Sarah attendait avec impatience ses vacances d'été bien méritées, après une année à Paris dans le cadre de son "Tour de France". A partir de Septembre, ce sera Bruxelles chez Marc Debailleul, autre pays, autre gastronomie, et nous irons naturellement la voir en fin d'année, équipés comme il se doit des polaires et autres vêtements très chauds dont nous avons presque oublié le nom. Sarah avait pu venir nous voir en Martinique cet hiver et nous avions concocté pour elle un programme découverte / farniente. Cette fois-ci , c'est direction les Grenadines à environ 120 milles au sud de la Martinique, programme eau turquoise et baignades. Sarah n'est pas une grande fan des navigations, même par temps clément. La descente est donc prévue tranquille avec quelques belles escales, et le retour en petit avion inter-ile. (On verra que les programmes sont fait pour être modifiés)

Nous avons retrouvé avec plaisir Bernard et Maryvonne de Sonate (leur sun fizz sur lequel ils vivent depuis 7 ans) et la descente vers le sud se fera aussi avec Soun Paradise, le Catana 44 de Jean et Maud. Les lecteurs du blog se souviendront de Jean et Maud, l'un des quatre équipages/mousquetaires Rochelais de la mer qui aurait du faire le périple l'an dernier avec Oiaou, Black Beatle  et nous. Pour raison professionnelle, ils avaient du renoncer à partir, mais le désir est tenace et ils ont sauté le pas en venant carrément s'installer en Martinique il y  a quelques semaines et reprendre une activité de charter. (voir le lien et venez découvrir les Antilles en cata) On se suivra plus ou moins selon des goûts et les envies de visites de chacun. Bon d'accord, deux monocoques ne peuvent rivaliser, malgré nos talents de navigateurs, avec un cata rapide. En revanche, c'est l'espace idéal pour les grands apéros, ce dont nous aurions tendance à abuser. De toute façon, c'est le premier arrivé qui prépare l'apéro et à ce coup-là, Soun Paradise gagne à tous les coups. Du Marin à Rodney Bay à Sainte Lucie en binôme avec sonate, nous piochons l'ancre en même temps, sous un ciel menaçant. Soun Paradise est resté au Marin et nous rejoindra plus tard. Négociation d'un taxi pour les deux équipages et en route pour visiter Sainte Lucie, et notamment, le volcan de la Soufrière, en activité. Très surveillé, car de même nature que le volcan de la montagne Pelé, il rejette des émanations de souffre malodorantes que l'on sent fort bien lorsque qu'on passe sous le vent de l'ile.

Il fait déjà très chaud au bord du cratère, et il n'est pas question d'aller poser le pied sur la croûte solidifiée mais fragile, d'où émergent de gros bouillons d'eau à 100°. Depuis longtemps déjà, l'eau qui coule du volcan est canalisée et envoyée vers des "bassins", on distingue encore dans la végétation luxuriante en contrebas, ce qui aurait été la "baignoire de Joséphine" où elle serait venue faire une thalassothérapie à la mode de l'époque. Mythe ou réalité ? Maryvonne et moi avons été les seules à vouloir tester les bienfaits de la boue volcanique. Il faut dire que nous étions motivées, car il parait qu'on rajeunit de 20 ans après cette expérience. La recette: s'enduire de boue et faire sécher au soleil, puis se rincer dans l'eau de la piscine, elle était tellement chaude ce jour-là (plus de 40°) que nous n'y avons peut être pas trempé le temps voulu. Le résultat escompté nous a déçu, et en ce qui me concerne, les rides sont toujours là, même avec une peau de bébé.

Il est toujours bon lors d'une journée excursion, de mitiger les plaisir, chaleur et volcan, contre fraicheur et sérénité d'un parc botanique. Totalement dévasté en 2010 par un cyclone, on mesure l'énergie de la nature pour retrouver en si peu de temps sa splendeur et sa vitalité.

Arrêt déjeuner au ravissant village de la Soufrière, dans ce petit resto en face de la plage. Le cadre est sympathique et coloré mais la gastronomie réduite à sa plus simple expression.

  

Décalage et fatigue obligent, Sarah ne nous a pas suivi en expédition bus le lendemain à Castrie, la Capitale de Ste Lucie. Si la ville en elle-même est assez vilaine, sauf quelques vestiges de beaux bâtiments et églises, et le port (de commerce) sans intérêt, Castrie possède un marché couvert animé et coloré où nous avons pu faire l'avitaillement de légumes et fruits à prix corrects.

