C'est un "zapping" un peu décousu que allez lire, je vous le concède, mais résumer un mois et demi en quelques photos et quelques lignes n'était pas facile. Je n'avais pas résisté au plaisir de vous raconter Barbuda, sans pour autant avoir fini la description d'Antigua. Après Antigua, nous sommes revenus à Dehaies en Martinique, puis Les Saintes, Pointe à Pitre pour une escale technique, de nouveau les Saintes où nous avons retrouvé nos copains d'Antha Gonist. Avec eux, nous avons navigué vers la Dominique et une escale sympathique à Portmouth. Nuit agitée au mouillage de Roseau et nous voilà de retour en Martinique depuis quelques jours.... Copains et festivals de musique, et rencontre avec Chantal.

Barbuda nous a laissé empli de souvenirs uniques, mais nous serions bien en peine de donner le top 10 des lieux les plus aimés de notre périple. Certains sont indéniablement extraordinaires, d’autres sont associés avec des rencontres ou des contextes particuliers. Nous sommes restés un mois à Antigua et Barbuda, temps de la clearance autorisée, et nous y reviendrons, car nous gardons encore, pour le plaisir, quelques découvertes à faire.

Monter vers le nord à l’époque de la grande transhumance des navigateurs est déjà une belle aventure, mais se retrouver seuls dans les lieux désertés,  redescendre vers le sud et rencontrer « ceux qui restent », révèlent aussi des saveurs toutes particulières. Pour ce billet, plus d’images que d’habitude, je vous laisse donc le plaisir des yeux, et lire les courtes légendes des photos.

Grenn Island à Antigua, côte est

En escapade avec mini Q, mais toujours avec un teeshirt, le soleil tape dur..

Cactus en tous genres...

crabe rouge, non comestible, ici un tout petit, car ils peuvent atteindre plusieurs kilos

de plus en plus rare mais protégées, les tortues terrestres viennent chercher quelques reliefs de repas laissés par des piqueniqueurs.

ici comme ailleurs, la pollution plastique gâche le paysage pour plusieurs générations, et tue oiseaux et tortues.

séance plongée sur la barrière de corail, une splendeur

joli point de vue sur Brows Bay et la côte est depuis un ressort fermé

Absolument seuls sur Green Island, on joue aux Robinson

Ce que l’on retient de ces étapes, ce sont les rencontres avec les locaux : guides, habitants ou pêcheurs, ou des européens, (français ou belges la plupart du temps) venus sous les tropiques s’inventer de nouvelles vies. Cette photo de la dame au chapeau rappelle une rencontre savoureuse. José avait entamé la discussion et elle nous expliquait que ses cochons, en quasi liberté dans la forêt, devait être ramenés le soir à cause des chiens errants qui les attaquent. Moitié créole, moité français, mais comprenant semble-t-il sa maitresse, ce petit cochon n'en perdait pas une miette, peut être même aurait-il donné son avis et participé à l'échange...

Un an de navigation, ce sont aussi les petits soucis qu’il faut résoudre, usures diverses, pannes électriques, Quintet fait l’objet de toute notre attention et l’escale à Pointe à Pitre où les ships sont assez bien fournis, permet de résoudre la plupart des problèmes. On passe beaucoup de temps à gratter les coquillages sous la coque, à graisser ceci ou cela, à réparer ou vérifier voiles et accastillage... C'est la saison des pluies, les paysages secs s'il y a quelques mois laissent place au vert et à l'abondance. Mais l’humidité est une plaie que l’on combat comme on peut, et si placards ou équipets sont régulièrement « dé-moisisurés » (ça se dit ?), les connexions électriques n’aiment pas du tout et génèrent des pannes pas forcément faciles à trouver.

Revenir sur les mouillages connus a un avantage : pas de stress, on sait où ça tient, où ça ne roule pas et mieux encore, où il est possible de capter du wifi. Nous avons testé l’achat d’un réseau Antillais (disponible partout sauf Guadeloupe et Martinique), installé sur certains mouillages, le réseau « hot hot hot », plutôt fiable et de bonne qualité, notamment au Bourg des Saintes, à Portmouth et Roseau en Dominique. Retour en Martinique, bien sûr, plus rien, bienvenu en France… Alors on vole de la connexion comme on peut. (Je ne cherche pas à m'excuser sur le manque de nouvelles pages de Blog, mais quand même...)

C'est la saison des mangues, nous revenons de promenade dans la forêt de Dehaies avec un sac plein.

En route pour les Saintes, ça envoie !

