la vitesse, la stabilité, la puissance, mais c'est quand même une très grosse bête et je ne nous vois pas manœuvrer l'animal par des conditions plus sportives.

Hasard des retrouvailles, nous avons revu Nano, des copains bateau partis de La Rochelle, ponton 22 (encore un) il y a cinq ans. Partis pour une année, ils y sont encore... parmi les projets, il pourrait donc y avoir une flottille agrandie vers Trinidad et Tobago. (env. 80 milles de Grenade) Pour les jours à venir, la météo très calme, et des vents quasi inexistants ne motivent pas les équipages à faire route au moteur, nous attendons qu'éole se réveille un peu et en attendant, programme petite nav. bricolage, baignade, détente ...

On vous racontera tout cela dans le prochain billet.