Nous voici donc au coeur de notre programme de voyage de cette année. Nous étions "montés jusqu'à Antigua et Barbuda avant la saison cyclonique 2013, car nous nous réservions le must des Antilles pour cette année, les Iles Vierges. Une courte escale à Antigua depuis Deshaies en Guadeloupe, nous avions ensuite environ 70 milles à parcourir jusqu'à St Barth. Le programme est le suivant, St Barth où nos amis Jean et Maud de Soun Paradise se sont installés depuis quelques mois, puis St Martin, où nous retrouvons avec surprise et grand plaisir Jean Yves et Josiane sur Yann ar Mor que nous avions connu dans le Fiers d'Ars (le rendez-vous les dériveurs intégraux de l'Ile de Ré), et enfin les Iles Vierges Britaniques. Aux questions que vous pourriez vous poser, nous n'irons pas voir nos cousins d'Amérique au iles vierges du même nom, ce sera peut être un programme futur vers le nord, incluant Porto Rico etc...

Départ avant l'aurore depuis Antigua, une courte houle et mer croisée nous arrose copieusement tout au long de la journée. l'eau est chaude, on pense avec compassion à nos amis Rochelais qui profitent peut être des tous premiers jours de beaux temps, mais emmitouflés et frigorifiés.

St Barth : "L'ile par excellence, a choisi de préserver ses beautés pour ceux qui ont le privilège de pouvoir se les offrir." Ce n'est pas moi qui le dit mais toutes le publicités luxueuses qui sont offertes sur papier glacé.

Il serait réducteur de qualifier cette toute petite ile entièrement dédiée au tourisme de luxe, mais ce moteur économique est récent. Ce n'est qu'en 1946 qu'un avion se pose sur un rudimentaire aérodrome, puis vers 1960 les premiers collèges, à partir de 1980 une centrale électrique puis une usine de désalinisation. L'ile prend alors sont essor, comprenant que développement et protection de l'environnement est gage de réussite économique. De 2500 habitants en 1974, l'ile compte maintenant près de 9000 habitants. Le revers de la médaille, la difficulté pour les petits et moyens salaires de se loger. Si les immenses et luxueuses villas sont nombreuses et se louent jusqu'à 25000 dollars (la semaine !), il est impossible de trouver une chambre pour moins de 1000 euros le mois. Nos amis Jean et Maud se sont installés à St Barth, et vivent sur leur grand cata. Le travail ne manque pas, Jean a rapidement trouvé un emploi et Maud, qui est coiffeuse, est maintenant sollicitée pas des riches américaines qui veulent se faire coiffer chez elles.

Que retenir de St Barth ? Un choc culturel par rapport aux iles antillaises. Nous sommes incontestablement en europe, même si l'on ne voit plus aujourd'hui les bretonnes et normandes qui portaient parait-il encore leur coiffes traditionnelles il y a une vingtaine d'année. C'est l'histoire de cette ile qui explique sans doute cette caractéristique. Sans eau et si petite (24 Km²), elle n'a jamais pu développer les cultures nécessitant une nombreuse main d’œuvre venue d’Afrique, la population est donc issue des Français ou Suédois qui se sont tour à tour, assez pacifiquement,  disputés l'ile jusqu'en 1878. Le Roi Oscar II de Suède, alors bien embarrassé par cette ile qui ne lui rapporte plus que des tracas et lui coûte cher, décide finalement de la rétrocéder à la France.  Il ne pouvait imaginer qu'un siècle plus tard, cette collectivité d'outre mer (depuis 2007) deviendrait le paradis des plus grosses fortunes de la planète.

Peu de mouillages protégés autour de cette ile, le port de Gustavia est réservé aux grands yachts, et les rares places sur corps-mort pour des bateaux comme Quintet sont hors de prix pendant la saison touristique, de novembre à mai. Reste le magnifique mouillage de Colombier, isolé et préservé.

La chance de retrouver nos amis Jean et Maud, nous avons profité de leur voiture pour explorer l'ile de fond en comble, les criques et des plages naturellement, mais si on peut regarder au dessus de quelques clôtures, de magnifiques et luxueuses villas avec piscine à débordement, évidement !

L’atterrissage d'un avion est une attraction, car il doit "piquer" droit vers la courte piste, sous le regard de l'Arawak, symbole de l'âme de st Barth. Avec le Lambi, il fait entendre le cri de la nature, à ses pieds, le pélican, symbole de l'ile évoque l'air et la survie par la pêche.

Pas de grandes promenades sous le soleil sans avoir besoin de se rafraîchir. Enfin, c'est un alibi pour jouer les gourmands ...

Le mouillage de Colombier au coucher du soleil.

et toujours vérifier la tenue de l'ancre, ou prétexte à jouer la sirène avec mes nouvelles palmes.

visite du port de Gustavia, nous nous sommes mis sur notre 31. De beaux yachts, mais nous aimerions pouvoir revenir lors d'une des régates annuelles qui rassemble alors les plus belles unités de la planète. Si le vent nous le permet au retour de Vierges, ce qui est rare, nous pourrions alors assister mi avril aux célèbres "voiles de St Barth". On verra ...