Nos amis Laure et hervé d’Antha Gonist ont profité d’une semaine de vacances pour nous retrouver aux Saintes, où nous profitions depuis quelques jours de la quiétude du village, de belles plongées et cerise sur le gâteau, quelques échanges avec une maman dauphin et sa petite, qui ont décidé depuis la fin de l'année dernière, de tenir leur quartier habituel dans la rade, et jouer avec les baigneurs. Nous avons pu les approcher et nager lentement avec elles, un grand moment d'émotion. D'après les Saintois, il semblerait que madame attende encore un heureux événement et décide encore de rester pour mettre bas, peut être verrons-nous le petit l'an prochain.

Plongées aux Saintes, on fait de drôles de rencontres, comme ce grand poisson bleu "volant". Qui saurait ce que c'est ?

Les guides ne sont pas très complets, et nous aurions aussi aimé avoir quelques explications géologiques sur la formation de ces iles.

Comme je l'avais déjà raconté, les Sainte ont été pendant longtemps une base militaire très disputée. En face du bourg, l'ilet à Cabris (bien nommé car des centaines de cabris ont investit l'ile) permet un panorama quasi circulaire sur les Saintes.

Le fort Joséphine y fut construit au milieu du XIX, mais détruit par un cyclone, il n'en reste que quelques vestiges,

et parmi les vestiges, la prison et son prisonnier d'époque, un monument historique (la prison, pas le prisonnier)

La baie de Pompierre est interdite au mouillage, et c'est bien dommage, mais presque fermée, elle deviendrait vite un piège en cas de mauvais temps.

Un poête a cloué dans les racines de ce figuier étrangleur quelques maximes à méditer

c'est vrai que la quiétude des lieux porte à la méditation et la poésie, mais voici nos amis Hervé et Laure qui arrivent. Quintet et Antha Gonist au mouillage du Bourg des Saintes, avant de partir ensemble pour la Dominique.

la Dominique n'a pas très bonne réputation auprès des navigateurs, mais c'est surtout à cause des trop nombreux boat-boys qui viennent presque agresser les navigateurs dès leur arrivée dans la baie pour leur vendre tout et n'importe quoi. La concurrence est rude, car c'est le premier qui accoste qui remporte le marché potentiel: vendre un circuit, réserver un taxi ou un bus, vendre fruits légumes ou poissons... A cette saison ils sont moins nombreux, et comme nous sommes à deux bateaux, le choix se porte vite sur Albert

Nous avons donc fait avec Hervé et Laure la Rivière Indienne. Il s’agit d’une rivière qui serpente au cœur de la mangrove qui borde le village de Portmouth au nord de la Dominique. C’est une réserve naturelle protégée dans laquelle il est interdit de circuler au moteur, c’est donc à la rame et dans un silence uniquement perturbé par les bruits de la forêt que nous remontons la rivière, tous à fait seuls en cette saison.  Albert, le guide bilingue est intarissable sur la faune et la flore de son pays et le « bar » déniché en pleine forêt était très animé (celui ouvert habituellement aux touristes était fermé).

C’est jour de marché à Portmouth, en fait, quelques marchands ambulants sur les trottoirs du Mickael Douglas Boulevard proposent bananes, ananas, mangues et quelques légumes. Pas grand-chose à voir.

On ne régate pas avec Antha Gonist, qui nous laisse sur place dès la sortie de la baie, 'ya pas à dire, quelques pieds de plus et les navigations seraient plus courtes et plus confortables... Tant pis, nous avons le temps et faisons une escale à Roseau; alors qu'Antha Gonist sera déjà arrivé en Martinique

La réputation de Roseau, qui est la capitale de la Dominique, n'incite pas à nous y arrêter, le mouillage rouleur est épouvantable. Au pied du volcan de la soufrière, les fond tombent à pic. Les locaux ont installé des bouées, enfin, des bouteilles d'eau attachée peut être à quelque chose au fond qui tiendrait une barque, mais peut être pas notre 10 tonnes. Nous refusons la bouée que nous propose un boat boy et trouvons un tout petit espace où mouiller sans se faire virer. Pas de visite à terre cette fois, et pour visiter la Dominique, nous attendrons de revenir chez "les Dominicais belges" du Sun Set Bay Club, où Quintet sera surveillé.

Comme toujours dans les canaux, les traversées des Saintes à Dominique et  Dominique-Martinique ont été musclées, rafales et grains, avec un joli départ au lof de quintet, saisi par l’objectif de Laure à l’arrivée à Portmouth.