Pour aller à Bequia (prononcez Bécoué), une grosse journée de navigation nous attendait (+/- 70 milles), car nous voulions éviter une escale à Saint Vincent et passer au vent. Afin de raccourcir la punition et lui faciliter la sieste, Soun Paradise prend une équipière clandestine. Sarah sur le cata arrivera une petite heure avant nous, la faute à la pétole qui nous a tous obligé d'appuyer la navigation au moteur. Ya pas, un bateau à voile rapide, ça a besoin de vent quand même. Bequia la microscopique ile au nord des Grenadines se visite en deux heures, quelques jolis points de vue, et l'attraction locale, le "sanctuaire des tortues".

Fondée par un fisherman américain il y a une vingtaine d'année, parce qu'il se désolait de voir disparaitre peu à peu ces animaux. Non protégées sur les iles anglaises, les tortues sont mangées, comme les œufs que les locaux recueillent lorsque les tortues viennent pondre.Le sanctuaire recueille les animaux blessés, et plus "rigolo", les tortues juste nées. Il n'est pas scientifique mais avec de pauvres moyens, le vieux monsieur tente de sensibiliser les antillais sur la nécessité de limiter les prélèvements. sur une couvée de 300 tortues, il arrive à élever environ 45 d'entre elles jusqu'à leur libération vers l'age de 5 ans. Dans la nature, on estime qu'une seule tortue sur 100 reviendra un jour sur la plage qui l'a fait naître. Son travail n'est donc pas inutile. Ces mignonnes tortues, qui ressemblent à s'y méprendre à ces jouets de bains pour enfant, doivent être élevées ensemble, car isolées, elles meurent. En revanche, elles se mangent entre elles, et ne restent, de fait, que les plus agressives et les plus déterminées.

chaud chaud, where's the ice cream ??

Très fière de moi, j'ai enfin réussi à attraper juste sous le bateau une langouste, sans harpon, sans collet, mais avec des gants, car la bestiole se rebiffait durement dans son trou. Cadeau anticipé d'anniversaire pour Sarah pour cette langouste portion individuelle.

Depuis notre escale un peu inquiétante à St Vincent et les rumeurs persistantes d'insécurité de l'ile, nous évitons d'y séjourner. Pourtant, naturelle et en grande partie sauvage, elle mériterait d'être découverte. Laure d'Oiaou nous avait dit que le patrimoine était intéressant à Kingstown, la capitale. Comme nous sommes trois équipages et à une heure de ferry entre Bequia et Kingstown, nous partons tous, dans l'idée de passer la journée, faire le tour de la ville et profiter du marché qui couvre toute la ville dès l'aurore.

Les cathédrales anglicane et catholique se font face, les clochers rivalisant de hauteur. Célébration de l'assomption, la catholique se prépare à une messe accompagnée de steel band, chorale et danseurs. Trop tard pour nous, le ferry n'attend pas, mais nous aurions bien aimé assister à cela.

On a beau avoir presque 23 ans, le cuisses de maman sont toujours plus confortables que les banquettes.

Ça y est !, les Grenadines sont à portée d'ancre et première escale mythique: Mayreau. A présent, il n'y aura plus que des mini navigation d'une ou deux heures entre les iles. Quelques cata de charter bruyants ne troublent que provisoirement la quiétude des lieux. Les boats boys sont désoeuvrés, les resto fermés, la plage déserte. Nous faisons la connaissance de Ice (prononcez aïsse, ce qui signifie glace en anglais, allez savoir pourquoi) et Jean, qui commence à poser les bases de ses futures "relations professionnelles", négocie les repas confectionnés à terre et servis à bord. Ice viendra même avec sa petite famille et nous en apprendrons encore sur la vie et les coutumes d'ici.

De Mayreau aux Tobagos, l'arpichel carte postale, une petite heure de navigation au moteur et c'est le saut dans la piscine. Nous avons pris mille et une photo, des films, photographié Sarah sous tous les angles afin de lui donner des souvenirs pour les rudes soirées d'hiver belges. Cela se passe de commentaire, et il n'y a rien d'autre à faire que nager avec tortues, raies, poissons coffres et autres beautés, voir le soleil se coucher sur l'horizon et la lune se lever...

 

Morpion est maintenant presque submergée par la mer, alors qu'une large bande de sable la recouvrait lorsque nous étions venu. Nous avons remarqué que la mer est environ 50cm plus haute qu'en hiver mais ne savons pas pourquoi. Il n'empêche, le parasol est toujours là pour faire les prises de vues.


