Sous les tropiques, il ne faut pas être pressé et espérer des horaires fixes. Les formalités d'entrée sur Trinidad et Tobago peuvent prendre une bonne demi-journée, car comme je l'avais dit, pour changer de région sur ces iles, il faut valider départs et arrivées par les customs (douanes), puis l'immigration, ou "l'inverse et réciproquement", car aucun fonctionnaire n'est capable de donner la procédure. Cela peut être différent d'un bateau à l'autre et il est prudent de faire plus de paperasse que nécessaire, d'avoir tous les tampons possibles.

De plus, la télévision omniprésente dans toutes les administrations, banques etc, distrait les employés de leur tâches principales. A Trinidad, nous étions arrivés en plein feuilleton, John allait-il quitter Vanessa ? le suspens était total...Le douanier, l'oeil fixé sur l'écran et le stylo suspendu, ne nous portait aucune attention. Ne pas faire de réflexion désobligeante, ne pas gêner l'angle de vue vers la télé et attendre le dénouement de l'intrigue ou la page de pub, les deux premières qualités du plaisancier sont la patience et la "zenitude". Pas d'inquiétude, les salles d'attente sont souvent équipées de télés ...

A Tobago, la sympathique douanière à qui nous avons demandé les horaires d'ouverture à rit au éclats, le seul horaire indiqué étant ... l'heure de fermeture pendant le déjeuner soit de midi (environ +/- une heure) à 13 heures, mais avec la sieste, le blabla avec les copines, ça peut bien tirer jusque vers 15H, presque l'heure de fermeture  !

Nous prenons donc le rythme de ce tout petit village de pêcheurs très coquet. L'avitaillement a été fait à Scarborought car on ne trouve quasiment rien ici, et lorsqu'il y a arrivage, il ne faut pas tarder. En revanche, le poisson, ou la langouste sont vendus dès l'arrivée du pêcheur sur la plage, à des prix défiant toute concurrence... De petites maisons colorées, quelques écoles maternelles ou primaires des différentes confessions religieuses, églises catholiques, presbytériennes, Saint des Derniers jours et autres, de petit restos locaux, mais aussi un auditorium de 200 places tout neuf où se déroulaient ces jours-ci les réunions publiques pour le développement de la ville, un hôpital, un commissariat et surtout, une bibliothèque très bien fournie où se retrouvent tous les navigateurs en manque de Wifi. Seulement voilà, les horaires d'ouverture sont également élastiques, comme la connexion wifi.

Saison des pluies la bien nommée, le temps est lourd, le ciel couvert, le taux d'humidité avoisine les 80% et les ventilateurs marchent à fond dans le bateau, comme le groupe électrogène qu'on entend ronronner d'un bateau à l'autre. Aucun souci  de carburant, nous sommes au pays de l'essence à 18 centimes d'Euros, voilà aussi pourquoi nous ne croisons que de grosses et belles voitures neuves...La petite communauté de navigateurs (la plupart français) côtoie celle des habitants. Les hommes pêchent Thon, daurades, bonites et poissons locaux qui s'achètent 2euros le Kg, posent les casiers pour les langoustes qu'on négocie pour 8/9 euros le kilo. Si nous n'avons pas envie de faire de la cuisine, on peut toujours manger dans les petits restos locaux des "roti", sorte de crêpes fourrées au poulet, cabris ou poisson, et pommes de terre. Très roboratives mais prix imbattable, à 3 euros env. Restent enfin les incontournables fish and chips, les frites qui s’appellent des french fries .

SPOT fonctionne de nouveau, c'était semble-t-il un problème de piles, vous pouvez donc nous suivre de nouveau. On explore les environs lorsque le temps le permet, les fonds sont intéressants et assez riches en gros poissons mais pas toujours clairs avec les pluies diluviennes de ces derniers jours. De plus, certains jours, de vilaines toute petites méduses très piquantes gâchent un peu la baignade.  Nous partons donc à la chasse (photographique) dans la forêt équatoriale, et je regrette vraiment de n'avoir pas trouvé un livre en français sur la faune et la flore antillaise. Beaucoup de livre anglais, mais mon british n'est pas "encore" suffisamment élaboré pour comprendre les termes techniques. Pour le quotidien ou les escapades, je suis cependant souvent promue "interprète", car il faut bien avouer que les français sont quasi nuls en langues étrangères. Disons qu'on ne doit rien aux américains, qui considèrent que bien sûr, tout l'univers doit parler leur langue... et toc !

Question langue, Trinidad et Tobago garde de délicieux vestiges de la culture française. Des noms de lieux, l'anse fourmi, Louis d'Or, Trois Rivières ou Charlotteville, mais plus curieusement les distances routières, en kilomètres. Deux lycées de Tobago proposent le français, mais c'est surtout l'espagnol qui remporte les suffrages, l'amérique du sud est à portée de vue. Beaucoup de Trinidarien se sont expatriés aux USA et plus encore au Canada pour faire des études supérieures ou travailler, ils reviennent à Tobago où ils ont fait construire de belles villas, pour les vacances ou leur retraite.

Les journées passent très rapidement, comme en vacances. Est-ce-que vous vous ennuyez en vacances ? Réputée totalement à l'abri des cyclones, l'ile est baignée à cette saison par les fortes pluies tropicales et orages, et ce sont ces derniers dont on se méfie. Charlotteville est donc le repaire d'une toute petite  communauté d’irréductibles navigateurs, notamment français, qui passent ici quelques semaines ou quelques mois. Selon les affinités, on se retrouve pour les balades, un déjeuner resto, des parties de cartes acharnées ou les soirées arrosées, et pas seulement par les gros grains qui remplissent d'eau les cuves. Nous nous sommes fait de nouvelles connaissances, des parcours atypiques de baroudeurs du globe.  Enfin, la solidarité joue et des petits coups de main sont apportés  selon les compétences de chacun. José est, comme toujours, bien nommé le monsieur informatique-électronique et résout la plupart des bugs des précieux ordinateurs et autres Ipad.

 La météo est incertaine mais assez calme. Comme toujours, le programme n’est pas défini, seul le retour en métropole est retenu, nous devrons donc être en Martinique mi-novembre. Entre temps, Jordan notre fils vient nous rejoindre pour quelques petits jours entre les Tobagos et la Martinique. On croise les doigts pour que la fin de saison cyclonique ne nous réserve pas de mauvaise surprise. Contrairement au pronostics des météorologues, elle a été plutôt calme. L’arc antillais est traversé par quelques belles dépressions tropicales comme celle que  nous avons subie en Martinique (la vilaine Chantal), mais pas de  cyclone dévastateur.

Cap au nord donc, dans quelques jours.

à bientôt