Après St Barth, découvrir St Martin sa grande voisine (elles ne sont séparées que de 13 miles) est un peu décevant. C’ est le paradis du tourisme de masse, les duty free mais, aspect plus positif, les chantiers navals les plus achalandés et les moins chers de l’arc antillais. Par ailleurs, si nous n’avons jamais été inquiétés, voir les policiers patrouiller côté français en gilet pare­-balles peut rendre paranoïaque. Autre surprise, et bien que l’ile soit le plus petit territoire au monde dépendant de deux pays, la France, et la Hollande, on n’y parle quasiment que… l’anglais.

La légende raconte en effet que la frontière fut tracée en 1648 à l’occasion d’une course à pieds autour de l’ile, entre un français vers le nord et un hollandais vers le sud. Le français couvrit plus de distance, donnant ainsi les 3/5è de l’ile à la France.

L’exploitation des salines par les hollandais, et la culture du coton par les français se développa jusqu’à l’abolition de l’esclavage, et il fallut attendre les années 1960 pour que l’économie de l’ile retrouve son dynamisme, grâce au tourisme et à la création d’un aéroport international côté hollandais. Mais l'Amérique est à deux pas, disons quelques miles marins, les liaisons aériennes quotidiennes et assez peu chères, je dois peut être américaniser mon accent un peu trop "franco-british".

La côte hollandaise est en grande partie exposée au vent, il n’y a donc que peu de mouillages, le plus grand étant celui de Philipsburg, la capitale, plutôt rouleur et situé en face d’une immense plage où se prélassent les touristes descendus des paquebots tout proches. Nous y ferons deux incursions, une  première fois avec nos amis Jean et Maud, lors d’un tour de l’ile avec leur cata express Soun Paradise ; et une deuxième fois lors d’une mémorable journée shopping avec Jean-Yves et Josiane.

Nous avions rencontré voici trois ans ce duo sympathique dans le Fiers d’Ars, échoués comme nous sur le banc de sable de la Patache. Ils étaient sur le départ, nous en rêvions encore. Nous avons toujours suivi le voyage de Yann ar Mor (il y a du Breton là-dedans), et ils ont suivi le nôtre sans que nous n’ayons encore réussi à nous retrouver. Leur site est maintenant en lien à gauche de cette page.

 

     

Philipsburg est consacrée au shopping duty free, entendez par là que les prix s’entendent hors taxes, avec des remises allant jusqu’à 70%. Du moins, c’est ce qui est vendu au chaland peu averti, il est plus que prudent de se renseigner avant,  du prix de l’achat que l’on souhaite faire, et de négocier durement.  José est un as à ce jeu, mais il constatera que de l’affaire du siècle qu’il avait pensé faire, il n’aura négocié qu’un prix 15 à 20% en dessous des prix Fnac, ce qui n’est déjà pas si mal. Il n’empêche, nous avons un nouveau jouet, pour notre plus grand plaisir, et le vôtre puisqu’il s’agit d’un appareil photo waterproof, on va enfin, dans le prochain billet sur les iles Vierges, pouvoir vous faire partager les merveilles sous-marines.

Marigot la capitale française, semble endormie, écrasée par le soleil mais plus sûrement par sa voisine hollandaise, pour les raisons invoquée plus haut. Toutefois, si l'on sait regarder, il y a bien de l'intérêt. Les ruines du fort n'a d'intérêt que pour la vue panoramique qu'elle offre, mais la ville en contre-bas possède encore quelques jolies maisons à l'architecture créole-hollandaise. De cette enfilade de maisons, seule celle-ci est mise en valeur, construite en 1847 et restaurée en 1997, elle a servi de mairie jusqu'en 1947, et sert aujourd'hui d'écrin à la galerie d'un peintre. Dommage, car ces maisons sont situées sur l'avenue principale de Marigot.

 

Des hauteurs, nous voyons Saba, petite cône volcanique, qui se fait discrète dans le paysage, et sait se mériter. Il n'y qu'un mouillage très mauvais, les fonds tombent dans des abîmes ne permettant pas de mouiller, ni aux paquebots, et pas facilement aux plaisanciers. Elle reste donc quasiment vierge et est, parait-il un paradis de randonnée dans les pentes du volcan couvertes de forêts primaires et plongées à découvrir. Pour nous, ce ne sera pas pour cette fois-ci

Nous sommes arrivés un mardi à Grand Case, la deuxième ville la plus importante côté Français, et le mardi, c’est thuesday night (sic). La rue principale est rendue piétonne et une multitude de chalands propose du « french créole food », et de l’artisanat. Hormis cette  attraction, la ville est décevante, laissée à l’abandon et sale, seules quelques rares maisons créoles sont restaurées et sont aujourd’hui des « french restaurant » plutôt bien, en tout cas les prix le sont.

Finalement, mais peut être devenons-nous très difficile, St Martin, côté français, de nous laisse pas un souvenir impérissable, c’est sympa, une excellente escale pour les besoins technique du bateau. (Nous passerons d’ailleurs quelques heures dans les shiplanders ; le littoral est beau et il y a de gros efforts de fait pour essayer de le préserver, notamment par la création des réserves naturelles. Ayant vu cela, nous n’avions pas très envie de louer une voiture pour visiter l’intérieur de l’ile.  Si l’urbanisme semble un peu mieux maitrisé côté Hollandais, il est visiblement resté anarchique côté français, quelques belles réalisations récentes et d'autres plus anciennes nous rappelant le pire que nous ayons vu aux Canaries. Côté écologie, il est toujours dommage de constater que malgré les campagnes de sensibilisation, l’incivilité ou l’indifférence prédomine cependant. Nous avons rencontré la responsable de la réserve de l’Ilet Pinel. Cette biologiste marin défend seule,avec des finances limitées, le plateau corallien mis à mal pendant des années de sur-fréquentation. A quelques mètres de là, un groupe d’anglo-saxons boivent des bières, les pieds dans l’eau, jetant leurs mégots par-dessus leurs épaules….

   

Bien que nous ayons gagné au moins une heure de soleil en gagnant de la latitude, les journées sont toujours aussi courtes, entre balades, randonnées terrestres ou aquatiques, rencontres, et soirées entre copains...

Et si le soir on se fait pomponner

le matin il faut bosser

au mat se cramponner

au winch mouliner

au wifi converser, travailler, la feuille d'impôts préparer...

les vacances, se les mériter ...

Maintenant, le point d’orgue de cette année de navigations antillaises, les Iles Vierges Britanniques, appelées BVI (British Virgin Islands), munis comme il se doit, du dictionnaire de la faune aquatique que nous connaissons presque par coeur....

A l’heure où je mets en ligne ce billet, nous y sommes, et tous les superlatifs ne manqueront pas pour vous décrire ce paradis.