Soun Paradise a de nouveaux invités, Elmut et sa jolie famille sont les tous premiers clients pour une petit séjour de 4 jours autour des Grenadines. (Merci Elmut pour les photos et films) Elmut, la carrure athlétique et à l'humour irrésistible, n'a pas son pareil pour prendre contact avec les locaux. C'est grâce à lui que nous visiterons Petit Saint Vincent en VIP, faisant croire que nous étions une compagnie de Charter en train de prospecter pour de futurs clients. Maud et moi étions hilares à l'arrière de la petite voiture. En revanche, nous oublierons la glace la plus chère des caraïbes. Pas de congélateur à bord, Sarah et moi avons menacé le capitaine de mutinerie si nous n'avions pas notre glace pour le dessert. Direction le resto réservé aux visiteurs comme la famille Bidochon (l'autre resto est pour les clients VIP de l'hôtel) et nous commandons, en toute confiance puisque nous sommes "chez les riches", trois glaces de deux parfums chacun. Nonchalamment, la serveuse, qui s'est de plus trompé de parfum, nous apporte finalement trois bols, dans lesquels nagent déjà deux pauvres boules de crème glacée au parfum incertain, à moitié fondues. Comme nous faisons de grands yeux, elle nous apporte trois verres d'eau glacée, du robinet. Montant de cette petite folie: 37 dollars américains, soit plus de 10 Euros les deux boules de glaces. Heureusement que le caissier ne comprend pas le français, ni José l'anglais, car il y a eu "explication de texte".

Photo : Fin de vacances Antillaises pour Sarah, un joli périple de Martinique aux Grenadines, de belles découvertes, le plein de soleil et d'énergie, quelques belles pêches, le ti-punch, la tendresse et la complicité de ses parents (c'est nous !): de beaux souvenirs pour toute l'année ...

Il y a 23 années naissait notre jolie princesse, c'était hier. C'est une grande occasion et le repas aux langoustes est incontournable. Sarah passe une bonne partie de l'après midi à nous préparer le dessert, gâteau au chocolat et sa crème anglaise, accompagné de petites meringues. Pas facile, car l'équipement du bord est limité, le four inadapté, Sarah la professionnelle est peu contente du résultat, mais on se régalera quand même. Chaque bateau cuit ses langoustes et c'est sur Soun Paradise que nous fêtons dignement l'événement.

 

Voilà comment Sarah, et la plupart d'entre nous, aimons les navigations: petit vent 15 nœuds de travers ou bon plein, mer belle, houle douce, ciel bleu. On vous le dit tout de suite, ce n'est pas toujours le cas, les grains et ondes tropicales sont aussi soudains que violents.

Les programmes, je l'ai dit, sont fait pour être modifiés. A cette saison, les petits avions qui font les liaisons inter iles ne sont pas surbookés et si l'on peut réserver, on risque, par manque de demandes, de devoir quasiment privatiser l'avion. Selon les avions, le prix du voyage coûte entre 500 et 900 Euros, à diviser entre trois et six personnes. Si vous êtes seuls, le calcul est donc simple. Le retour de Sarah vers la Martinique a donc du être anticipé. Nous sommes bien lents et pas vraiment ravis de devoir repartir en Martinique, mais comme Soun Paradise devait remonter au Marin, et c'est donc une deuxième transat, de nuit cette fois-ci, que Sarah doit faire. 17 heures pour 130 milles dans les conditions correctes, ils auront fait une superbe moyenne.

Les vacances de Sarah sont finies, bronzée comme un joli caramel, bien reposée et pleine d'énergie, elle repars sur la métropole la tête dans les étoiles, mais les pieds sur terre, comme il se doit. Nous nous retrouverons dans 3 mois à notre retour en France, avec certainement une escapade à Bruxelles, voir ma tante et cousins, mais aussi, si nous avons le temps, nos amis navigateurs de JAD.

Après le départ de Sarah, nous sommes revenus à Bequia ou un excellent voilier nous a réparé notre génois et fabriqué une belle protection pour notre Mini Q.  Nous poursuivrons ensuite doucement, ou pas, vers Grenade, avec plusieurs options, dans l'ordre ou le désordre, caréner Quintet à Prickly Bay, partir vers les Roques en flottille, ou vers Trinidad et Tobago, toujours en flottille, ou rester entre Grenade et les Grenadines en attendant que notre fils Jordan viennent nous rejoindre fin octobre, ou remonter en Martinique fin octobre (mais c'est bof en pleine saison cyclonique). Bref, c'est ça la vie de navigateurs plaisanciers, aujourd'hui peut être, ou alors demain, c'est aussi à l'occasion des rencontres que les opportunités se créent, que les projets s'affinent.

pfff! on n'en peut plus de ces soucis, mais que va-t-on faire maintenant ?

un bon bouquin, une super connexion wifi, quelques films ramenés par Sarah, quelques brasses pour se rafraîchir et tiens, le petit pêcheur qui vient nous proposer le poisson du jour, ha... la vie est dure tout de même....