Tout est possible avec les dollars, ainsi, nous croisons un yacht sur lequel deux amoureux se jurent fidélité pour la vie. A l'américaine, l'équipage, comme les invités sont habillés de blanc, le bateau est décoré de fleurs, et ce n'est pas le tournage d'une sitcom... Nous assisterons ainsi à plusieurs mariages

Vivons heureux, vivons cachés, les grandes fortunes n'étalent pas leur intimité. Jean qui travaille pour l'entretien des équipements de ces maisons avec domotique dernier cri, nous raconte ce qui peut nous sembler totalement fou. Nous avons vu la misère de certaines iles plus au sud, nous touchons de l'objectif l'image de la démesure.

Le côté au vent de l'ile est aride, reste encore quelques murets de pierre qui délimitait autrefois les cultures.

Les cimetières sont éternellement très fleuris, de fleurs en plastiques colorées. Si on a a curiosité de découvrir les habitants des lieux, se côtoient en effet Suédois et Français, les tombes très entretenues et peintes en blanc portent encore des dates du XVIII et XIX siècle.

Le moindre détritus est traqué, les habitants sont éduqués dès leur plus jeune age à respecter leur ile, des initiatives sont portées par les écoles, comme ces "cendriers", que l'on trouve à chaque entrée de plage. C'est tout simple, des canettes vides qui servent de cendriers et l'on ne trouve plus de mégots sur le sable. Une autre et excellente motivation pour les Saintbartais, trier les déchets alimente l'usine de dessalement de l'eau. Et oui, il n'y a pas d'eau sur l'ile, après les citernes qui permettaient tout juste aux habitants de ne pas mourir de soif, la construction de l'usine de dessalement à boosté l'économie. Outre le confort de l'eau à profusion, il n'est en effet pas envisageable, pour les riches touristes, de ne pas avoir de piscine, de jacuzzi, et tout le confort lié à l'eau douce.

Grandes Salines

le coton, dont il reste encore quelques plants oubliés

et toujours les magnifiques baignades dans les baignoires naturelles

Le carnaval de St Barth est l'un des plus sympas que nous ayons vu aux antilles, très familial et bon enfant. Quelques chars, sans grande prétention il faut bien l'avouer, mais l'intérêt est plutôt dans les costumes que revêtent les habitants, juste pour le plaisir. Certains ont vraiment de l'imagination, des familles entières avec poussettes, des vieux couples, des jeunes filles bien chair et sans complexe...

Une mention spéciale pour ma Sarah, les pâtissiers et boulangers de St Barth s'étaient créés leurs propres costumes, avec croissants et brioches, ainsi que le "meilleur ouvrier de france" avec son pain aux raisins en médaillon.

même les enfants ont droit à leur carnaval, et notre petit ami Malo n'est pas en reste. Un peu fatigué, il profite des épaules de "Zozé".

Ces Saintbartais-là, so-british, très sérieusement descendus de leur yacht amarré à quai, ont déambulé un verre de cocktail à la main, sans complexe et très drôles .. Je rassure les prudes, ils ne sont pas "à poils" mais portent des teeshirts à formes.

Si l'ile a souffert de cyclones, incendies et autres dévastations, il reste encore un patrimoine très intéressante, mélange d'une architecture nord européenne mâtinée d'Antilles. L'église anglicane date de 1855.

La maison en bois, au premier plan est l'une des rares à avoir résisté aux cyclones qui sévissent souvent à St Barth, Contrairement aux constructions de ce type, elle n'a pas de rez-de-chaussée en pierre. La maison en brique a été construite en 1841, est l'une des plus élégantes. Les propriétaires vivaient à l'étage, le rez-de-chaussée était utilisé pour le commerce ou espace de stockage. La pierre étant plus coûteuse que le bois, c'était un moyen de montrer sa richesse.

St Barth la belle, nous la quittons sans avoir encore tout découvert. Mais nous ne pouvons partir vers St Martin sans avoir fait escale à l'un des parcs naturels de St Barth. En effet, St Barth à désormais interdit la plupart de ses mouillages qui sont classés parcs marins. Une contrainte, mais des merveilles qui se méritent. Sur Fourchue, l'ilot 3 milles à l'ouest de St Barth, il est possible de mouiller sur les bouées installés par le parc naturel. Couleurs à couper le souffle, rouges volcaniques, bleu de l'océan, nous avons une vue à 360° pour un coucher de soleil inoubliable.

Direction ouest, St Martin puis les Iles Vierges Britaniques, à bientôt !!

Et si vous voulez en voir plus, visitez le site de nos amis Jean Yves et Josiane, en suivant le lien Yann ar Mor à gauche de la page.

A bientôt !!!