La pointe du Bout en Martinique, ou le retour « à la maison », nous y avons nos petites habitudes, les copains, et c’est la fête de la Ri Cha Cha. L’été est, comme en France,  la saison des fêtes votives, des festivals de musique et autres animations de toutes sortes, dont la course des yoles ou le festival de musique de Fort de France. Nous sommes heureux de retrouver un peu de culture et découvrir la culture antillaise, très marquée mais très variée, croisements d'influences multiples. On organise nos mouillages en fonction des concerts jazz ou musique du monde, ou des copains que l’on retrouve ici ou là et on attendra le retour en Europe pour se régaler d'opéra ou de musique classique

Il faut aussi organiser nos mouillages en fonction de la météo, et je me dois de rajouter quelques lignes sur Chantal. Il ne s’agit pas de la dernière Castafiore, ou alors c’est qu’elle chante fort mal et qu’elle a déchainé les éléments. Chantal est la première (et on espère bien la dernière) tempête tropicale de la saison.

Lundi 8 juillet au matin, radio, télés et sites météo confirment l’arrivée  de Chantal sur la Martinique. Annoncée avec des vents de +/- 40 nœuds (env. 80 km/h), elle provoque immédiatement un exode des bateaux du mouillage où nous sommes. Certains, les plus chanceux peut être, ont une place en marina, mais la plupart partent se réfugier dans les différents trous à cyclones du secteur, ainsi que dans une marina en construction, assez sûre (sauf houle car les pylônes sont trop courts, ça nous rappelle Xintia) mais peu protégée des vent de sud est. Parce que Johan, notre copain de Joghor et Cata Créole, nous laisse son solide ( on lui fait confiance) mouillage, nous décidons de rester là, avec trois ou quatre autres voiliers. On enlève tout ce qui peut être enlevé, on assure au mieux et on serre les fesses. Yann, le copain bateau Rochelais nous l’a bien dit : Pendant Chantal tu serres le t… de b… » Quel poète ce Yann !

Mardi 9 juillet, 8h: on prend un petit déjeuner consistant, car comme on ne sait pas à quoi s’attendre, autant prendre de l’énergie. Le temps est assez calme (30 nds) mais couvert. Le baro est à 1010 mais est en chute libre.

9h45, Baro à 1008, vents de NE 40 à 45 nds, ça monte… la radio transmet en direct l’évolution de Chantal, il parait qu’elle est rapide et devrait passer vite au-dessus de nos têtes. Nous ne sommes pas trop inquiets et observons depuis les hublots.

11H, on est dedans depuis une heure, le vent a tourné au sud-est et est à plus de 50 nds. Pendant une rafale, José note 63 à l’anémomètre (Env.120 km/h), la mer fume, la pluie est horizontale, Quintet se couche sous les rafales et tire sur la chaine, pourvu que ça tienne. L’éolienne, que nous aurions dû fixer (mais les vents ne devaient pas être si forts), vibre et surchauffe, on craint qu’elle explose. Certains bateaux derrière nous ont leurs voiles déchirées, et voient leur ancre déraper. Comme on est en première ligne sur ce solide corps-mort, on se persuade qu’on ne craint rien. Impossible de sortir, on écoute la radio et regardons par les hublots et le panneau de descente. Pendant une courte accalmie, José rampe à l'étrave voir si tout va bien....

Les chiffres indiqués sur l'image satellite sont en "nœuds", 55.2 nœuds, c'est bien ce qu'on a ressenti, sans compter les rafales...

12h30, il n’y a plus « que » 30 nds, et à 14h, c’est presque le calme plat, le baro est remonté à 1014, c’est fini, Chantal la pressée est déjà à 60KM au nord-ouest de la Martinique. Nous savons aujourd’hui que trop pressée, elle n’a pas eu le temps de grossir et menacer les iles du nord antillais.

En bilan, nous n'avons pas eu vraiment peur, même si c'était très impressionnant. On s’en est très bien tiré, mieux même que nos copains de la marina qui ont eu quelques dégâts mineurs (chandeliers…) où ceux du Marin qui ont eu la frousse de leur vie avec les bateaux inoccupés ou laissés à l’abandon qui dérivaient et jouaient les bateaux-tamponneurs, les catas qui cassaient leur amarres etc.  comme quoi le dicton, « il vaut mieux être seul que mal accompagné » prend tout son sens. Depuis, entre les escales concerts-tourisme-balades, on explore la mangrove et les trous à cyclones martiniquais pour trouver un ou plusieurs abris sûrs pour notre dériveur, avant de descendre en août vers le sud dès que notre fille Sarah sera arrivée.

A bientôt pour de nouvelles aventures, moins ventées on l’espère.